Francia Marquez est la plus haute autorité colombienne à visiter des pays africains depuis 26 ans. « Je suis la première femme afro-descendante vice-présidente de notre pays qui vient ici aujourd’hui. Mes ancêtres ont quitté ces terres il y a 400 ans en esclavage et aujourd’hui je reviens en liberté, sans chaînes, et en tant que vice-présidente de la République de Colombie », a déclaré Francia Márquez dans une interview avec le média Noticias Caracol.
Première Afro-colombienne à accéder à la vice-présidence du pays, Francia Marquez a déclaré le mois dernier, lors d’une audition devant la deuxième commission du Sénat colombien, que son voyage en Afrique s’inscrivait dans une stratégie visant à avoir « un rapprochement sans précédent avec ce continent », avec notamment l’ouverture de nouvelles ambassades colombiennes dans les pays africains et vice versa pour poursuivre les relations diplomatiques, l’accroissement des vols commerciaux directs de la Colombie vers les pays africains, en tant que stratégie pour créer de nouvelles routes touristiques, la signature d’accords avec les chambres de commerce africaines dans de multiples secteurs commerciaux, des alliances avec des organisations et des entités du secteur culturel pour promouvoir les échanges et de nouvelles opportunités.
Sa tournée de 8 jours, qui a officiellement débuté le 12 mai et s’est terminée ce 18 mai, l’a conduite en Afrique du Sud, au Kenya et en Éthiopie. La vice-présidente colombienne et sa délégation ont mis plus de 18 heures pour relier Bogota à Johannesburg. Après avoir quitté Bogota le 10 mai à 16h30, heure colombienne, la délégation est arrivée le 11 mai à 20h30, heure sud-africaine. Après une courte escale au Brésil, la vice-présidente colombienne a également fait escale au Gabon, où elle a été reçue par la vice-présidente du pays, Rose Christiane Ossouka Raponda, pour une rencontre protocolaire qui a eu lieu à l’aéroport militaire de Libreville, la capitale gabonaise.
Les deux vice-présidentes ont discuté pendant près d’une heure de l’importance de construire des relations entre le Gabon et la Colombie afin de promouvoir les opportunités pour les deux pays. A ce sujet, Rose Christiane Ossouka Raponda a exprimé à Francia Márquez Mina la nécessité d’une future visite d’État pour consolider les relations diplomatiques entre les deux pays. Lors de son escale au Gabon, en route vers l’Afrique du Sud, Françia Marquez a déclaré : Nous sommes déjà en Afrique ! C’est une grande joie pour moi d’être, une fois de plus, sur la terre de mes ancêtres. Cette fois, dans le but de consolider les relations diplomatiques, culturelles, touristiques, éducatives et commerciales avec le berceau de l’humanité . En ce moment nous sommes au Gabon ».
Enfin, la vice-présidente et sa délégation sont arrivées en Afrique du Sud à Pretoria se sont ensuite rendus à Johannesburg, où la tournée a officiellement débuté le 12 mai par une visite du célèbre Freedom Park, en compagnie du vice-président sud-africain Paul Mashatile.
Renforcer les relations politiques, économiques, commerciales et culturelles
L’objectif de la tournée de la vice-présidente africaine était de renforcer les relations politiques, économiques, commerciales et culturelles entre la Colombie et le continent africain. « Avec le cœur et avec une fierté totale, je dirige cet agenda de #ColombiaInAfrica, afin que notre pays renforce en termes de paix, les relations diplomatiques, culturelles et commerciales avec un continent avec lequel nous partageons des racines, et qui actuellement, est la région avec le plus grand potentiel de croissance économique dans le monde », a déclaré Francia Marquez. Au cours de cette tournée, la vice-présidente colombienne était accompagnée d’une délégation de plus de cinquante personnes, dont le ministre colombien de la Culture, Jorge Ignacio Zorro ; le vice-ministre du tourisme, Arturo Bravo ; et la vice-ministre de l’enseignement supérieur, Ana Carolina Quijano.
