Originaire du Zimbabwe, où elle est née et a grandi, Pelagia Maria Majoni est actuellement étudiante en troisième année au Haverford College, en Pennsylvanie, aux USA. Elle recevra sa Licence en informatique, avec une mineure en études africaines du Haverford College en 2022.
Une grande partie de la population du Zimbabwe n’a pas accès à l’électricité. Pour résoudre ce problème, Pelagia Majoni a inventé une batterie écologique, en utilisant des pommes de terre en décomposition disponibles localement. Les pommes de terre produisent un courant et une tension élevés et, lorsqu’elles sont connectées en série, elles peuvent être utilisées comme batteries bon marché et respectueuses de l’environnement. Pelagia Majoni a ainsi eu l’idée de cette source d’électricité bon marché et durable», en mettant en place une technologie qui permettrait à des pommes de terre en décomposition d’alimenter une batterie pendant 30 jours.«
Une innovation qui a changé le cours de sa vie
Cette innovation lui a valu la médaille d’argent, en 2017, à l’Eskom Expo South Africa International Science Fair et le 2e prix au salon international des sciences et de l’ingénierie Intel 2017, de la catégorie « Génie électrique », devenant la première Zimbabwéenne à remporter un prix lors de ce concours. En outre, pour honorer cette spectaculaire innovation, le laboratoire Lincoln du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) a nommé un astéroïde en son honneur, faisant de Pelagia Majoni la première femme africaine à avoir un astéroïde portant son nom. Le MIT Lincoln Lab nomme les astéroïdes nouvellement découverts du nom des meilleurs jeunes scientifiques brillants. L’astéroïde qui porte de nom de Pelagia Majoni, indique la NASA, a été découvert le 25 août 2000 par l’équipe de recherche sur les astéroïdes géocroiseurs du Lincoln Laboratory à Socorro, dans l’Etat du nouveau Mexique, aux USA.
Cette innovation a également permis à Pelagia Majoni d’obtenir une bourse d’études du Haverford College of Pennsylvania pour poursuivre des études de premier cycle en informatique, après avoir effectué ses études secondaires au Queen Elizabeth Girls High School, à Harare, au Zimbabwe.
Etudiante visionnaire
En mars 2020, Pelagia Majoni a remporté le Prix Abie « Student Of Vision », qui récompense les femmes dont les réalisations et les histoires de vie démontrent le pouvoir de chacun d’améliorer le monde, individuellement et collectivement. Le prix lui a été décerné dans le cadre du Grace Hoper Célébration (GHC) of Women in Computing, le plus grand rassemblement mondial de femmes en informatique et qui est une série de conférences conçues pour mettre en avant les intérêts de recherche et de carrière des femmes dans le domaine de l’informatique. Le prix Student of Vision comprend un prix en espèces de 15 000 Usd, ainsi que des jetons de présence et des conférences lors de la célébration Grace Hopper .
Bien qu’initialement en proie au «syndrome de l’imposteur», Pelagia Majoni a néanmoins postulé pour le prix. « Ma mère et mon professeur de mathématiques ont cru en moi et au travail que j’ai accompli jusqu’à présent pour soutenir les femmes dans le domaine de la technologie. Quatre mois plus tard, GHC m’a contacté et m’a dit que j’étais le lauréat 2020 de Student of Vision. J’étais incrédule. J’ai crié, pleuré et souri. Je me suis senti rassuré que mes efforts visant à autonomiser les femmes et les Africains pour résoudre les problèmes dans nos communautés étaient reconnus comme efficaces », a-t-elle déclaré.
Relever les défis de l’Agriculture au Zimbabwe grâce à la technologie
Pelagia Majoni, ont expliqué les organisateurs du prix, a été récompensée car elle utilise ses compétences d’ingénieur pour relever les défis de l’agriculture et des infrastructures dans son pays d’origine, le Zimbabwe. La jeune étudiante, a-t-on expliqué, a fondé et dirigé de nombreux projets technologiques dans le but «d’avoir un impact phénoménal sur les filles au Zimbabwe». Son travail consiste en des ateliers de programmation qui favorisent l’accès à l’éducation STEM, et renforcent simultanément les compétences technologiques et de main-d’œuvre dont le Zimbabwe a besoin pour relever ses défis d’accès à l’énergie et d’approvisionnement alimentaire.
