En 2021, le Belge Jean-Pierre Latere, originaire de la République Démocratique du Congo, fonde EsoBiotec, une entreprise visionnaire qui réinvente la thérapie cellulaire in vivo pour rendre les traitements du cancer à la fois plus accessibles et plus puissants. Cette innovation révolutionnaire capte désormais l’attention d’AstraZeneca, prête à racheter la société pour un montant pouvant atteindre un milliard de dollars, comme annoncé le 17 mars. Un tournant décisif pour Jean-Pierre Latere, qui a osé repousser les frontières de la médecine pour réécrire l’avenir du traitement du cancer.
Jean-Pierre Latere a jeté les bases d’une révolution en fondant EsoBiotec dans le silence concentré de son laboratoire de Mont-Saint-Guibert (Belgique), guidé par une détermination sans faille et une vision résolument tournée vers l’avenir. Pionnière dans le domaine de la thérapie cellulaire in vivo, l’entreprise a pour mission de rendre ces traitements novateurs plus accessibles, efficaces et abordables. En modifiant directement les cellules immunitaires à l’intérieur du corps du patient, EsoBiotec contourne les obstacles des thérapies cellulaires traditionnelles et ouvre des horizons inédits pour le traitement du cancer et des maladies à médiation immunitaire.
La plateforme Engineered NanoBody Lentiviral (ENaBL) d’EsoBiotec, en renforçant le système immunitaire pour attaquer les cancers, ouvre la voie à une révolution thérapeutique. Elle pourrait permettre à un plus grand nombre de patients d’accéder à des traitements de thérapie cellulaire novateurs, administrés en quelques minutes, là où les méthodes traditionnelles requièrent plusieurs semaines.
Une transaction à un milliard usd
Aujourd’hui, le rêve scientifique et innovant de Jean-Pierre Latere se transforme en milliards. AstraZeneca, le géant biopharmaceutique, s’apprête à acquérir l’intégralité des actions d’EsoBiotec pour un montant pouvant atteindre 1 milliard de dollars, sans dettes ni liquidités (Cash and debt free). Cette transaction comprendra un paiement initial de 425 millions de dollars à la clôture, ainsi que des paiements conditionnels pouvant atteindre 575 millions de dollars, en fonction des avancées du développement et des approbations réglementaires.
La transaction devrait être conclue d’ici le deuxième trimestre 2025, sous réserve des conditions de clôture habituelles et des autorisations réglementaires. À terme, EsoBiotec deviendra une filiale à part entière d’AstraZeneca, tout en conservant ses opérations en Belgique. Jean-Pierre Latere, quant à lui, restera à la tête d’EsoBiotec en tant que CEO, avec une mission précise : poursuivre la recherche et faire parvenir cette thérapie révolutionnaire aux patients.
Jean-Pierre Latere, PhD, CEO d’EsoBiotec, a déclaré : « Nous sommes impatients de collaborer avec AstraZeneca, un leader mondial du développement de médicaments, pour atteindre notre objectif commun : rendre les thérapies cellulaires révolutionnaires et abordables accessibles à un plus grand nombre de patients à travers le monde. En combinant notre expertise et nos ressources, nous pourrons accélérer le développement de notre plateforme in vivo, qui repose sur une technologie de délivrance innovante et à large potentiel thérapeutique. »
Un parcours exceptionnel
Né à Lubumbashi, en République Démocratique du Congo, Jean-Pierre Latere grandit à Kinshasa, où il fréquente le prestigieux Collège Boboto, une école d’élite intellectuelle formant les talents les plus brillants du pays. Très tôt, sa curiosité scientifique et sa passion pour l’innovation le distinguent. Il poursuit ses études à l’Université de Liège, où il décroche un doctorat en chimie des polymères, posant ainsi les fondations d’un parcours scientifique hors du commun.
Après un post-doctorat à l’Université du Michigan, Jean-Pierre Latere entame sa carrière chez Johnson & Johnson, plus spécifiquement au sein de sa filiale Janssen Pharmaceutica (en Belgique et aux États-Unis), d’abord dans le développement de médicaments, puis dans les dispositifs médicaux. « Ils m’ont fait revenir en Belgique où j’ai travaillé comme chercheur en laboratoire à Beerse. J’ai découvert le monde de l’industrie pharmaceutique. C’était une excellente expérience parce que Johnson & Johnson est une magnifique boîte avec d’excellents chercheurs », dans une interview accordée au site Investsud.be. Janssen l’a ensuite rappelé aux États-Unis, où il a poursuivi son travail de chercheur. « Avec l’arrivée de notre premier enfant, nous sommes rentrés en Belgique pour nous rapprocher de notre famille. Quitter Johnson & Johnson a été très difficile, car la recherche aux États-Unis est toujours plus agressive, plus rapide et dispose de plus de ressources ».
