Nominée pour le prix Nobel de la Paix en 2018 et ambassadrice de bonne volonté d’ONU Femmes pour l’Afrique, depuis février 2018, Jaha Dukureh,31 ans, a annoncé, ce vendredi 15 octobre, sa candidature pour l’élection présidentielle en Gambie, prévue le 4 décembre 2021. Si elle est élue, elle deviendrait la plus jeune personnalité président d’une République au monde. Le président ou la présidente de la République de Gambie est élu(e) pour un mandat de cinq ans. Jaha Dukureh est membre du parti politique « The People’s Democratic Organisation for Independence and Socialism »(PDOIS).
À 31 ans, la gambienne Jaha Dukureh est considérée comme l’un des leaders émergents du continent africain. Elle a influencé et créé une législation clé pour les droits de l’homme et l’équité. En tant que candidate à l’élection présidentielle, indique-t-elle, son plan stratégique prévoit un soutien important et des infrastructures dans les secteurs les plus essentiels à la santé et à la prospérité.
Reconnue mondialement, Jaha Dukureh a mené avec succès des campagnes pour mettre fin aux mutilations génitales féminines et au mariage des enfants en Gambie. Elle estime être la candidate la plus qualifiée dans un pays dont l’âge moyen est de 18 ans et qui recherche de meilleures solutions en matière de soins de santé, d’accès à l’eau et d’éducation.
Sensibiliser aux mutilations génitales féminines
Née en Gambie en 1989, Jaha Dukureh a obtenu la nationalité américaine en 2015. Elle est devenue une militante pour un changement progressif majeur après avoir elle-même été victime de mutilations génitales féminines (MGF) quand elle n’était âgée que d’une semaine et a été contrainte à un mariage forcé à l’âge de 15 ans à New-York avec un homme plus âgé qu’elle. Un mariage qui avait été prévu des années avant. Jaha Dukureh est mariée et a des enfants issus de son second mariage.
Elle est titulaire d’une Licence (bachelors degree) de gestion de l’université Georgia Southwestern State, obtenue en 2013. La même année, elle a fondé « Safe Hands for Girls », une organisation dirigée par des survivantes, dont les programmes de base sensibilisent aux mutilations génitales féminines et à d’autres formes de violence à l’égard des femmes par le biais de l’éducation, du plaidoyer et de campagnes menées par des jeunes. L’organisation s’efforce de traiter les graves séquelles physiques et psychologiques que subissent les victimes de MGF, leur vie durant. Aux côtés d’organisations de femmes et de la société civile, le travail de Jaha Dukureh a conduit à l’interdiction des mutilations génitales féminines (MGF) et du mariage des enfants en Gambie en 2015, suite à une mobilisation des jeunes et à une campagne menée dans l’ensemble du pays.
Jaha Dukureh a également travaillé pour l’administration de l’ancien président américain, Barak Obama, en enquêtant sur le profil des MGF aux États-Unis et en participant après au Sommet pour mettre fin aux MGF, organisé en collaboration avec le United States Institute of Peace (Institut des États-Unis pour la paix). En tant que leader de la jeunesse, elle était déterminée à faire entendre sa voix et à sensibiliser l’opinion publique en Gambie et dans le monde. Elle est devenue la principale voix d’une nouvelle génération de femmes africaines qui se lèvent pour réclamer l’égalité des femmes. La plateforme de Dukureh, explique-t-on, exige le type de changement vigoureux pour lequel elle est désormais célèbre, en investissant davantage et plus efficacement dans les personnes. En outre, fait-on savoir, sa plate-forme garantit un accès de qualité aux soins de santé pour tous en fournissant des soins prénataux adéquats et en luttant contre la malnutrition infantile.
Jaha Dukureh se concentre actuellement sur le développement d’un mouvement dirigé par l’Afrique, le Mouvement des Grandes Sœurs, pour mettre fin aux MGF et au mariage des enfants d’ici 2030.
Mettre en place une éducation adéquate
Bien plus, indique-t-on, Jaha Dukureh promet le droit à une éducation adéquate, ce qui permettra de redynamiser l’économie grâce à une main-d’œuvre bien formée et robuste. Elle prévoit également d’importantes rénovations des infrastructures et des filets de sécurité sociale qui protègent les pauvres. « L’âge moyen en Gambie est d’environ 18 ans, ce qui signifie que la perspicacité et l’expérience de Dukuheh sont particulièrement appropriées. Sa vaste expérience internationale lui confère également une longueur d’avance en matière d’affaires étrangères. À une époque où le monde entier appelle à plus de leadership féminin et à une véritable égalité des sexes, la candidature de Dukureh fait écho aux mouvements progressistes du monde entier », note le communiqué de presse annonçant sa candidature.
Leadership éclairé
Le leadership de Jaha Dukureh, son courage et son plaidoyer éclairé, précise-t-on, ont joué un rôle essentiel dans l’engagement des chefs religieux dans la coalition de parties prenantes qui se consacrent à l’élimination des MGF en Afrique. Jaha Dukureh est également coprésidente de Youth The Inter-Party Committee of The Gambia, qui se compose de tous les partis politiques et de leurs dirigeants. Son rôle en tant que coprésidente est de promouvoir l’unité, la collaboration, la consolidation de la paix et les solutions communes aux défis auxquels la Gambie est confrontée.
Jaha Dukureh a été nommée ambassadrice d’ONU Femmes pour l’Afrique en février 2018. Dans ce rôle, elle soutient le plaidoyer d’ONU Femmes pour mettre fin aux MGF et au mariage des enfants en Afrique, en mettant l’accent sur la mobilisation des jeunes. Elle occupe un rôle similaire de conseillère à la Banque mondiale.
Le travail de Jaha Dukureh a été salué à l’échelle internationale, notamment par l’attribution de la médaille d’honneur Eleanor Roosevelt, ainsi que par la reconnaissance du Time comme l’une des 100 personnes les plus influentes au monde. Elle a été nommée Jeune Africaine de l’Année parmi d’autres récompenses notables.