Originaire du Ghana, Zahra Baitie-Boateng est responsable des partenariats et du programme de l’initiative Africa Business Heroes (ABH), de la Fondation Jack Ma. ABH s’est donné pour objectif d’identifier et d’accompagner des entrepreneurs africains. A ce titre, Zahra Baitie est responsable du développement et de la gestion des partenariats avec les principales parties prenantes et organisations du paysage entrepreneurial africain. La clôture du dépôt de candidatures, pour ABH 2021, est fixée au 21 juin prochain.
Africanshapers : pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous relater votre parcours académique et professionnel ?
Je m’appelle Zahra Baitie-Boateng. Je suis Ghanéenne et passionnée par le développement du continent africain. J’ai fait des études en développement international et en politiques publiques aux États-Unis et en Chine et j’ai toujours été très engagée en faveur d’un changement transformationnel dans l’écosystème de l’emploi des jeunes. Auparavant, j’ai également travaillé en tant que consultante et conseillère stratégique dans plusieurs pays africains et auprès d’un large éventail de parties prenantes. J’ai actuellement la chance d’occuper le poste de Responsable des partenariats et des programmes au sein de Africa’s Business Heroes (ABH).
Vous êtes responsable des partenariats et des programmes pour le concours du prix Africa’s Business Heroes. En quoi consiste concrètement votre travail et qu’est-ce-qui a milité pour votre nomination à ce poste ?
Dans le cadre de mes fonctions, je suis responsable du développement et de la gestion de nos partenariats avec les principales parties prenantes et organisations du paysage entrepreneurial africain. Je suis également très impliquée dans la gestion globale du programme – de la supervision de notre processus de candidature et de sélection rigoureux, à la mise en œuvre de programmes de mentorat et de formation pour nos candidats.
J’ai également eu l’opportunité d’étudier et de travailler en Chine. Lors de mon séjour là-bas, j’ai pu constater par moi-même l’impact incroyable du digital sur l’entrepreneuriat. J’ai rejoint la Fondation Jack Ma et l’initiative ABH afin de soutenir sa mission consistant à mieux habiliter les entrepreneurs africains afin qu’ils puissent avoir un impact et résoudre les problèmes urgents auxquels nous sommes tous confrontés.
Quelle est la particularité du concours Africa’s Business Heroes par rapport à ceux qui existent déjà ? En dehors de l’aspect financier, quels sont les autres avantages qu’offre ce concours aux entrepreneurs ?
Nous considérons que plus il existe de prix et d’opportunités pour soutenir les entrepreneurs, le mieux c’est. La particularité de notre concours réside au niveau de la plateforme mondiale que nous proposons à nos héros pour leur permettre de mettre en lumière leur histoire, et l’importance que nous accordons au mentorat et à la formation. Nous offrons des possibilités de mentorat et de formation tout au long du processus. La dernière étape du concours, notre grande finale, est diffusée dans toute l’Afrique et en ligne. Nous espérons que l’émission permettra à nos remarquables finalistes d’accroître leur notoriété, sans oublier que nous dispenserons également un cours magistral sur l’esprit d’entreprise, étant donné que les téléspectateurs pourront suivre les présentations des meilleurs entrepreneurs africains devant un panel de personnalités influentes du monde des affaires.
Quel bilan faites-vous des précédentes éditions ?
Grâce au soutien de nos partenaires, nous avons été en mesure d’atteindre et de mettre en valeur des milliers d’entrepreneurs en herbe et chevronnés lors des deux dernières éditions. L’année dernière, plus de 22 000 entrepreneurs des 54 pays africains ont postulé pour le prix et nous espérons en attirer encore plus cette année.
Nous sommes incroyablement fiers de la réussite de nos finalistes suite à leur participation au concours : ils ont obtenu davantage de financements, établi des partenariats clés, développé leurs activités et élargi leurs opérations. Leur succès est la preuve de l’importance du principe de coopération et l’esprit de communauté, et il est gratifiant de les voir inspirer d’autres personnes à agir et à se lancer dans l’entrepreneuriat.
Sur la base de quels éléments établissez-vous les programmes du concours ?
Lorsque nous avons lancé le programme ABH, nous tenions à ce qu’il soit accessible et inclusif. Nous souhaitons que cette initiative soit entièrement panafricaine et que tous les pays et toutes les régions d’Afrique soient dûment représentés dans l’édition de cette année. Nous voulons également que cette initiative puisse apporter de précieuses opportunités de mise en réseau, de formation et de mentorat pour nos candidats. Nous organisons des ateliers, des bootcamps et fournissons un accès exclusif à la communauté ABH de chefs d’entreprise qui partagent leurs idées et leurs conseils tout au long du processus de sélection.
Quelles sont les relations qu’Africa’s Business Heroes entretient avec les différents gouvernements des pays africains ?
Nous sommes reconnaissants d’avoir reçu le soutien de plusieurs gouvernements et sommes fiers que nos finalistes aient également été reconnus par leurs gouvernements respectifs suite à leur participation au concours. Nous travaillons également en étroite collaboration avec un vaste réseau de partenaires dans toute l’Afrique, à savoir African Leadership Group, le African Women Innovation & Entrepreneurship Forum, Ashesi, Dalberg, Janngo, SA Innovation Summit et RiseUp parmi d’autres.
Vous recevez plusieurs candidatures chaque année, quels sont aujourd’hui les secteurs dans lesquels les candidats du concours évoluent le plus ?
