20 jeunes femmes scientifiques lauréates du Prix Unesco-L’Oréal « Pour les Femmes et la Science  » en Afrique subsaharienne

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Les 20 jeunes talents de la 11e édition du programme régional L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science en Afrique subsaharienne ont été révélées le mardi 24 novembre.

L’initiative conjointe, créée en 2010, explique l’Unesco, récompense, chaque année, 20 chercheuses pour l’excellence académique de leurs travaux, et les soutient au travers de dotations de 10 000 € pour les doctorantes et de 15 000 € pour les post-doctorantes, afin de leur permettre de poursuivre et consolider leurs travaux de recherche. Parmi les chercheurs au niveau mondial, explique l’Unesco, on compte seulement 2,4 % de scientifiques africains, dont 31 % sont des femmes.

Issues de 16 pays, fait savoir l’Unesco, ces 15 doctorantes et 5 post-doctorantes incarnent, par leurs parcours et leurs sujets de recherche, toute la diversité et le potentiel de la science africaine de demain. Pour la première fois, des jeunes talents originaires du Congo et du Malawi figurent dans ce palmarès.

Le Jury du « Prix Jeunes Talents Afrique subsaharienne 2020 », présidé par le Professeur Nelson Torto, directeur général de l’Académie africaine des Sciences, indique l’Unesco, a sélectionné ces 20 Jeunes talents parmi près de 330 candidatures. Elles viennent rejoindre la communauté des 3 400 chercheuses à travers le monde accompagnées par le programme « Pour les Femmes et la Science » depuis sa création en 1998. Ci-dessous, les lauréates de l’édition 2020.

 

Faouziath SANOUSSI, Post-doctorat, Sciences agronomiques, faculté des sciences agricoles, université d’Abomey-Calavi (Bénin)

Faouziath Sanoussi mène ses travaux en biotechnologie agricole afin de valoriser les cultures vivrières du Bénin et de contribuer à la lutte contre la malnutrition en Afrique. Elle cherche à développer un nouveau produit à base de millet à haute valeur nutritionnelle, enrichi de pulpe de fruit de baobab et de poudre de feuilles de moringa. Elle est convaincue que dans le contexte de la pandémie Covid-19, les produits locaux sont l’une des clés du renforcement de l’immunité et de la santé des populations.

LaToya SEOKE, Doctorante, Sciences Biologiques, ARC-Onderstepoort Institut vétérinaire, université de Pretoria (Afrique du Sud)

LaToya Seoke se concentre sur le développement d’outils de diagnostic pour détecter le virus de la fièvre aphteuse, très présent chez les chèvres en Afrique australe. Le contrôle et l’éventuelle éradication de la maladie, considérée comme la maladie animale la plus importante du continent d’un point de vue financier, auraient un impact significatif sur les économies de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. A travers ses recherches, elle espère contribuer plus généralement à l’éradication des maladies infectieuses en Afrique.

Tsaone TAMUHLA, Doctorante, Informatique et Sciences de l’Information, Computational Biology, université de Cape Town (Afrique du Sud)

Saone Tamuhla recueille des données cliniques et génétiques pour mieux comprendre la pandémie émergente de diabète de type 2 en Afrique. Étant donné que la plupart des recherches se sont concentrées sur le rôle du mode de vie dans l’apparition de la maladie, les facteurs génétiques des populations africaines sont encore mal connus.

Agnès Antoinette NTOUMBA, Doctorante, Sciences Biologiques, Laboratoire de biologie et physiologie animales, Université de Douala (Cameroun)

Agnès Antoinette Ntoumba développe des bio-insecticides contre une espèce de larve (Anopheles gambiae), en utilisant des nanoparticules de plantes endémiques au Cameroun. En raison des nombreux cas de résistance observés après l’utilisation d’insecticides chimiques, elle est convaincue qu’il est urgent d’explorer de nouvelles pistes de recherche via la synthèse verte, afin d’exploiter le potentiel de la flore africaine, tout en produisant des insecticides moins chers et plus respectueux de l’environnement.

Younoussa HAIFAOU, Doctorante, Médecine, Laboratoire du Centre National de Transfusion Sanguine, Université Cheikh Anta Diop, Dakar (Sénégal)

Younoussa Haifaou s’est spécialisé dans l’identification des anomalies chromosomiques et moléculaires associées aux troubles du développement sexuel au cours de la période prénatale et postnatale au Sénégal, afin de peaufiner le traitement chirurgical des patients concernés. Convaincue que la recherche africaine est pénalisée par le manque de financement et de laboratoires et équipements de pointe, elle espère contribuer à faire évoluer les mentalités afin de générer davantage d’investissements dans ce secteur.

