Né d’un père congolais (République démocratique du Congo) et d’une mère togolaise, Manuel Ntumba, qui est de nationalité togolaise et vit au Togo, est actuellement le plus jeune ingénieur en Afrique dans le domaine de l’aérospatial. Actuellement responsable des partenariats au sein du Conseil Consultatif des Nations Unies sur la Génération Spatiale, il a breveté plusieurs inventions et travaille avec des scientifiques du monde entier. Il a récemment lancé la Mandela Satellite Initiative (MandelaSat Initiative), qui réunira en janvier 2022, des entrepreneurs, des experts et des chercheurs du monde entier, en particulier des industries géospatiales et spatiales mondiales, pour collaborer sur des missions de petits satellites pour les pays en développement d’Afrique, Asie-Pacifique, Amérique du Sud et Caraïbes.
Quel est votre parcours académique et professionnel ? Pourquoi avoir opté pour des études dans le secteur aérospatial ?
J’ai suivi un programme d’ingénierie en télécommunications avec une spécialisation en télécommunications par satellite. Depuis 2019, j’ai travaillé avec de nombreuses entreprises et organisations dans les domaines des études spatiales, des applications géospatiales et de la technologie quantique. J’ai décidé de poursuivre une carrière dans l’industrie spatiale parce que j’ai vu les impacts positifs que les technologies spatiales telles que les satellites peuvent avoir sur la vie des gens, en particulier comment elles peuvent aider les pays en développement parvenir au développement durable et à la transformation numérique.
Vous êtes actuellement responsable des partenariats au sein du Conseil Consultatif des Nations Unies sur la Génération Spatiale (UN SGAC) ? En quoi consistent les activités de cette organisation et quel est votre travail ?
Le Conseil consultatif des Nations Unies sur la génération spatiale (UN SGAC) – à l’appui du Programme des Nations Unies pour les applications spatiales, basé à Vienne, en Autriche, est affilié au Bureau des Nations Unies pour les affaires spatiales (UNOOSA) et a le statut d’observateur permanent auprès du Comité des Nations Unies sur les utilisations pacifiques de l’espace (UNCOPUOS). Le Conseil consultatif des Nations Unies sur la génération spatiale est une entité des Nations Unies, chargée de mettre en œuvre le programme d’applications spatiales des Nations Unies dans tous les pays membres des Nations Unies. En tant que responsable des partenariats du Conseil consultatif des Nations Unies sur la génération spatiale (UN SGAC) pour l’Afrique, mon rôle est de proposer des programmes pour l’utilisation de satellites bénéfiques pour les pays africains, par exemple, l’observation de la Terre, les télécommunications par satellite, la météorologie et la sécurité aérienne, grâce à l’utilisation de satellites et l’utilisation des données satellitaires pour soutenir l’agriculture et la sécurité alimentaire, prévoir le changement climatique et les catastrophes naturelles afin de prévenir et de limiter les dommages. Je suis également en charge des négociations avec les gouvernements des 54 pays africains – qui sont membres des Nations Unies, et des négociations avec les sociétés multinationales privées pour soutenir les programmes de télécommunications par satellite, afin d’améliorer l’accès à internet dans les régions reculées et dans les pays africains pour promouvoir l’économie numérique, la transformation numérique des secteurs industriels, les applications géospatiales et atteindre les Objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD de l’ONU).
Quels sont les partenariats que vous avez déjà pu établir jusque-là ?
Pour renforcer les collaborations entre les partenaires existants du Conseil consultatif des Nations Unies pour la génération spatiale (UN SGAC), j’ai lancé un programme qui réunira de grandes entreprises privées multinationales pour soutenir de futurs projets de satellites en Afrique. J’ai établi des contacts avec une société spatiale anglaise et un grand groupe de télécommunications africain pour discuter d’une feuille de route sur les télécommunications par satellite et les applications géospatiales en Afrique. J’ai également rencontré le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement du Togo, le professeur Akodah Ayewouadan, pour discuter des capacités spatiales potentielles et des applications potentielles des technologies satellitaires au Togo et dans d’autres pays africains.
