Botswana : Bogolo Kenewendo, 37 ans, nommée ministre des mines et de l’énergie

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Le Botswana, terre des diamants et d’autres pierres précieuses, entre dans une nouvelle ère de son histoire minière avec la nomination, ce jeudi 14 novembre par le président Duma Boko, de Bogolo Kenewendo au poste de ministre des mines et de l’énergie, pour incarner le renouveau minier du pays.

Ancienne ministre de l’investissement, du commerce et de l’industrie, à l’âge de 30 ans, Bogolo Kenewendo est déjà bien connue pour ses réformes audacieuses qui ont marqué le secteur privé botswanais et ouvert la voie à une économie plus moderne et inclusive.

Experte en diplomatie économique, dont la carrière de 15 ans s’étend sur des domaines tels que le commerce et l’investissement, la finance et le développement, ainsi que les politiques publiques, elle avait fondé et dirigeait Kenewendo Advisory, une société privée de conseil spécialisée en économie et développement, basée au Botswana.

Femme de convictions et d’expérience, Bogolo Kenewendo revient aujourd’hui sur la scène politique avec un défi immense : faire rayonner le potentiel minier du Botswana, cœur battant de l’économie du pays. Bien avant sa nomination comme ministre des mines et de l’énergie, elle avait été nommée députée par le président Boko et son mandat a été validé par l’Assemblée nationale le 6 novembre.

Au cœur de sa mission, Bogolo Kenewendo porte le défi immense de redéfinir les relations entre le Botswana et De Beers, le géant mondial de l’industrie des pierres précieuses. Ces dernières représentent la majeure partie des recettes de l’État au Botswana qui est le premier producteur mondial de diamants brut en termes de valeur. Récemment, les ventes mondiales de diamants ont été affectées par la surabondance de l’offre, la faible demande du marché chinois, qui est crucial, et la pression exercée par les diamants produits en laboratoire.

Presque toutes les pierres précieuses extraites du Botswana sont exploitées par Debswana, une coentreprise détenue à parts égales par le gouvernement botswanais et De Beers, filiale d’Anglo American Plc. Début novembre, le nouveau président du Botswana, Duma Boko, a exprimé son désir de conclure rapidement les négociations en vue d’un nouveau pacte de vente avec De Beers. En juillet 2024, sous l’administration précédente, un accord avait été conclu entre la multinationale et le gouvernement, portant sur une révision progressive des parts du gouvernement dans les diamants produits par Debswana. Selon cet accord, la part du gouvernement dans la coentreprise augmenterait progressivement pour atteindre 50 % au cours des 10 prochaines années. Actuellement, Debswana vend 75 % de sa production à De Beers.

Un leadership pour un avenir minier prospère

Ce n’est pas la première fois que Bogolo Kenewendo bouleverse les normes de la scène politique au Botswana. À 30 ans, elle avait déjà marqué l’histoire en devenant la plus jeune ministre de son pays et d’Afrique, la propulsant parmi les leaders les plus influents du continent. Forte d’un parcours impressionnant, qui inclut un Master en économie internationale de l’université du Sussex, une formation continue en leadership mondial et politiques publiques pour le 21e siècle (Analyse des politiques publiques) de la Harvard Business School, et une expertise en investissements, elle a été plusieurs fois reconnue parmi les leaders les plus influents du continent. Son passage au ministère du commerce et de l’industrie a permis d’introduire des réformes décisives, renforçant ainsi le climat des affaires au Botswana. Parmi ces initiatives, elle a permis de réduire de 49 à 7 jours le délai de création d’une entreprise grâce à un système d’enregistrement en ligne, simplifié les exigences en matière de licences, lancé une stratégie d’économie numérique et favorisé le développement d’un écosystème de commerce électronique. Elle a également instauré un programme de développement des fournisseurs pour intégrer les PME aux chaînes de valeur, ce qui a permis une hausse des investissements directs étrangers en un an, dépassant les prévisions pour les cinq années précédentes. En outre, elle a supervisé 11 entreprises publiques, dont une dédiée au financement du développement, représentant ainsi les intérêts de l’État.

Leader internationale

Sur le plan international, elle a présidé d’importantes négociations commerciales, en tant que présidente du Conseil des ministres du commerce de l’Union douanière de l’Afrique australe (SACU). Elle a joué un rôle central dans des accords stratégiques tels que l’Accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne, l’accord post-Brexit avec le Royaume-Uni, ainsi que la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

Plus récemment, Bogolo Kenewendo a orienté son expertise vers l’action climatique en Afrique, en conseillant les champions de haut niveau des Nations Unies pour le climat. Grâce à des partenariats stratégiques, elle a contribué à l’élaboration d’un portefeuille de projets climatiques des Nations Unies d’une valeur de 20 milliards de dollars. Ce travail a mené à la création de plusieurs initiatives, dont l’African Carbon Market Initiative, le Groupe de travail pour le financement souverain de la nature et du climat, l’Alliance africaine pour l’hydrogène vert, ainsi que la Facilité africaine d’assurance contre les risques climatiques pour l’adaptation. Ces initiatives incarnent sa vision d’un avenir résilient, où le développement durable est au cœur des priorités de l’Afrique et des pays émergents.

Membre de divers conseils d’administration

Par ailleurs, Bogolo Kenewendo occupe des postes stratégiques au sein de divers conseils d’administration, tant dans le secteur privé que philanthropique. Elle est notamment présidente du Conseil d’administration de la Bank Gaborone et membre indépendante du conseil de l’Africa Free Trade Area Adjustment Fund Corporation ainsi que de l’Africa Center for Economic Transformation.

En parallèle de ses engagements dans le monde des affaires, elle a également joué un rôle clé dans de nombreuses initiatives internationales. A cet effet, elle a siégé au Conseil consultatif du G7 sur l’égalité des sexes, au Groupe de haut niveau sur la coopération numérique du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, et au Groupe consultatif sur l’architecture de l’égalité des sexes des Nations Unies. Elle est aussi une membre influente du Groupe sur le financement du développement.

En tant que membre du Forum économique mondial, elle fait partie du groupe consultatif sur le commerce ainsi que du Global Future Council on Global Public Goods in the Fourth Industrial Revolution. En reconnaissance de son leadership, elle a été honorée du titre de Young Global Leader du Forum économique mondial. Par ailleurs, elle est boursière non résidente au Center for Global Development, contribuant ainsi à l’élaboration de solutions innovantes pour le développement mondial et la réduction de la pauvreté.

Elle est régulièrement classée parmi les personnalités les plus influentes d’Afrique par de nombreuses publications internationales. En 2022, elle a été reconnue par le prestigieux magazine Time comme l’une des 100 personnalités les plus influentes du monde, celles qui façonnent l’avenir et définissent la prochaine génération de leaders.

Patrick Ndungidi
Journaliste et Storyteller
https://africanshapers.com

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