Dominique Fatima VOUMBO MATOUMONA, Post-doctorat, Sciences de la santé, Centre international de recherche médicale de Franceville (CIRMF, Gabon) et faculté des sciences et technologies, université Marien Ngouabi, Brazzaville (République du Congo)

Dominique Fatima Voumbo Matoumona mène plusieurs projets de recherche sur le paludisme, notamment sur la résistance des parasites responsables de cette maladie (Plasmodium falciparum) aux traitements antipaludiques existants. Elle considère que la pharmacopée traditionnelle n’est pas suffisamment exploitée, notamment en Afrique centrale, et vise à mettre en place un laboratoire de recherche basé sur le traitement à base de plante pour des maladies transmissibles et non transmissibles.

Nadège TATY, Doctorante, sciences de la terre et de l’environnement, Laboratoire gouvernance, risques, environnement et développement (GRED), université Paul Valéry Montpellier 3 (France), unité de recherche et de formation sur l’écologie et la maîtrise des maladies infectieuses (URF-ECMI), université de Kinshasa (République démocratique du Congo)

Les recherches de Nadège Taty visent à diagnostiquer les vulnérabilités des zones de santé et à mieux comprendre la gouvernance des épidémies de maladies infectieuses (comme le choléra, Ebola ou Covid-19) dans les pays aux ressources limitées. Son projet transversal et multidisciplinaire est l’un des premiers à tenter un transfert méthodologique du diagnostic des vulnérabilités des zones de santé, initialement développé pour la gestion des risques naturels, vers la gestion des risques épidémiques.

Martha Kidemu NEGASSA, Doctorante, sciences de la terre et de l’environnement, Laboratoire des sols de Haramaya, Université de Haramaya (Éthiopie)

Martha Kidemu Negassa cartographie la dynamique spatiale et temporelle du carbone organique du sol et de l’eau, disponible dans les systèmes agricoles de petits exploitants dans les zones arides de l’est de l’Éthiopie. Son objectif est de mettre à jour les informations sur l’état du stock de carbone organique, ce qui contribuerait à prendre des décisions éclairées pour une gestion plus appropriée des ressources en sol et en eau et, à terme, lutter contre le changement climatique.

Esther Eyram ASARE YEBOAH, Doctorante, sciences biologiques, Unité de recherche antimicrobienne, université du KwaZulu Natal, Durban (Afrique du Sud).

Esther Eyram Asare Yeboah concentre ses recherches sur une catégorie de bactéries (pathogènes Gram-négatifs multi-résistants), qu’elle étudie chez des patients d’un hôpital universitaire au Ghana. Son objectif est d’identifier les gènes de résistance à ces bactéries afin de mieux comprendre leur fonctionnement. Elle est également chargée de cours dans une école de pharmacie, où elle promeut des sujets scientifiques auprès de ses étudiants, en particulier des jeunes filles.

Tsarasoa Malala ANDRIANINARIVOMANANA, Doctorante, sciences biologiques, unité d’entomologie médicale, Institut Pasteur de Madagascar, Antananarivo (Madagascar)

Tsarasoa Malala Andrianinarivomanana étudie Anopheles coustani, une espèce de moustique récemment soupçonnée de transmettre le paludisme à grande échelle en Afrique subsaharienne. Convaincue que le rôle des femmes scientifiques est essentiel pour surmonter les grands défis auxquels l’Afrique est confrontée, elle plaide pour une représentation et une visibilité accrues des femmes chercheurs qui servent de véritables modèles pour les générations futures.

Zara RANDRIAMANAKOTO, Post-doctorat, Physique, division des sciences, Observatoire astronomique sud-africain (SAAO), Le Cap (Afrique du Sud)

Zara Randriamanakoto est l’une des rares femmes astrophysiciens à Madagascar. Elle étudie les amas d’étoiles au sein des galaxies où l’activité de formation d’étoiles est particulièrement intense. Son objectif est de quantifier l’influence du milieu environnant sur les mécanismes de perturbation des amas stellaires. En plus d’être fortement impliquée dans le mentorat et la promotion des femmes en science, elle encadre des étudiants et étudiantes en astrophysique et astronomie à l’Université d’Antananarivo.

Halima TWABI, Doctorante, Mathématiques, Laboratoire de mathématiques, Université du Malawi (Malawi)

Avec une spécialisation en biostatistique, Halima Twabi mène des recherches sur la santé infantile et maternelle. Elle souhaite développer des méthodes statistiques permettant de mieux comprendre les conséquences du VIH maternel sur le développement d’une grossesse puis sur le futur enfant (retard de croissance, émaciation, entre autres …). Halima Twabi souhaite également établir une corrélation entre la pluralité de facteurs (externes et internes), afin de poser un diagnostic plus précis des causes de ces pathologies.