En 2008, il rejoint Cardio3Biosciences (devenue Celyad), un leader dans le développement de thérapies cellulaires spécialisées, travaillant sur des programmes cliniques en immuno-oncologie et maladies cardiovasculaires. Il se spécialise dans les thérapies cellulaires et participe activement à la recherche et au développement de C-Cure, un traitement innovant utilisant des cellules souches mésenchymateuses modifiées pour traiter l’insuffisance cardiaque. Ce programme avance jusqu’aux phases 2 et 3, traitant plus de 150 patients, avant que Jean-Pierre Latere prenne la direction du Business Development. « Cardio3 m’a permis de basculer de chercheur au monde de l’entrepreneuriat, où j’ai occupé le poste de responsable de projet : lever des fonds, expliquer son projet, se frayer un chemin, recruter, innover, être agile et flexible… C’est tout ce qui caractérise un entrepreneur et c’est ce que j’ai expérimenté », indique le scientifique dans la même interview.
Par la suite, Jean-pierre Latere poursuit sa carrière aux USA, chez Dow Corning, une entreprise américaine spécialisée dans les silicones. Il y occupe le poste de responsable mondial de la division Science et Technologie Healthcare, et ensuite en Cosmétique. A ce poste, il supervise près d’une centaine de personnes aux États-Unis, en Asie et en Europe. Ce poste lui permet de comprendre les aspects de la commercialisation des produits ainsi qu’une chose essentielle : toute innovation doit répondre à des besoins, et il est essentiel de comprendre les besoins du client.
En janvier 2017, Jean-Pierre Latere intègre Celyad Oncology (anciennement Cadio3Biosciences), où il enchaîne les responsabilités : vice-président chargé de la médecine régénérative et des dispositifs médicaux, puis vice-président des opérations et de la commercialisation, avant de devenir directeur des opérations jusqu’en mai 2020. A l’époque, Celyad développait un programme de lutte contre les cancers au moyen de produits cellulaires appelés CAR-T (Chimeric Antigenic Receptor – T). Ce traitement révolutionnaire permet en quelque sorte de réveiller le système immunitaire du patient, et de le rendre capable d’éliminer les cellules cancéreuses. Il consistait à prélever le sang du patient, puis à isoler les globules blancs (lymphocytes) de type T que l’on reprogrammait en labo. On réinjectait ensuite au patient ses propres cellules modifiées génétiquement. « Quand j’ai découvert les CAR-T, c’était un moment très important pour moi car un de mes proches souffrait d’un cancer et se trouvait dans une phase très difficile. Travailler chez Celyad c’était comme une mission, c’était contribuer à améliorer la vie des patients et aussi des familles qui souffrent à cause de cette maladie ».
En 2020, à 45 ans, face à la pandémie, Jean-pierre Latere prend un tournant. Il réalise qu’il lui reste une vingtaine d’années pour pousser plus loin la recherche. Le cancer, trop de vies brisées, trop de souffrance. Les traitements autologues et allogéniques, bien que prometteurs, ne suffiraient pas à traiter un nombre suffisant de patients. Même avec de bons résultats cliniques, la logistique de production et les coûts seraient des obstacles majeurs.
Sa réflexion ? Comment produire des cellules autologues plus rapidement, plus simplement, à moindre coût. La question qui a donné naissance à EsoBiotec : comment transformer chaque patient en une usine à CAR-T, produisant ses propres cellules dans son corps, éliminant le transport du sang et les coûts de production en laboratoire. Ainsi, chaque patient deviendrait sa propre source de guérison, permettant de traiter des milliers de patients chaque année.
L’idée audacieuse d’une thérapie cellulaire in vivo
L’idée est audacieuse, presque révolutionnaire. Actuellement, les thérapies cellulaires traditionnelles imposent l’extraction des cellules du patient, leur modification génétique en dehors de son corps, puis leur réadministration après avoir vidé les cellules immunitaires, un processus qui s’étend souvent sur plusieurs semaines. Jean-Pierre Latere décide de renverser cette logique. En modifiant directement les cellules immunitaires à l’intérieur du corps du patient, l’approche in vivo d’EsoBiotec élimine de nombreux obstacles des thérapies classiques. Elle réduit la complexité et les délais de fabrication, offrant ainsi un meilleur accès aux traitements pour les patients.
Des essais cliniques prometteurs et un avenir plein d’espoir
Le premier essai clinique a été lancé en Chine en janvier 2025, en partenariat avec Pregene Biopharma. Les premiers résultats sont prometteurs : un patient a déjà reçu une dose dans le cadre d’un essai clinique portant sur ESO-T01 pour le myélome multiple récurrent/réfractaire.
L’espoir se concrétise, et AstraZeneca s’engage, pariant sur cette technologie qui pourrait réinventer le traitement du cancer. L’objectif ? Une simple injection pour amorcer le processus de guérison. Un premier produit devrait entrer en étude clinique d’ici 2026.
De Lubumbashi à Mont-Saint-Guibert, de Kinshasa à Liège, du rêve d’un chercheur à une avancée médicale majeure, Jean-Pierre Latere inscrit son nom parmi ceux qui osent défier l’impossible. Son aventure, commencée dans un modeste laboratoire, est désormais une épopée scientifique et entrepreneuriale. Et ce n’est peut-être que le début.