Le concours ABH est ouvert à tous les fondateurs ou cofondateurs d’entreprises, ou entreprises sociales basées en Afrique et disposant une expérience de trois ans ou plus. Les entrepreneurs africains de tous les secteurs, de toutes les tranches d’âge et de tous les sexes sont les bienvenus. Nous encourageons tout particulièrement les dirigeants de petites entreprises, les femmes entrepreneurs et tous ceux qui font la différence dans leurs communautés locales à nous rejoindre dans le cadre de ce concours. L’année dernière, nos candidats et nos dix finalistes en particulier, représentaient des secteurs variés, de l’agriculture à la mode en passant par l’éducation, la santé, les énergies renouvelables et les services financiers.
Quelles sont les régions ou les langues ciblées par le concours ?
Nous savons qu’il existe des talents entrepreneuriaux exceptionnels dans toute l’Afrique, c’est pour cela que nous nous efforçons d’être aussi inclusifs et accessibles que possible. À ce titre, nous avons lancé les candidatures en français et en anglais en 2020, ce qui a permis de stimuler la participation des candidats des pays francophones. L’année dernière, plus de 30 % de nos candidats étaient originaires d’Afrique francophone, et près de la moitié des dix premiers finalistes venaient de pays francophones tels que le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Sénégal.
Qu’en-est-il des candidats de l’Afrique lusophone ?
En 2020, nous avons reçu des candidatures venant de toute l’Afrique, notamment l’Angola, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, la Guinée équatoriale, le Mozambique, Sao Tomé e Principe, et certains candidats originaires du Mozambique se sont hissés dans le top 50. Nous encourageons vivement les entrepreneurs des pays lusophones à saisir cette opportunité pour devenir l’un des Africa’s Business Heroes. À l’avenir, nous espérons pouvoir proposer l’application en portugais.
Quels sont les principaux défis (notamment financiers) auxquels les entrepreneurs Africains font face et de quelle manière Africa’s Business Heroes accompagne ces entrepreneurs ?
Les entrepreneurs africains disposent de peu de fonds pour se lancer. Les financements qui sont disponibles tendent à être fortement axés sur les entrepreneurs du secteur technologique et les dirigeants de sexe masculin. Les défis liés au manque de financement ont été aggravés par la pandémie de COVID-19. En outre, compte tenu de la complexité de chaque pays, peu d’entrepreneurs opérant en Afrique sont en mesure de développer leurs activités à travers le continent.
Nous sommes convaincus que notre prix répond à certains de ces défis en fournissant aux entrepreneurs africains des fonds propres essentiels, et des financements sans intérêts pour leur permettre de développer leurs activités. Au-delà de cela, nous voulons également nous assurer que nous fournissons un éventail de ressources à nos finalistes pour les aider à relever les défis liés à la gestion d’une entreprise sur le continent.
Les dix premiers finalistes sont tous des gagnants en ce sens qu’ils remportent tous une subvention en espèces provenant de la cagnotte, mais leur valeur va bien au-delà du simple gain financier. Ils apprécient l’expertise et les idées recueillies auprès de la communauté ABH, ainsi que les programmes de formation mis en place dans le cadre de cette initiative.
Par exemple, grâce à ABH, nos finalistes ont commencé à établir des partenariats et à coopérer avec leurs pairs en Afrique et à travers le monde. Plusieurs d’entre eux ont également reçu de multiples financements et bourses de la part d’autres investisseurs et partenaires.
Quels sont vos projets à court, moyen et long terme ?
Notre programme représente un engagement à long terme en faveur de l’entrepreneuriat africain. Nous nous efforçons d’améliorer constamment le concours du prix « Africa’s Business Heroes » et d’en faire un véritable succès. Chaque année, 10 finalistes exceptionnels remporteront une part d’une cagnotte de 1,5 million de dollars. Dans une perspective à long terme, nous visons à mettre en avant 100 entrepreneurs africains exceptionnels sur une période de dix ans afin de leur offrir des subventions, des programmes de formation et un accompagnement dans le but de favoriser l’écosystème entrepreneurial en Afrique.
Vous avez étudié au Ghana, aux USA et en Chine, comment capitalisez-vous cette expérience dans l’exercice de votre travail ?
Je suis reconnaissante d’avoir eu la possibilité d’étudier et de travailler dans le milieu du développement international en Afrique, aux États-Unis et en Chine. J’essaie de tirer parti de mes expériences sur ces marchés ainsi que de mon réseau pour garantir que notre approche soit localisée et adaptée au contexte africain, tout en maintenant une vision globale afin de veiller à ce que les entrepreneurs africains disposent des ressources et des outils nécessaires pour faire face à la concurrence mondiale…
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos activités ou projets à venir ?
À l’avenir, nous espérons favoriser l’émergence d’une communauté virtuelle regroupant des entrepreneurs et des chefs d’entreprise partageant les mêmes idées, capables d’unir leurs forces à celles de diverses parties prenantes – notamment les gouvernements, les investisseurs, les responsables de l’éducation, les décideurs politiques et la société civile – afin d’éliminer les obstacles et favoriser la création de meilleures opportunités pour l’avenir.
Bio
Zahra Baitie est responsable des partenariats et du programme de l’initiative Africa Business Heroes (ABH), Fondation Jack Ma. Avant d’occuper son poste chez ABH, Zahra Baitie a travaillé chez AliExpress d’Alibaba, en tant qu’experte principale en développement commercial et à l’unité B2B d’Alibaba – 1688, en tant qu’assistante du CEO.
Bien avant Alibaba, Zahra Baitie a travaillé chez Dalberg Global Development Advisors, où elle a conseillé des gouvernements et des organisations (telles que la Fondation Mastercard ) dans plusieurs pays africains sur plusieurs questions liées au chômage des jeunes, au développement du tourisme et aux politiques de transformation de l’agriculture. Elle y a occupéle poste de directrice du département Chine, spécialisée dans la facilitation du commerce Afrique-Chine.
Originaire du Ghana, Zahra Baitie est diplômée de l’université Yale et de Tsinghua, Schwarzman College.