Football : Bestine Kazadi et Samuel Eto’o intègrent la CAF, Kanizat Ibrahim élue au Conseil de la FIFA

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Bestine Kazadi vient d’inscrire son nom en lettres d’or dans le grand livre du football africain. Ce 12 mars, lors de la 14 assemblée générale extraordinaire de la Confédération Africaine de Football (CAF), organisée au siège de la CAF au Caire, la congolaise a intégré le comité exécutif (Comex) de la CAF en étant élue 5 vice-présidente de l’organisation, en charge du football féminin, pour un mandat de quatre ans (2025-2029).

Au cours de cette assemblée générale extraordinaire, l’actuel président de la CAF, le Sud-africain Patrice Motsepe, 63 ans, a également été élu pour un second mandat jusqu’en 2029.

De nouveaux visages ont également intégré le cercle des stratèges du Comex de la CAF, composé de 24 membres. Samuel Eto’o, légende mondiale du foot et président de la fédération camerounaise de football, inscrit son nom au sommet, aux côtés de Bestine Kazadi. Les deux personnalités, élues sous la bannière de l’Union des fédérations de football d’Afrique centrale (UNIFFAC), deviennent les nouveaux architectes du ballon rond dans la région et en Afrique. S’installent également parmi l’élite du Comex de la CAF : Wallace Karia, président de la fédération tanzanienne de football ; Sadi Walid, président de la fédération algérienne de football ; Mustapha Raji, président de la fédération de football du Liberia ainsi que Kurt Okraku, président de la fédération de football du Ghana.

Selon les statuts de la CAF, le comité exécutif est responsable de l’exécution de la politique et des décisions de l’assemblée générale ainsi que de la gestion et de l’administration de la CAF. Le Comex, élu par l’assemblée générale, se compose d’un président, de 13 membres représentant les unions zonales ; d’un membre féminin ; de 6 représentants africains au Conseil de la FIFA. Ces membres assistent aux réunions du comité exécutif de la CAF.

En tant que 5ème vice-présidente de la CAF, Bestine Kazadi succède à la Comorienne Kanizat Ibrahim. Cette dernière a été élue pour représenter la CAF au  conseil de la fédération internationale de football association (FIFA)- le principal organe décisionnel de l’organisation entre chaque Congrès de la FIFA. Kanizat Ibrahim succède, pour sa part, à Isha Johansen, désormais ancienne membre du Comex de la CAF et ancienne présidente de la fédération sierraléonaise de football.

En dehors de Kanizat Ibrahim 5 autres présidents de fédération national de football en Afrique  ont été élus pour intégrer le Conseil de la FIFA : Djibrilla Hima Hamidou (Niger), Fouzi Lekjaa (Maroc), Souleiman Hassan Waberi (Djibouti), Hany Abou Rida (Égypte), Ahmed Yahya (Mauritanie). Ils deviennent les gardiens des ambitions du continent au Conseil de la FIFA. Leur mission ? Faire résonner l’Afrique au cœur des décisions stratégiques du football planétaire, imposer sa vision et défendre ses intérêts.

Samuel Eto’o, une entrée remarquée

Alors que sa candidature avait été recalée par la Confédération africaine de football (CAF) pour des raisons éthiques, Samuel Eto’o avait finalement obtenu gain de cause grâce à l’intervention du Tribunal arbitral du sport (TAS), qui a validé sa candidature à l’élection du comité exécutif de la CAF de ce 12 mars. Avec son entrée au Comex de la CAF, l’ancien capitaine des Lions indomptables du Cameroun renforce encore plus son influence au sommet du football africain.

Déjà incontournable, il est désormais considéré comme un sérieux candidat à la succession de Patrice Motsepe à la présidence de la CAF d’ici quatre ans. Avec son charisme et son ambition débordante, il avance ses pions sur l’échiquier du football continental, prêt à incarner une nouvelle ère.

Élu à la tête de la Fédération Camerounaise de Football (Fécafoot) en décembre 2021, le quadruple Ballon d’Or africain s’est fixé une mission : révolutionner le football camerounais et africain . Désormais membre du comité exécutif de la CAF, Samuel Eto’o n’est plus seulement une icône, il devient un stratège du pouvoir, façonnant peu à peu son ascension vers le sommet du football africain.

Bestine Kazadi pour faire rayonner le football féminin africain

Bestine Kazadi est donc désormais l’une des deux seules femmes membres du Comex de la CAF, avec Kanizat Ibrahim.« Je remercie la Confédération africaine de football pour mon élection au Comité exécutif, que j’aborde avec responsabilité, détermination et surtout avec passion. Fière de représenter mon pays, la RDC, à l’instance sportive africaine la plus influente ! Je mesure la responsabilité de porter la voix du peuple congolais, qui lutte avec résilience contre la tragédie humanitaire et l’occupation illégitime de son territoire. Je m’engage à œuvrer pour une meilleure représentation des femmes dans les instances décisionnelles sportives et à faire du football un levier d’influence, en particulier pour les femmes. Le football est un outil de paix, qui transcende les frontières et unit tous les peuples », a déclaré Bestine Kazadi sur son compte X.

