Première femme procureure générale de la République du Kenya depuis l’indépendance du pays en 1963, Dorcas Agik Oduor est entrée dans l’histoire en prêtant serment, le mardi 20 août à la présidence de la République du Kenya et le vendredi 23 août, à la Cour suprême du Kenya. Pour sa part, Martha Koome est la présidente de la Cour suprême de justice du Kenya depuis le 21 mai 2021.
Dorcas Agik Oduor a succédé à Justin Muturi, nommée ministre de la fonction publique du Kenya, après avoir démissionné de son poste de procureur général.
La cérémonie de prestation de serment à la Cour suprême de justice du Kenya a été présidée par Martha Koome, présidente de cette institution et première femme à occuper ce poste dans le pays, entrée en fonction depuis le 21 mai 2021.
Dorcas Agik Oduor a prêté serment à la Cour suprême pour devenir membre de la commission du service judiciaire, une commission indépendante établie en vertu de l’article 171 de la Constitution du Kenya et dont le mandat est de promouvoir et de faciliter l’indépendance et la responsabilité du pouvoir judiciaire, ainsi que l’administration efficace, effective et transparente de la justice.
A cette occasion, Martha Koome a exprimé sa confiance dans les capacités de Dorcas Oduor à apporter une contribution significative au comité mixte de surveillance, compte tenu de sa vaste expérience de la profession juridique et de sa connaissance du système judiciaire kényan : « Nous avons travaillé en étroite collaboration avec elle lorsqu’elle était secrétaire des poursuites publiques et qu’elle participait activement aux activités du Conseil national sur l’administration de la justice. Je suis donc convaincue que sa voix, ses perspectives et ses idées enrichiront considérablement nos actions et nos décisions au sein de la Commission de la magistrature, en particulier en ce qui concerne la promotion de l’indépendance et de la responsabilité du pouvoir judiciaire, et le soutien à l’objectif de mise en place d’un système judiciaire axé sur les personnes au Kenya » a déclaré la présidente de la Cour suprême du Kenya.
Expérience approfondie du système de justice pénale au Kenya
Avocate à la Haute Cour du Kenya, expérimentée en matière de litiges, de rédaction et de conseils juridiques, Dorcas Oduor travaille au sein du ministère public kényan depuis 33 ans et a commencé sa carrière en tant qu’avocate de l’État en 1991. Elle a une connaissance et une expérience approfondies du système de justice pénale au Kenya.
Avant sa nomination, Dorcas Oduor était secrétaire du ministère public et l’adjointe principale au bureau du directeur des poursuites publiques du Kenya, l’autorité nationale chargée des poursuites, établie par la Constitution du Kenya (2010) pour engager des poursuites pénales contre toute personne devant tout tribunal autre qu’une cour martiale, pour toute infraction présumée avoir été commise.
L’Office était auparavant un département du bureau du procureur général de la République et assumait des responsabilités en matière de juridiction pénale pour la République du Kenya au nom du PGR. L’office a été dissocié du State Law Office en 2011 suite à la nomination du directeur des poursuites publiques dans le cadre du nouveau système constitutionnel.
Bien avant Dorcas Oduor a occupé diverses fonctions au sein de ce bureau , dont celles de chef du département des crimes économiques, internationaux et émergents, conseillère d’État adjointe et conseillère d’État (département du ministère public) au bureau du procureur générale de l’époque.
Elle a été membre de diverses agences/commissions, notamment présidente de la commission d’examen des aliénés mentaux (psychiatrie criminelle), conseillère adjointe de la commission Akiwumi sur les conflits fonciers, conseillère adjointe de la commission Bosire sur l’affaire Goldenberg, conseillère adjointe de la commission Kiruki sur les frères Arthur, co-secrétaire de la commission de réforme de la police (commission Ransley), présidente de la commission de psychiatrie criminelle (au nom du procureur général), membre du groupe de travail national sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Dorcas Oduor est titulaire d’une maîtrise en gestion des conflits internationaux, d’une licence en droit de l’université de Nairobi ainsi que d’un diplôme de droit de la Kenya School of Law.
Première femme présidente de la Cour suprême du Kenya
Pour sa part, Martha K. Koome a pris ses fonctions de 15e juge en chef et de présidente de la Cour suprême du Kenya le 21 mai 2021. En tant que présidente de la Cour suprême, elle préside la commission du service judiciaire, le conseil national de l’administration de la justice et le conseil national des rapports juridiques.
Avant d’être nommée juge en chef de la République du Kenya, elle était juge principal à la Cour d’appel, où elle a dirigé la division pénale de la Cour et a présidé les comités qui ont élaboré les instructions pratiques de la Cour d’appel en matière d’appels civils et pénaux, ainsi que le manuel du greffe qui a normalisé l’expérience du greffe au sein de la Cour.
Martha Koome a rejoint la magistrature en 2003 en tant que juge de la Haute Cour, où elle a exercé jusqu’en 2011. Au cours de cette période, elle a notamment assumé les fonctions de juge résidente de la Haute Cour à Nakuru et Kitale et de chef de l’ancienne division des affaires foncières et de l’environnement de la Haute Cour à Nairobi.
Titulaire d’une licence en droit de l’université de Nairobi, d’un diplôme de troisième cycle en droit de la Kenya School of Law et d’une maîtrise en droit de l’université de Londres., Martha Koome a été admise au barreau du Kenya en 1987. Par la suite, elle a exercé, pendant 15 ans, la profession d’avocat dans les domaines de la cession de biens immobiliers, du droit commercial, du contentieux civil, du contentieux pénal et du droit de la famille. Elle s’est également engagée activement dans de nombreux projets de service communautaire et a promu les questions relatives aux enfants et à la famille par le biais de services bénévoles et pro bono.
En 2020, Martha Koome a été élue deuxième personnalité de l’année 2020 par les Nations unies au Kenya pour son leadership et son action en faveur des droits de l’enfant.
Par ailleurs, Martha Koome a participé au processus de révision de la loi qui a donné naissance à la Constitution du Kenya de 2010. En 2019, elle est devenue présidente de l’association des magistrats et des juges du Kenya (KMJA) ainsi que représentante de l’association des magistrats et des juges d’Afrique de l’Est.
Martha Koome a également participé à la création de l’East African Law Society en 1995 et en a même été la première trésorière. Elle a participé aux discussions en vue de l’adoption du traité de la Communauté de l’Afrique de l’Est et des institutions de la Communauté, telles que la Cour de justice de l’Afrique de l’Est. En 1997, elle a été élue présidente de la Federation of Women Lawyers Kenya Chapter (FIDA Kenya) et a occupé ce poste pendant deux mandats consécutifs.
En 2005, Martha Koome a été membre du comité de l’Union africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant.