Esther Cecil Maruma, 38 ans, nouvelle Directrice générale de Bank of Africa Tanzanie

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Banquière chevronnée, avec plus de 17 ans d’expérience dans les services financiers, sa nomination est effective depuis le 6 mai dernier. Avant cela, Esther Cecil Maruma était directrice des marchés mondiaux au sein de la banque institutionnelle et d’investissement chez Absa Bank Tanzanie (Ex Barclays Bank). 

Bank of Africa Tanzanie fait partie du groupe BMCE, opérationnel dans 18 pays en Afrique : le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, la Côte d’Ivoire, Djibouti, la RDC, l’Ethiopie, la France, le Ghana, le Kenya, Madagascar, le Mali, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie, le Togo et l’Ouganda. C’est depuis 2010 que le groupe Bank of Africa, dont le siège est à Dakar, est détenu majoritairement par BMCE Bank, la deuxième plus grande banque privée au Maroc.

A son nouveau poste, Esther Cecil Maruma est responsable de l’orientation stratégique de Bank Of Africa Tanzanie, de la supervision des opérations de la banque et de sa réussite financière. La nouvelle directrice générale est experte en planification et exécution stratégiques, gestion financière, gestion des risques, gestion de l’expérience client, développement des équipes ainsi que dans l’autonomisation des femmes et le plaidoyer en faveur de la diversité.

La nouvelle directrice générale en compagnie du président du Conseil d’administration, Nehemiah Kyando Mchechu  © Bank of Africa Tanzanie

Titulaire d’une licence en sciences de l’environnement et en gestion de l’université d’agriculture de Sokoine (Tanzanie) et MBA (Master of business administration) en finances, obtenu à l’institut de gestion de l’Afrique de l’Est et australe (ESAMI), Esther Cecil Maruma a travaillé chez Absa pendant 15 ans, de 2009 à 2024 et y a occupé plusieurs postes notamment trésorière national et responsable des marchés ; vice-présidente : Responsable des marchés Corporate et banque institutionnelle ; directrice nationale des marchés et directrice de la banque d’entreprise ainsi que directrice des marchés mondiaux au sein de la banque institutionnelle et d’investissement, poste qu’elle occupait avant sa nomination comme directrice générale de Bank of Africa Tanzanie.

Esther Cecil Maruma a débuté sa carrière en 2008 chez Stanbic Bank Tanzanie comme courtière en trésorerie sur les marchés mondiaux. En effet, la banquière s’est lancée très jeune dans le trading , un domaine de la finance qui a longtemps été considéré comme réservé aux hommes. Mais, elle a su réussir dans ce secteur.

Une carrière débutée par nécessité

La carrière d’Esther Cecil Maruma dans la finance a commencé par nécessité. Après avoir étudié les sciences de l’environnement et la gestion à l’université d’agriculture de Sokoine à Morogoro , en Tanzanie, la banque ne faisait pas partie de son plan de carrière. Cependant, au cours de sa dernière année d’université, elle est tombée enceinte de son premier enfant. « Mes parents voulaient que je reste avec eux à Moshi jusqu’à ce que ma fille ait au moins un an, mais je craignais de ne jamais quitter la maison si je ne commençais pas à travailler immédiatement », a-t-elle indiqué dans une publication de la Banque mondiale publié en 2021 et intitulé « Les femmes tanzaniennes à la tête des services financiers : Un examen de l’égalité des genres dans le secteur des services financiers en Tanzanie ».

Esther Cecil Maruma a donc cherché des opportunités à Dar es Salaam, et elle est tombée sur une annonce pour un programme de formation de diplômés à la Stanbic Bank Tanzanie.  Près de 400 personnes ont posé leur candidature et Esther Cecil Maruma a été l’une des quatre candidates sélectionnées. C’est ainsi qu’elle s’est installée à Dar es Salaam avec sa fille et une nounou.

Le programme de formation de Stanbic prévoyait des rotations dans tous les départements de la banque afin d’apprendre les différentes fonctions de la banque de détail et de la banque d’affaires. La troisième rotation d’Esther Maruma s’est déroulée au sein du département Global Markets, où elle a travaillé de longues heures, terminant méticuleusement le rapport quotidien de négociation . « Au début, cela m’a pris du temps, car je voulais être prête au cas où quelqu’un me poserait des questions. Mais au fil du temps, à mesure que je comprenais mieux, j’ai transformé le rapport quotidien, qui n’était qu’un suivi des transactions, en un rapport qui couvrait également la productivité et les performances de l’équipe. Lorsque le moment est venu pour moi d’occuper un poste à temps plein, j’en savais tellement sur la négociation que j’ai pu commencer tout de suite », a-t-elle expliqué dans le document de la Banque mondiale.

© Bank of Africa Tanzanie

Stratégie pour progresser dans sa carrière

Les efforts et l’initiative d’Esther, indique-t-on, ont été des facteurs clés dans la réussite de sa carrière et, au fil des ans, elle est devenue très stratégique en ce qui concerne la progression de sa carrière. « Mon succès vient du fait que je réfléchis au rôle que je veux occuper ensuite, aux compétences nécessaires et à ce que je dois apprendre pour y parvenir. Avec le temps, le travail en réseau est devenu un facteur supplémentaire, mais au début, il s’agissait de connaître le poste que je voulais et de devenir compétitive pour l’obtenir. Pour ce faire, j’ai parlé à des personnes qui occupaient les fonctions que je souhaitais, je les ai suivies et je leur ai demandé de me coacher. Ainsi, lorsqu’une place se libérait, tout le monde me voyait déjà arriver. En fait, j’ai créé un plan de succession naturel qui était clair pour tout le monde », a déclaré la banquière. Et de poursuivre « Certains diront que j’ai eu de la chance que des postes se soient libérés, mais je crois qu’il faut bien se préparer à ce que l’on veut. On ne peut pas se contenter de vouloir quelque chose à distance. Je souscris à la devise suivante : « La chance, c’est l’opportunité qui rencontre la préparation ». Il n’y avait pas d’autre moyen pour une fille sans nom comme moi, originaire de Moshi, de réussir ».

L’argent n’est pas critère pour accepter une promotion

En matière de rémunération, Esther Cecil Maruma évoque les avantages d’être dans le secteur des marchés mondiaux. « Le trading est très transactionnel, ce qui permet de savoir où l’on en est et de défendre une rémunération basée sur la performance. Au fil du temps, lorsque je suis passée d’un rôle de négociatrice à un rôle de superviseur en tant que responsable des marchés mondiaux, la valeur de ma contribution a inclus ma capacité à gérer des personnes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de mon équipe ».

Aujourd’hui, l’argent n’est pas la seule motivation d’Esther lorsqu’elle envisage de nouvelles opportunités. « Pour moi, il y a deux facteurs : le fait que le poste soit une promotion, avec des responsabilités supplémentaires stimulantes qui correspondent à mon développement, et le fait que l’organisation et ses valeurs soient alignées sur les miennes », explique la banquière.

© Bank of Africa Tanzanie

Les femmes jouent multiples rôles en dehors du travail

Même si le secteur financier reste encore dominé par les hommes, Esther Maruma n’a jamais laissé son genre être un obstacle à sa carrière. « Je ne crois pas qu’une femme puisse essayer d’agir comme un homme dans le monde des affaires. Nous sommes différents, et c’est dans ces différences que résident nos atouts, nos forces et nos capacités, qui sont tous essentiels à la réussite d’une organisation ».

Mais, indique-t-on, lorsqu’Esther Maruma considère les expériences d’autres femmes dans le secteur financier, elle reconnaît que les plus grands défis à relever pour réussir sont les multiples rôles que les femmes jouent en dehors du lieu de travail, en tant que mères, épouses, soignantes de parents âgés et membres de la communauté. Mère célibataire de deux enfants, Esther Maruma, fait-on savoir, assume la plupart de ces rôles, qu’elle gère en s’appuyant sur ses compétences en matière de gestion des ressources, de budgétisation et de commerce. « ‘ai une équipe de personnes incroyables autour de moi au travail et à la maison, et j’ai un plan d’urgence pour mon équipe si les choses tournent mal. J’ai du personnel de maison, sur lequel je compte pour la garde quotidienne des enfants, l’entretien ménager de base et les courses. J’ai également mon meilleur ami qui peut me remplacer lorsque je suis à l’étranger pour le travail. Les seules choses que je n’externalise pas sont les devoirs, la discipline et la lecture au coucher ; même lorsque je suis en voyage, ce sont des tâches qui incombent à la maman. En plus de mon « village » d’employés et de proches, j’ai des relations avec des fournisseurs clés comme le gaz de cuisine et les fournisseurs de produits agricoles qui livrent. De plus, si le système devait tomber en panne, je quitterais mon travail pour être là, et mes collègues et mes patrons me soutiennent dans cette démarche. En bref, j’ai accepté le fait que je ne peux pas y arriver seule. Je ne peux pas être partout à la fois, et à partir du moment où j’ai cessé de me sentir coupable, j’ai fait de meilleurs choix. Lorsque vous êtes entourée de personnes qui comprennent la valeur de votre sacrifice, elles vous permettent de donner le meilleur de vous-même au travail et à la maison. Je prie pour que chaque femme bénéficie d’un tel soutien », a-t-elle expliqué à la Banque mondiale.

Patrick Ndungidi
Journaliste et Storyteller
https://africanshapers.com

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