Marcelline Buzda est la fondatrice de la coopérative Rebuild Women’s Hope (RWH), située sur l’île d’Idjwi, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). L’agronome congolaise a reçu ce prix pour le travail qu’elle réalise avec sa coopérative de café qui vise à garantir les droits financiers des femmes et à accroître leur participation à la société. Le prix marque le début des Oslo Peace Days de cette année.
L’île d’Idjwi est située au Sud-Kivu, dans l’est de la RD Congo, avec une population de 250 000 habitants et une superficie de 340 km². L’île est composée de plages et de criques et une végétation généreuse (eucalyptus, bougainvilliers, café, ananas, orangers) pousse jusqu’à 2000 mètres d’altitude . Le lac est situé à près de 1 500 mètres d’altitude. L’île d’Idjwi n’est pas connectée au réseau du système national d’électricité, de sorte que l’énergie de l’île provient principalement de générateurs et de panneaux solaires, et une grande partie de l’île manque d’eau potable et de routes pavées.
Malgré tout le potentiel de l’île, Idjwi est essentiellement «enclavée» en raison de sa position géographique au milieu du lac Kivu. Et cela signifie que la plupart des ONG nationales et internationales la laissent à son propre sort. En conséquence, l’agriculture occupe une place prépondérante dans l’émancipation des femmes d’Idjwi. Dans le passé, les femmes n’ont pas bénéficié du même travail que les hommes en raison de la discrimination à de nombreux niveaux, de l’éducation à l’économie en passant par le social.
Assurer une sécurité financière aux femmes
La coopérative de café Rebuild Women’s Hope, explique-t-on, œuvre pour assurer aux femmes une sécurité financière et sociale. Marcelline Budza, indique-t-on, travaille activement pour garantir les droits des femmes dans une société marquée par les conflits et l’oppression. Depuis la création de la coopérative en 2013, plus de 5 000 femmes ont eu une vie meilleure grâce à son courage et à son travail acharné. « C’est un grand plaisir de féliciter Mme Budza d’avoir reçu le Prix des droits de l’homme de l’UiO », a déclaré le recteur de l’université d’Oslo, Svein Stølen.
Rebuild Women’s Hope est une initiative qui garantit l’indépendance financière et la sécurité des femmes dans l’est de la République démocratique du Congo. Les femmes reçoivent une formation et la possibilité de devenir des productrices de café financièrement autonomes. En plus de permettre aux femmes de prendre leur vie en main, Marceline Budza, explique-t-on, travaille à fournir de l’eau potable et des services de santé. « Nous savons que cela est crucial pour la santé des femmes et des enfants, et son engagement crée d’énormes effets d’entraînement positifs », a déclaré Stølen.
En date du 15 décembre RWH a inauguré le premier Centre Hospitalier maternel et pédiatrique qu’elle a construit à idjwi et qui soulagera plus de 100000 femmes en soins maternels. « Je suis fière de cette œuvre grandiose que la femme de RWH vient d’accomplir », a déclaré Marceline Budza.
Une « lauréate digne »
Marcelline Budza, rappelle-t-on, est agronome de formation, et elle-même a vécu comment sa mère, en tant que parent monoparentale, devait lutter pour assurer les moyens de subsistance nécessaires à la famille. « Mme Budza est une jeune et courageuse femme bien connue pour son travail de défense des droits humains et de garantie de la sécurité des femmes dans un pays qui a longtemps été marqué par la guerre civile, la corruption et les violations des droits des femmes. Elle est une lauréate très digne et nous lui souhaitons bonne chance dans son important travail », a déclaré le vice-recteur et président du comité des prix, Gro Bjørnerud Mo.
En 2017, RHW a remporté le concours « Saveur du Kivu », une compétition annuelle de dégustation de café pour les coopératives en RDC. Le résultat a été mutuellement bénéfique pour les femmes et leurs communautés qui ont reçu un prix plus élevé pour leur café et ont pu se préparer ultérieurement à de futurs projets, tels que de nouvelles stations de lavage et de meilleures conditions de vie.
En reconnaissance de son propre travail, Marceline Budza a reçu le prix humanitaire Robert Burns en 2017, qui récompense le travail altruiste et vital qui est entrepris dans le monde pour aider les autres. Marceline Budza a été reconnue pour son rôle dans la transformation de la vie des femmes en RDC. Néanmoins, pour la jeune agronome, sa vraie satisfaction est de de partager les histoires et les expériences de vie des femmes congolaises au niveau international. Son objectif est de voir RWH et les productrices congolaises de café parler de manière indépendante avec les acheteurs sans hommes comme intermédiaires, adopter l’esprit d’entreprise, créer plusieurs stations de lavage du café et construire leur propre moulin à café.
«Mon rêve est de voir les femmes devenir autonomes et indépendantes parce qu’elles sont capables, de voir les femmes comprendre que malgré [les circonstances], elles peuvent toujours se lever et changer les choses Je veux que les femmes congolaises comprennent qu’elles n’ont pas à être découragées malgré le peu d’opportunités qu’elles ont, les défis auxquels elles sont confrontées ou la violence à laquelle elles sont confrontées», a déclaré Marcelline Mabudza lors d’une interview.
Le Prix des droits de l’homme de l’université d’Oslo est décerné chaque année en reconnaissance de grands efforts personnels et d’une implication active en faveur de la promotion des droits de l’homme dans un sens plus large du concept. Le lauréat reçoit 10 000 euros et une lithographie de Frans Widerberg.
Le Prix des droits de l’homme de l’UiO a été créé par le biais du Fonds Lisl et Leo Eitinger. Leo Eitinger était un humaniste juif norvégien, médecin et professeur de psychiatrie à l’université d’Oslo. Avec sa femme, il a créé le Lisl and Leo Eitinger Fund en 1984. Le prix des droits de l’homme a été décerné pour la première fois en 1986 à Elie Wiesel.