Rencontre avec les plus hautes autorités
Dans les trois pays visités, Francia Marquez a été reçue par les présidents des différents pays Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), William Ruto (Kenya), Sahle-Work Zewde (Ethiopie) ainsi que le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed. À Johannesburg, première étape de sa tournée, Francia Márquez a participé au Forum de haut niveau Colombie-Afrique du Sud avec le président de la Chambre de commerce et d’industrie sud-africaine, Mtho Xulu. Au Kenya, elle s’est rendue au siège de l’ONU, où les questions de justice climatique et de justice raciale ont été discutées.
Au Kenya, elle a également rencontré la présidente de la Cour suprême du Kenya, Martha K. Koome, première femme à présider la Cour suprême du pays.En Éthiopie, où elle a conclu sa tournée, elle a notamment rencontré la directrice exécutive du Nepad, l’éthiopienne Nardos Bekele-Thomas, et a visité le siège d’Ethiopian Airlines. Elle envisage également ouvrir l’ambassade de Colombie à Addis-Abeba, ville qui abrite le siège de l’Union africaine (UA), et qui sera la quatrième ambassade colombienne en Afrique subsaharienne, aux côtés de celles du Kenya, de l’Afrique du Sud et du Ghana. Elle a également rencontré des membres du Parlement panafricain et des commissaires de l’Union africaine , où la Colombie a le statut de membre observateur depuis 2008.
Relations Colombie-Afrique
Selon un document de la vice-présidence de la Colombie, l’Afrique est un continent important pour le pays car il s’agit non seulement de la région qui présente le plus fort potentiel de croissance économique au monde, mais aussi d’une région dont la population doublera d’ici à 2050. La zone de libre-échange continentale africaine, indique le document, est aujourd’hui la plus grande zone de libre-échange au monde, avec 54 pays signataires, qui prévoient d’éliminer 90 % des droits de douane sur les marchandises au cours des cinq prochaines années.
« Le pouvoir économique est tel que les ventes des entreprises colombiennes sur le continent africain ont augmenté de 158 % en 2022 par rapport à 2021, selon les chiffres du DANE. En 2022, les principaux pays acheteurs de marchandises colombiennes étaient la Côte d’Ivoire, l’Égypte, le Maroc, l’Afrique du Sud, le Gabon, le Nigeria, la Libye, le Sénégal, l’Angola et la République du Congo ».
De même, poursuit le document, l’Afrique du Sud, le Kenya et l’Éthiopie ont une grande expérience des processus de réconciliation et de paix. « Au niveau multilatéral, la présence et la participation de la Colombie à l’Union africaine, dont elle est membre observateur depuis 2008, devraient être renforcées. Parmi les domaines d’intérêt commun entre la Colombie et l’Union africaine figurent le changement climatique, la consolidation de la paix, l’autonomisation des femmes et l’éducation. La Colombie cherchera à soutenir les efforts de cette organisation régionale, encadrés par l’Agenda 2063 (un cadre stratégique de l’Union africaine pour la transformation socio-économique du continent, ainsi que pour les progrès en matière de sécurité, d’autosuffisance et de durabilité) ».
Cette visite, rappelle-t-on, n’est pas la première action menée par la vice-présidente Francia Márquez Mina dans le cadre de son mandat présidentiel visant à diriger le développement des relations entre le gouvernement du changement et les peuples afro et indigènes au niveau national et international. « Elle a tenu plusieurs réunions bilatérales avec des responsables de haut niveau de pays tels que le Nigéria dans le cadre de la COP27, ainsi qu’avec des ambassadeurs de pays africains auprès de l’ONU dans le cadre de leur participation au Conseil de sécurité de l’ONU à New York en janvier 2023. Il a également rencontré plus de 30 ambassadeurs d’Afrique et des Caraïbes lors de sa récente visite dans la capitale cubaine. Il a également tenu une réunion avec des représentants des chambres de commerce de six pays africains à l’invitation de la chambre de commerce de la capitale colombienne ».
