L’information est contenue dans le rapport 2020 de l’Indice d’ouverture sur les visas en Afrique publié, le jeudi 10 décembre, par la Commission de l’Union africaine et la Banque africaine de développement. Un rapport publié quelques jours avant l’entrée en vigueur de la zone de libre échange continentale africaine (ZLECA). En effet, le 5 décembre 2020, lors d’un sommet virtuel, les chefs d’Etat africains se sont accordés sur la date du 1er janvier 2021 pour le début des échanges, comme prévu dans l’Accord sur la ZLECA.
L’Indice d’ouverture sur les visas en Afrique mesure le degré d’ouverture des pays d’Afrique en matière d’attribution des visas en examinant les conditions d’attribution qu’ils exigent des citoyens des autres pays d’Afrique. L’Indice suit l’évolution dans le temps des performances des pays afin de montrer quels sont ceux qui apportent des améliorations contribuant à la libre circulation des personnes à travers l’Afrique.
Ce rapport indique que 54 % des pays du continent, un pourcentage record, sont accessibles aux voyageurs africains sans visa ou qui peuvent en obtenir lors de leur arrivée dans le pays de destination.
En outre, souligne le document, en 2020, la Gambie a rejoint les Seychelles et le Bénin comme pays autorisant l’entrée sur leurs territoires sans visa à l’ensemble des voyageurs africains. Le rapport souligne également que 24 pays africains délivrent des visas électroniques, ce qui représente 44 % des pays du continent.
Bien plus renseigne le rapport, 20 pays ont progressé dans le classement de l’indice d’ouverture des visas en Afrique et les Africains peuvent obtenir des visas à leur arrivée dans 28% des pays africains. En outre, les Africains n’ont pas besoin de visa pour voyager dans 26% des autres pays africains.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et l’Union du Maghreb arabe (UMA) sont les régions en Afrique les plus performantes en matière de réciprocité de visas.
Les pays qui ont les plus progressé
Selon le rapport, 10 pays qui ont le plus progressé dans l’indice entre 2016-2020 offrent également des eVisas : Angola, Bénin, Ethiopie, Gabon, Malawi, Nigeria, São Tomé et Príncipe, Sierra Leone, Tunisie et Zimbabwe). Bien plus, 6 pays qui ont le plus progressé sur l’indice entre 2016-2020 sont situés en Afrique de l’Ouest : Bénin, Gambie, Sénégal, Ghana, Nigeria et Sierra Leone. 7 pays qui ont maintenu des scores élevés ou ont augmenté leurs scores élevés sur l’indice se trouvent en Afrique de l’Est : Seychelles, Comores, Djibouti, Somalie, Ouganda, Kenya et Rwanda.
La Gambie, indique le rapport, s’est hissée au sommet de l’indice d’ouverture des visas, progressant de 19 places en 2020 en offrant une entrée sans visa à tous les voyageurs africains et en doublant presque son score l’année dernière. En septembre 2019, le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et des Gambiens à l’étranger a déclaré le pays une zone sans visa pour tous les vols charters et réguliers. Cette décision s’applique aux citoyens de l’Union africaine et à ceux du Commonwealth et de certains pays.
« Figurant parmi les plus performants de l’indice au cours des cinq dernières années, la Gambie a totalement libéralisé sa politique des visas conformément à son engagement en faveur de l’intégration africaine, après avoir signé le protocole sur la libre circulation des personnes et le marché unique du transport aérien africain en plus d’avoir ratifié la Zone de libre-échange continental africaine (ZLECAF) », indique le rapport.
Pour sa part, indique le rapport, le Nigeria est entré dans le Top 10 des pays de l’Indice pour la première fois, gagnant 22 places depuis la dernière édition, réalisant une augmentation record de 153% de son score d’ouverture des visas l’année dernière. « La politique des visas du Nig »ria 2020 fait partie du programme de réforme du pays dans le cadre de la stratégie des frontières du service national d’immigration 2019-2023, et comprend une augmentation du nombre de classes de visas pour mieux relier les visas au but du voyage. Un nouveau système d’information sur la gestion des frontières est également en cours de déploiement, qui met davantage l’accent sur la technologie et l’automatisation pour améliorer la sécurité et la transparence. Des eVisas biométriques sont également disponibles », indique le rapport.
L’assouplissement de la politique des visas, indique le rapport, vise à attirer les investisseurs et les compétences, à stimuler le commerce et à promouvoir le tourisme. « Le Nigeria se classe parmi les plus grandes économies africaines en termes de contribution des voyages et du tourisme au PIB, totalisant 18,1 milliards USD en 2019 selon le World Travel ans Tourism Council (WTTC). En tant que plaque tournante du commerce, de la technologie et des investissements sur le continent, le Nigeria a fait de grands progrès pour améliorer ses environnement des affaires. Grâce aux réformes du pays concernant l’enregistrement des entreprises, l’entrée et la sortie de biens et de personnes, la transparence et l’information, le Nigeria a gagné 15 places dans l’indice Doing Business 2020 de la Banque mondiale. Dans le même temps, le pays a signé en faveur de la zone de libre-échange continentale africaine en 2019 et se propose de la ratifier, tout en mettant en place un comité national d’action sur l’accord ».