J’ai été invité à une conférence au « International Symposium on Space Science » co-organisé par l’ICESCO (Maroc) et la Space Foundation (États-Unis), où j’ai discuté avec des dirigeants mondiaux sur les capacités d’entrepreneuriat spatial dans les pays en développement, y compris l’Afrique et le Moyen-Orient. La conférence comprenait des conférenciers renommés du monde entier tels que des astronautes de la NASA, des cadres de l’Agence spatiale européenne, des cadres de sociétés spatiales privées, des diplomates gouvernementaux, dont le Dr Cheick Modibo Diarra, ancien Premier ministre du Mali, ancien président de Microsoft-Afrique, et ancien scientifique du Jet Propulsion Laboratory de la NASA, basé en Californie, aux États-Unis.
J’ai récemment eu une excellente discussion avec le Dr Taleb Rifai, lors du World Talent Economy Forum, une initiative parrainée par le gouvernement malaisien. Le Dr Taleb Rifai a été secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) des Nations Unies de 2010 à 2017. Il est également ancien ministre de la planification et de la Coopération internationale et ancien Porte-parole du gouvernement jordanien. Au cours du forum, nous avons discuté des différents aspects de l’informatique mobile et de sa mise en œuvre dans les pays d’Asie-Pacifique et d’Afrique, de l’importance d’introduire davantage de plates-formes d’accès à Internet par satellite, dans les pays en développement et leurs applications potentielles. Nous avons également discuté de comment le Bureau des Nations Unies pour les affaires spatiales et le Conseil consultatif pour la génération spatiale (UNOOSA) soutiennent et font œuvre de pionnier dans la mise en œuvre du Programme des Nations Unies sur les applications spatiales en Asie-Pacifique, dans les pays africains et dans d’autres pays en développement.
Vous faites partie des meilleurs experts, innovateurs et entrepreneurs au monde, sélectionnés par la XPRIZE FOUNDATION, basée aux États-Unis, pour proposer des avancées permettant de surmonter les plus grands défis mondiaux. Quelles sont les innovations que vous proposez ?
J’ai proposé d’utiliser les technologies satellitaires pour le développement durable mondial. J’ai également proposé de renforcer les capacités pour la durabilité et la croissance économique, en utilisant les technologies satellitaires pour des applications géospatiales durables et la transformation numérique à travers 4 méthodes : augmentation des plates-formes d’accès à internet par satellite pour soutenir les secteurs économiques et industriels de l’industrie géospatiale, qui ont un besoin accru d’accès à Internet, surtout dans les régions éloignées ; mise en œuvre de technologies satellitaires dans les secteurs B2B et B2C de l’industrie géospatiale pour soutenir la transformation numérique et la croissance économique ; mise en œuvre de technologies satellitaires pour soutenir le Programme des Nations Unies sur les applications spatiales ; mise en œuvre de technologies satellitaires pour atteindre les Objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD des Nations Unies).
Vous êtes le co-fondateur de Tod’Aérs. En quoi consistent les activités de cette organisation et pourquoi l’avoir créé ?
Tod’Aérs – Transparente Organisation d’Aéronautique et de la Recherche Spatiale, est une organisation multinationale qui promeut le développement durable mondial par la recherche en études géospatiales et spatiales – à l’appui des objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD). Tod’Aérs rassemble des chercheurs, des professeurs d’université, des professionnels, des dirigeants d’entreprise, des diplomates gouvernementaux et des entrepreneurs pour collaborer sur des projets de recherche durable. Tod’Aérs compte actuellement des membres de tous les continents : Europe, Amérique, Asie, Afrique, Moyen-Orient et Océanie ; y compris des pays tels que la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, les États-Unis, les Émirats arabes unis, l’Inde, l’Angola, l’Algérie, l’Égypte, le Zimbabwe, le Togo, l’Australie et bien d’autres.