En 2018, Pelagia Majoni avait eu l’occasion de visiter les écoles primaires et secondaires de Kapoto dans les zones rurales du Zimbabwe. Pendant cette visite, elle a été troublée par le seul petit repas par jour auquel les élèves avaient droit . Cela était dû à une pénurie alimentaire due à la faible pluviométrie du pays. Pelagia Majoni a vite appris que plus de 60% de la population du Zimbabwe est en situation d’insécurité alimentaire. Elle a vu cela comme une opportunité d’utiliser la technologie et la programmation pour résoudre un problème. Mais, à l’époque, elle ne savait pas coder et ne possédait même pas un ordinateur. Depuis lors, ses connaissances en programmation et en informatique se sont développées et elle a maintenu son intérêt à combiner l’agriculture et la technologie pour résoudre ce problème critique.
Leader estudiantin
En 2019, Pelagia Majoni était retournée au Zimbabwe pour donner un cours d’introduction à la programmation à 15 élèves du secondaire. Inspirée par eux, elle est retournée aux USA et a mené une équipe à la victoire, lors d’un hackathon de l’université de Pennsylvanie avec une application Web permettant aux étudiants d’accéder à des ressources gratuites pour apprendre la programmation de manière autonome. En 2020, grâce au soutien du Zimbabwe Science et du Koshland Natural Sciences Center and Center for Peace and Global Citizenship de Haverford, elle poursuit ses travaux d’ingénierie sur cette application, qui rendra disponibles des manuels de programmation et d’autres ressources d’apprentissage pour les étudiants du Zimbabwe.
Golden Gate Project
Pelagia Majoni travaille actuellement à la construction d’un laboratoire appelé « Golden Gate Project », qui vise à donner aux filles et aux garçons du secondaire au Zimbabwe la possibilité de développer des technologies qui augmenteront les rendements agricoles. Dans le cadre de ce laboratoire, Pelagia Majoni enseigne chaque été un cours d’introduction à la programmation à l’ambassade des États-Unis au Zimbabwe. Ce cours est enseigné parallèlement à un projet agricole et d’élevage, dans le but d’inciter les étudiants à réfléchir à la façon dont ils peuvent utiliser leurs compétences techniques nouvellement acquises pour automatiser et rendre les processus agricoles plus efficaces.
Son effectif d’étudiant, explique-t-on, comprend plus de 40% de filles et, une fois le cours de deux semaines terminé, Pelagia Majoni entretient des liens personnels avec ces étudiants pour les encourager à poursuivre une carrière dans les STEM.
Innovatrice multi primée
Le comité de sélection du prix Abie 2020 a salué la vision de Pelagia Majoni et de son projet Golden Gate, notamment qui vise à augmenter les rendements des cultures au Zimbabwe de 5% grâce à l’utilisation de nouvelles technologies. Pelajia Majoni a reçu la bourse du Centre pour la paix et la citoyenneté mondiale de l’université de Chicago pour ce travail. Elle a également créé un programme python et PSQL pour visualiser des exemples de données de culture, afin d’augmenter la productivité des fermes.
Pelagia Majoni a été stagiaire chez Warner Bros, Pinterest et Microsoft. Elle est aussi actuellement membre de « Rewriting The Code », une organisation nationale à but non lucratif qui vise à autonomiser une communauté d’étudiantes passionnées par la technologie. Elle a remporté de nombreux autres prix, dont l’une des 10 récentes bourses Palantir Women in Technology et une bourse Microsoft Women in Computing qui lui a permis de participer au GHC 2019.
Pelagia Majoni prévoit d’utiliser l’apprentissage automatique et la science des données pour résoudre les problèmes de société qui sévissent dans son pays d’origine. Son rêve est de créer un Zimbabwe sans «enfants des rues» et souhaite devenir un modèle pour les filles africaines afin qu’elles soient conscientes qu’elles peuvent aussi graver leur nom dans le temple de la renommée des sciences et de l’ingénierie.