Femme de poigne et d’audace, la dirigeante congolaise s’impose une fois de plus dans un univers longtemps dominé par les hommes. Avocate de formation, écrivaine inspirée, militante infatigable et dirigeante aguerrie, Bestine Kazadi est actuellement ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères, en charge de la coopération internationale et de la Francophonie en République démocratique du Congo (RDC). Avant cela, elle a été conseillère spéciale du Président de la RDC en matière de coopération et intégration régionale ainsi que Représentante personnelle du chef de l’État congolais auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Née en Belgique d’une mère belge et d’un père congolais, mais profondément enracinée dans la terre congolaise, Bestine Kazadi a grandi en RDC, avant de poursuivre ses études à Liège, en Belgique, où elle est diplômée  en droit et sciences sociales. En 1995, elle retourne en RDC et déploie ses ailes militantes en créant le Bureau de réflexions et d’études congolaises (BREC), un creuset d’idées et de combats pour une démocratie plus vivante, une culture citoyenne renforcée et une identité congolaise réaffirmée.

Un phare pour les femmes, une voix pour les sans-voix

Bestine Kazadi préside la Société civile féminine congolaise (SOCIFEC), une organisation qui façonne des leaders et ouvre les portes du pouvoir aux femmes. Première femme à présider le Rotary Club Kinshasa, elle devient aussi la première donatrice majeure du programme mondial Polio +.

Mais Bestine Kazadi ne se contente pas marquer l’histoire, elle l’écrit aussi avec sa plume. Poétesse et nouvelliste, elle habille les maux de la RDC avec les mots de la résilience. Congo, mots pour maux (2006) et Infi(r)niment femme (2009) sont les échos d’une âme engagée, tandis que son Hymne international des femmes pour la paix, composé en 2010, résonne comme une symphonie d’unité et d’espoir.

Briser les barrières

En 2020, Bestine Kazadi enfile un nouveau maillot, celui de présidente de l’AS Vita Club, devenant la première femme à diriger ce géant du football congolais. Elle est destituée de ce poste en novembre 2023. Néanmoins, face aux tempêtes et aux défis, elle a tenu le cap et prouvé que la gestion du sport n’a ni genre ni limites. Son passage ouvre la voie à une reconnaissance accrue des femmes dans les instances dirigeantes du football congolais, en particulier et africain, en général.

Aujourd’hui, en accédant à la vice-présidence de la CAF, la dirigeante congolaise amorce une nouvelle révolution et son élection porte la promesse d’une gouvernance plus inclusive, d’un football féminin mis en pleine lumière et d’un continent qui croit en la force de ses filles.

Kanizat Ibrahim, une pionnière pour représenter le football africain au sein de la FIFA

Nouvelle membre du Conseil de la FIFA, Kanizat Ibrahim avait intégré le Comex de la CAF le 12 mars 2021, à Rabat, après son élection comme 5ᵉ vice-présidente de la CAF, une première pour les Comores. Elle brisait un plafond de verre en devenant la première personnalité comorienne élue au comité exécutif de la CAF, figurant, à l’époque, parmi les seules deux femmes siégeant au sein d’un comité de 23 membres, aux côtés de Isha Johansen.

Mariée et mère de trois enfants, Kanizat Ibrahim est titulaire d’un diplôme d’études professionnelles approfondies (DEPA) en entrepreneuriat obtenu à l’Institut de la Francophonie pour l’entrepreneuriat à Maurice et d’un DESS en création d’entreprises et gestion de projets innovants de l’université Montesquieu Bordeaux IV, en France.

Après ses études, elle retourne aux Comores pour écrire sa propre success-story. Elle fonde Synercom, une entreprise spécialisée dans la vente de produits informatiques, la communication et l’événementiel, qui prospère depuis plus de 20 ans.

Mais sa passion pour le football, bien que longtemps restée en coulisses, finit par la propulser sur le devant de la scène. Issue du monde de l’entrepreneuriat plutôt que du sport, elle décide de franchir les lignes et saisit l’opportunité de transformer le football comorien. Elle passe avec succès le concours de la FIFA, intègre le Comité de normalisation de la fédération de football des Comores (FFC) et en prend la présidence, avec pour mission de remettre de l’ordre dans la gouvernance de la fédération, restaurer sa crédibilité et structurer son avenir. Elle occupe ce poste de novembre 2019 à janvier 2021. Chargée de restructurer la fédération et d’organiser les élections de son comité exécutif sous la supervision de la FIFA, elle a accompli sa mission avec brio, ouvrant une nouvelle ère pour le football comorien.

Son plus grand exploit reste d’avoir été l’architecte de l’épopée historique des Cœlacanthes, l’équipe nationale des Comores. Sous sa présidence, ces outsiders ont gravé leur nom dans la légende en se qualifiant, pour la première fois, à une phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), la 33ème édition, organisée en 2022 au Cameroun. Une qualification qui marque non seulement leur première apparition dans cette compétition, mais aussi dans un tournoi majeur, hissant les Comores sur la carte du football international.

Patrick Ndungidi
Journaliste et Storyteller
https://africanshapers.com

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