La jeune architecte a remporté le premier prix, doté de 25 000 Usd, pour son projet abordant, à différentes échelles, l’organisation urbaine d’un quartier de Kampala, afin de favoriser les interactions sociales et la vitalité économique. Elle a été primée le 17 juin dans la catégorie « Moyen-Orient et Afrique », où figuraient également des projets en provenance de la Jordanie, de la Sierra Leone et de l’Irak.
Créées en 2003, les LafargeHolcim Awards sont le plus important concours international pour l’architecture durable. Objectif : sensibiliser au rôle important que l’architecture, l’ingénierie, l’urbanisme et l’industrie du bâtiment jouent dans la réalisation d’un avenir plus durable. Les prix sont disputés dans cinq régions du monde et deux catégories distinctes : une catégorie dite « principale », qui concerne des projets déjà prêts pour leur mise en œuvre, et une catégorie « Next Generation », ouverte aux participants de moins de 30 ans et qui récompense des concepts visionnaires et les idées audacieuses des jeunes professionnels et étudiants en architecture.
L’annonce des résultats dans la catégorie « Next Generation » marque le début de la remise des récompenses pour les LafargeHolcim Awards 2021. Les projets et lauréats de l’autre catégorie du concours seront mis à l’honneur lors d’un événement « hybride », dans le cadre de la Biennale internationale d’architecture de Venise, à la mi-novembre.
La moitié environ des 4 742 candidatures reçues, indiquent les organisateurs, concernaient la catégorie « Next Generation ». Un peu plus de la moitié d’entre elles ont passé le stade des présélections avant d’être évaluées par l’un des cinq jurys d’experts indépendants. Les présidents des jurys étaient cette année Jeannette Kuo (Europe), Reed Kroloff (Amérique du Nord), Loreta Castro Reguera (Amérique latine), Mariam Kamara (Afrique et Moyen-Orient) et Nirmal Kishnani (Asie-Pacifique). Ces architectes, explique-t-on, de renom ont été enthousiasmés par la grande qualité des projets. La Suissesse Marilyne Andersen qui, en tant que présidente du Comité académique de la Fondation LafargeHolcim, participe aux cinq jurys régionaux, a déclaré : « La nouvelle génération aborde souvent les problèmes posés sous l’angle d’une intervention ponctuelle. Cette forme d’action localisée peut faire changer les choses là où elle s’applique, mais aussi à un niveau beaucoup plus global. En agissant à petite échelle, la génération de demain voit néanmoins les choses en grand ».
favoriser l’interaction sociale et la vitalité économique au quartier Muyenga-Namuwongo
Le projet de Priscilla Namwanje vise à favoriser l’interaction sociale et la vitalité économique dans un quartier de Kampala, capitale de l’Ouganda. Kampala, explique-t-on, souffre d’une fragmentation territoriale, sociale et économique. Le quartier Muyenga-Namuwongo, où les communautés à revenu élevé et à faible revenu se font face sans aucune interaction, est un exemple frappant de cette condition. L’objectif du projet est de combler ces lacunes par la création d’un système défini par un réseau d’interventions ponctuelles et transversales, permettant aux personnes des différentes parties du quartier de se connecter. Ce système, fait-on savoir, se compose de « points », qui renvoient à des espaces sociaux et publics répartis de manière stratégique et équitable dans le quartier, reliés par des « liens » comprenant des infrastructures piétonnières et de transport améliorées. Des ponts colorés, des pistes de jogging, des marchés alimentaires, des arrêts de train, des jardins urbains et des installations culturelles et récréatives, indique-t-on, sont tous des éléments de conception déployés pour transformer le quartier d’un espace gris/froid en un quartier vert/social avec un meilleur sentiment d’appartenance. Les terrains non aménagés, explique-t-on, sont convertis en espaces publics ouverts qui accueillent des activités économiques informelles, stimulant la création de synergies entre les secteurs dans différentes parties de la ville et encourageant la création d’une économie circulaire. Les populations locales, précise-t-on, sont impliquées tout au long de la mise en œuvre du projet en tant que co-créateurs et « conservateurs » – avec les autorités municipales – de cette communauté améliorée résiliente et durable.
Améliorer l’infrastructure et renforcer la cohésion sociale
« La co-création est un outil pour résoudre le problème de la fragmentation des communautés, pas seulement au sens spatial mais aussi en termes de politique », a déclaré Priscilla Namwanje . Le jury, indique-t-on, a été fasciné par l’approche optimiste pour transformer un quartier très fragmenté en un environnement attractif. Le projet, selon le jury, améliore l’infrastructure, renforce la cohésion sociale et peut être facilement transféré à d’autres endroits. « Nous avons aimé que le projet fasse le lien entre une réponse intrinsèquement urbaine et une échelle humaine très localisée. Cela montre une profonde conscience de comment nous vivons et comment nous voulons vivre », a déclaré Marilyne Andersen, une des membres du jury.
Priscilla Namwanje effectue actuellement son Master en architecture, urbanisme et sciences du bâtiment à l’université de technologie de Delft, plus connue sous le nom de TU Delft, la plus importante université publique des Pays-Bas. Selon la jeune architecte, TU Delft offre le meilleur programme d’urbanisme au monde.
Priscilla Namwanje a obtenu sa Licence en architecture à l’université Makerere, la plus grande université d’Ouganda, mais a passé la plupart de son temps après l’école à faire des recherches sur les quartiers informels et à participer à des MOOC (cours en ligne ouverts et massifs). Ce qui a guidé son choix de se spécialiser dans la filière Urbanisme.