Pour sa part, souligne le rapport, la Sierra Leone s’est rapprochée du top 20 des pays les plus ouverts aux visas de l’indice en 2020, gagnant 11 places dans le classement et améliorant son score de 60% depuis la dernière édition de l’indice. En septembre 2019, le service de l’immigration du ministère de l’Intérieur de la Sierra Leone a annoncé que tous les visiteurs africains pourraient obtenir des visas à leur arrivée en Sierra Leone moyennant des frais de 25 USD et que, dans le même temps, les ressortissants de la CEDEAO pourraient entrer dans le pays sans visa.
« La Sierra Leone, avec un total de 179 améliorations, est l’un des pays figurant parmi les destinations africaines de l’organisation mondiale du tourisme (OMT) qui ont le plus amélioré les procédures de visa au cours de la dernière décennie. La politique des visas s’inscrit dans les efforts du pays pour stimuler les arrivées de touristes et augmenter les recettes du tourisme, assorties d’initiatives visant à réduire les prix des billets d’avion pour accroître la compétitivité. La Sierra Leone est considérée comme une destination émergente pour les visiteurs et se classe au 7e rang du Top 20 selon les rapports du WTTC.46 Le secteur a contribué pour 12,9% à la croissance du PIB en 2019, ajoutant 3,9 milliards de dollars à l’économie globale », indique le rapport.
En outre, précise le rapport, conformément à la dynamique d’intégration plus étroite sur le continent, la Sierra Leone a signé le protocole de libre circulation des personnes et le marché unique du transport aérien africain, ainsi que la ratification de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). En 2020, selon l’indice Doing Business de la Banque mondiale, le pays a également encouragé une accélération des échanges transfrontaliers. En outre, un atelier a eu lieu en 2020 pour valider la stratégie commerciale nationale en ligne avec la ZLECAf pour repositionner le pays vers des biens et services plus diversifiés.
Impact négatif de la pandémie
Selon le rapport, la hausse tendancielle des pays d’Afrique à libéraliser leurs conditions d’attribution des visas et à accueillir plus facilement les voyageurs africains se poursuit. Cette cinquième édition de l’Indice souligne néanmoins l’impact négatif de la pandémie de Covid-19, qui menace les gains économiques du continent au cours des dernières années autant dans le tourisme que dans le secteur des investissements productifs. « Alors que les restrictions sur les voyages s’assouplissent et que des mesures de sécurité sont mises en place pour contenir la pandémie, il est essentiel de soutenir les progrès et la dynamique favorables à des déplacements plus faciles en Afrique », fait-on savoir.
Malgré les gains réalisés, les résultats montrent que les Africains ont encore besoin de visas pour voyager dans 46 % des pays du continent. Les pays d’Afrique de l’Est et d’Afrique de l’Ouest obtiennent les meilleurs scores parmi les pays les plus performants et font office d’exemples pour les autres régions.
« Les conclusions, qui découlent de l’Indice, font ressortir la nécessité de donner la priorité à des réponses en matière d’ouverture sur les visas dans les grandes et les petites économies, les gains les plus importants allant aux entreprises, aux investissements, à l’innovation et au tourisme. Faciliter davantage la libre circulation des personnes, des biens et des services va devenir encore plus important à partir du 1er janvier 2021, date du démarrage des échanges commerciaux dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) », indique la Banque africaine de développement.
« Comme le montre l’évolution des répercussions de la pandémie de Covid-19, les pays doivent de plus en plus regarder au-delà de leurs frontières nationales pour améliorer leurs perspectives économiques. L’ouverture sur les visas aidera l’Afrique à repositionner sa croissance à venir », a déclaré Khaled Sherif, vice-président de la Banque africaine de développement, chargé du développement régional, de l’intégration régionale et de la prestation de services.
Assouplissement des restrictions
Selon la BAD, près de la moitié des lieux de destination en Afrique connaissent un assouplissement des restrictions de déplacement, conformément aux plans de gestion de lutte contre la pandémie. Cependant, la sûreté et la sécurité des voyages restent au premier plan dans l’esprit des décideurs et des citoyens en ce qui concerne l’ouverture des frontières alors que les gouvernements sont en train d’actualiser leurs règles en matière d’autorisation de voyager.
« Comme le moment est venu de rouvrir et de relancer en toute sécurité les économies en Afrique, il est impératif de mettre en place des mesures qui propulsent le continent et l’ensemble de ses citoyens vers l’avenir. La libéralisation des conditions d’attribution des visas d’un pays est un outil politique qui peut être rapidement adopté pour parvenir à cela », a déclaré l’ambassadeur Kwesi Quartey, vice-président de la Commission de l’Union africaine.
Classement des pays Africains en termes de visas