Vous avez breveté plusieurs inventions dans des domaines tels que les télécommunications par satellite, l’ingénierie spatiale, la technologie quantique, l’intelligence artificielle et la technologie marine. Pourriez-vous nous citer quelques-unes de ces inventions et nous expliquer l’importance de leur utilisation en Afrique ?
Je travaille actuellement sur ODRiSat, un système optique de relais de données inter-satellites, en collaboration avec des chercheurs indiens et européens. Le système inter-satellites ODRiSat comprend neuf (9) satellites-cubes, qui devraient être lancés en orbite terrestre basse (LEO) d’ici 2023. Ces neuf (9) satellites-cubes peuvent inclure des satellites nationaux de certains pays en développement. Pour limiter le nombre de satellites utilisés, j’ai proposé de connecter le système inter-satellites ODRiSat à plusieurs drones atmosphériques, ce qui nécessitera une configuration photonique quantique avancée, qui est une de mes inventions, pour réaliser le traitement et la transmission des données en temps quasi réel avec les cubes-satellites en orbite terrestre basse (LEO). L’un des neuf satellites-cubes, ODRiSat-1, qui est le cerveau du système inter-satellites, nécessite la même configuration photonique quantique avancée que les drones atmosphériques. Avec cette configuration, le système inter-satellites ODRiSat permettra de fournir des services d’observation de la Terre et des services d’accès Internet par satellite dans des zones reculées, notamment pour les pays en développement, en utilisant un nombre très spécifique de satellites. Plusieurs de mes publications de recherche ont été présentées sur Harvard (SAO) – NASA Astrophysics Data System. Mes publications de recherche ont également été présentées sur de nombreuses autres plateformes renommées, dont NewsBreak, la plateforme n°1 d’information aux États-Unis, avec plus de 30 millions d’utilisateurs.
Quels sont les enjeux et les défis dans le domaine des technologies spatiales en Afrique ? Comment améliorer ce secteur sur le continent ?
La plupart des pays africains n’ont pas de programmes nationaux sur l’Espace, ce qui rend difficile la validation des projets spatiaux par les décideurs et les parties prenantes. Par exemple, les télécommunications par satellite offrent un meilleur accès à Internet et sont moins chères que les télécommunications conventionnelles. Malheureusement, la transition des télécommunications conventionnelles aux télécommunications par satellite prendra du temps. Une solution à cela est de réunir de grandes sociétés de télécommunications multinationales et africaines, pour définir une feuille de route claire sur la manière de canaliser la transition. De cette façon, nous pouvons nous assurer que la transition sera bénéfique pour les parties prenantes impliquées.
Comment les pays africains pourraient-ils tirer parti des technologies spatiales dans leur effort de développement ?
Les technologies spatiales, en particulier les satellites, peuvent aider les pays africains à travers l’observation de la Terre, les communications par satellite, la météorologie, la sécurité de l’aviation africaine grâce à l’utilisation de satellites, l’utilisation de données satellitaires pour soutenir l’agriculture et la sécurité alimentaire, pour prévoir le changement climatique et les catastrophes afin de prévenir et limiter les dégâts. Ceux-ci peuvent également contribuer à améliorer l’accès à Internet dans les pays africains – à promouvoir l’économie numérique, la transformation numérique des secteurs industriels et à atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD des Nations Unies).
Quels sont les pays où les technologies spatiales sont les plus avancées aujourd’hui en Afrique et pourquoi ?
L’Égypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud sont les trois pays les plus avancés en matière de technologie spatiale par rapport aux autres pays. Cela peut s’expliquer par une plus grande présence d’une jeune génération d’entrepreneurs spatiaux et d’ingénieurs aérospatiaux dans ces pays. De plus, les opportunités d’investissements sont plus importantes dans ces pays, ce qui permet aux startups spatiales de se développer très rapidement.
Vous avez la nationalité togolaise, mais votre père est de la République démocratique du Congo, quel lien avez-vous avec ce pays ?
Mon père, le professeur Shambuyi Ntumba, a toujours voulu que je poursuive une carrière internationale. En tant qu’ancien fonctionnaire de l’ONU et professeur de droit des affaires, il a contribué, de manière significative, au système d’enseignement supérieur au Cap-Vert, au Niger et au Togo. Il a contribué à la création de nombreuses universités privées de haut niveau au Togo, qui s’étendent à de nombreux pays du continent africain. Le fait d’avoir des parents originaires de deux pays africains différents a fait évoluer en moi un certain niveau de panafricanisme, raison pour laquelle mes projets ne se concentrent pas sur un seul pays mais sur tous les pays africains et d’autres pays en voie de développement du monde entier.
Quels sont les challenges auxquels vous faites face dans la réalisation de votre travail ?
Bien que plusieurs ingénieurs africains soient bien connus pour leur travail, le monde n’est toujours pas habitué à voir de nombreux ingénieurs africains hautement qualifiés et renommés. Il n’a donc pas toujours été facile d’amener les gens à vous prendre au sérieux quand vous êtes africain et parlez d’inventions et de brevets. Mais les choses changent maintenant, je crois que personne ne devrait jamais lâcher prise quand il s’agit de ses droits. C’est mon droit de breveter mes inventions, donc même lorsque les portes sont fermées, je continue de frapper jusqu’à ce que quelqu’un m’ouvre.
Quelle est la journée type de Manuel Ntumba ?
Je me réveille tous les jours à 2h15, je travaille pendant 3 heures de temps, puis je vais au gym à 5h30. Après le petit déjeuner, je passe ma journée dans les laboratoires et les bibliothèques, à poursuivre des recherches dans mon domaine. Après quoi, j’organise différentes réunions en ligne, en collaboration avec des collègues du monde entier. Puis je se couche soit à 21h15, soit à 21h45, tout dépend du nombre de réunions que j’ai.
Quelles sont les compétences requises pour être un bon ingénieur en aérospatiale ?
Un ingénieur en aérospatiale doit être interdisciplinaire et hautement qualifié en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM). Être ouvert d’esprit, autodiscipliné, diligent, créatif et innovant.
Quels sont vos projets ?
J’ai été sélectionné pour participer au 72e Congrès international d’astronautique (IAC) à Dubaï en octobre prochain, où je présenterai deux de mes travaux de recherche sur les systèmes de communication et de navigation spatiales, la communication optique par satellite, la configuration de la communication photonique quantique et les systèmes robotiques spatiaux intégrés pour des missions destinées à la Terre, la Lune et Mars. Le congrès de l’IAC réunira plus de 4 000 participants du monde entier, y compris les meilleurs experts, décideurs politiques, dirigeants et entrepreneurs mondiaux de l’industrie spatiale mondiale ainsi que des diplomates gouvernementaux. Le congrès de l’IAC est organisé par la Fédération internationale d’astronautique (IAF), basée à Paris, en France. J’ai récemment lancé la Mandela Satellite Initiative (MandelaSat Initiative), qui réunira en janvier 2022 des entrepreneurs, des experts et des chercheurs du monde entier, en particulier des industries géospatiales et spatiales mondiales, pour collaborer sur des missions de petits satellites pour les pays en développement d’Afrique, Asie-Pacifique, Amérique du Sud et Caraïbes. Cette initiative vise à soutenir les efforts des Nations Unies sur les applications spatiales dans les pays en développement.
Bio Express :
Votre source d’inspiration ? Le professeur Moriba Jah est l’un des meilleurs astrodynamiciens et scientifiques du 21ème siècle. Il est un ancien ingénieur de la NASA et il est actuellement professeur à l’université du Texas à Austin. Le fait qu’il est de descendance africaine, m’a donné l’inspiration et le courage de poursuivre une carrière dans l’espace et de toujours m’assurer d’être parmi les meilleurs dans mon domaine.
Livre de chevet ? Chieck Modibo Diarra – Navigateur interplanétaire: L’extraordinaire aventure d’un enfant du Mali parti à la conquête de Mars.
Si vous aviez exercé un autre métier ? Je serais un économiste ou diplomate.
Si vous étiez un personnage dans l’histoire ? Nelson Mandela
Hobbies ? Piano, Football