Devina LOBINE, Post-doctorat, médecine de base, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Maurice, Moka (Maurice)

Devina Lobine étudie les inhibiteurs de plantes médicinales traditionnellement utilisées, comme agents thérapeutiques pour le traitement de la maladie d’Alzheimer. Pour ce faire, elle utilise les propriétés moléculaires, pharmacologiques et neuroprotectrices des plantes médicinales traditionnellement utilisées sur l’île. En plus d’être activement impliquée dans diverses associations pour la promotion des STEM et de la bio-innovation en Afrique, elle est ambassadrice du Next Einstein Forum.

Adekemi ADESULU, Post-doctorat, sciences biologiques, laboratoire des sciences et technologies alimentaires, Université Bowen, Iwo (Nigeria).

Adekemi Adesulu s’est spécialisée en génomique environnementale: elle s’intéresse à l’analyse de la composition microbienne du lait cru et des produits laitiers traditionnels au Nigeria. Grâce à ses recherches, elle espère contribuer à garantir la sécurité et la qualité des aliments fermentés africains.

Ibukunoluwa Adetutu OLAJIDE, Doctorante, Génie électrique, Génie de l’information, département de génie électrique et électronique, université fédérale de technologie, Akure (Nigeria)

Les recherches d’Ibukunoluwa Adetutu Olajide visent à développer un modèle de communication optique capable de réagir aux conditions climatiques spécifiques des zones tropicales, en utilisant des algorithmes prédictifs. Plus largement, elle espère que ses recherches dans le domaine de l’ingénierie conduiront à la mise en place de réseaux de communication efficaces et au développement d’une alimentation électrique fiable sur le continent.

Valentine DUSHIMIYIMANA, Doctorante, sciences de la santé, Centre Biomédicale du Rwanda, Kigali (Rwanda), université de Cape Town (Afrique du Sud)

Valentine Dushimiyimana cherche à développer un outil prédictif permettant d’évaluer le risque de maladie cardiovasculaire chez les patients VIH au Rwanda. Elle espère mettre en place dans son pays un programme de recherche clinique qui pourrait conduire à une meilleure prise en charge préventive des maladies cardiovasculaires, en lien avec le traitement antirétroviral.

Doaa ALI, Doctorante, Chimie, laboratoire de chimie médicinale, Université du Cap (Afrique du Sud)

Doaa Ali travaille au développement de nouveaux traitements contre le cancer en utilisant une méthodologie de synthèse révolutionnaire basée sur des composés ressemblant à l’ail (organotrisulfures), capables de combattre les cellules cancéreuses. Elle espère devenir professeur de chimie médicinale et ainsi contribuer à augmenter la proportion de femmes scientifiques à des postes de recherche de haut niveau en Afrique.

Maha DAHAWI, Doctorante, sciences biologiques, programme commun de la faculté de médecine, université de Khartoum (Soudan) et Institut du cerveau et de la colonne vertébrale (ICM), université de la Sorbonne (France)

Maha Dahawi travaille sur l’identification des gènes responsables des épilepsies génétiques généralisées (GGE) parmi les familles soudanaises où la consanguinité est présente. Ses recherches ont permis de détecter au sein de cette population la présence d’un phénotype comportemental spécifique à certains gènes liés à l’épilepsie. De plus, elle s’efforce d’aider les jeunes femmes en début de carrière scientifique à surmonter certains obstacles spécifiquement rencontrés par les femmes scientifiques, dans la recherche, à travers une formation qu’elle a développée, intitulée Pay It Forward.

Neema MDUMA, Doctorante, sciences et ingénierie de l’information et de la communication, Laboratoire CoCSE, The Nelson Mandela African Institution of Science and Technology, Arusha (Tanzanie)

Neema Mduma aborde le problème de l’abandon scolaire dans les écoles secondaires en Tanzanie, en utilisant un modèle d’apprentissage automatique. Déployé via une application web, ce modèle permet aux enseignants et aux parents d’identifier et d’accompagner les élèves en situation de fragilité académique. À moyen terme, elle souhaiterait utiliser le Machine Learning pour aider à améliorer les soins de santé dans les pays touchés par une pénurie de personnel médical.

Hannah SIMBA, Doctorante, sciences de la santé, division de la santé communautaire, université de Stellenbosch (Afrique du Sud)

Hannah Simba étudie le rôle des facteurs génétiques et environnementaux sur le cancer de l’œsophage, l’un des cancers les plus agressifs au monde et aussi l’un des moins étudiés en Afrique (dont les pays sont parmi les plus touchés par cette maladie, avec la Chine). Elle se consacre également au mentorat et à l’accompagnement des filles africaines dans leurs études, et considère qu’il est essentiel pour l’avenir du continent qu’elles soient capables de réaliser leur potentiel, y compris dans les carrières scientifiques.

Patrick Ndungidi
Journaliste et Storyteller
https://africanshapers.com

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