Union africaine : le docteur Jean Kaseya a pris ses fonctions de Directeur général des CDC Africa

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Elu le 18 février dernier par les chefs d’Etat africains, lors du 36ème sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, le médecin congolais a pris ses fonctions le lundi 17 avril. Il a eu des échanges bilatéraux notamment avec la vice-présidente de la Commission de l’UA, l’économiste rwandaise, Monique Nsanzabaganwa.

Le Dr. Jean Kaseya a été élu au détriment de l’ancien directeur par intérim du CDC Afrique, le Kényan Ahmed Ogwell Ouma, et Magda Robalo Correia E Silva, ancienne ministre de la santé de la Guinée-Bissau. Le processus de recrutement a duré environ un an et a enregistré 180 candidatures. La candidature du Dr. Jean Kaseya avait été présenté par le gouvernement congolais. « Avec ce vote , la RDC vient de signer une grande victoire diplomatique en arrachant ce poste. C’est la plus grande fonction permanente après le passage de Gérard Kamanda comme secrétaire général de la défunte OUA en 1972. C’est aussi la preuve que la RDC a repris sa place au sein de cette institution dont elle était exclue du droit de vote », avait fait savoir la Présidence de la République.

Premier Directeur général

A son nouveau poste, le Dr. Kaseya dispose d’un contrat de quatre ans, basé à Addis-Abeba, avec une période probatoire d’un an. Le contrat peut être renouvelé une fois.

Le Dr. Jean Kaseya est le premier directeur général des Centres africains pour la surveillance et la prévention des maladies (CDC). Son prédécesseur, le Dr. John Nkengasong, d’origine camerounaise, n’était que directeur. En effet, il y a près d’un an, les chefs d’État africains ont voté pour permettre aux CDC de passer du statut d’institut technique spécialisé de l’Union africaine à celui d’agence de santé publique. Les CDC africains fonctionnaient précédemment comme division technique de l’UA. Ils sont désormais financés par l’UA en tant qu’organisation indépendante. Ce qui que donne à l’agence plus d’autorité, de flexibilité et de rapidité pour répondre aux urgences de santé publique. Ce changement donne également plus de pouvoirs au nouveau directeur général. Ce dernier rendra compte au président de l’Union africaine (UA) et aura le pouvoir de convoquer les chefs d’État sur des questions de santé publique, ce qui n’était pas le cas d’un directeur. Ce dernier devait écrire des mémos et les faire examiner par une hiérarchie, ce qui provoquait des retards dans la réponse aux épidémies par les centres. Maintenant, le directeur des CDC peut déployer plus rapidement le personnel pour répondre aux épidémies. Les CDC africains continueront à dépendre de la Commission de l’UA, mais sur une base trimestrielle, similairement à la façon dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dépend des Nations unies

Le Dr Jean Kaseya plus de vingt ans d’expérience dans le domaine de la santé publique au niveau de la RDC et sur le plan international. Dans ses nouvelles fonctions, il est chargé de diriger les CDC dans leur quête de sécurité sanitaire mondiale pour les populations de toute l’Afrique. Il s’agit notamment de renforcer la surveillance des maladies, de collaborer avec les pays pour consolider les systèmes de santé et de répondre aux urgences sanitaires.

Le Dr. Jean Kaseya a travaillé pendant neuf ans à l’UNICEF, deux ans à Gavi, l’Alliance du vaccin, ainsi qu’à l’Organisation mondiale de la santé et au gouvernement de la République démocratique du Congo, où il a été responsable de la vaccination systématique et conseiller principal de l’ancien président congolais, Laurent-Désiré Kabila. Il a récemment travaillé pour la Clinton Health Access Initiative, où il a été directeur national principal pour la RDC et chef de l’équipe mondiale pour le travail sur la plate-forme africaine de diagnostic sanitaire avec la Banque européenne d’investissement.

Nouveau Pacte

Dans le document soumis pour sa candidature et où il expose sa vision, indique le site spécialisé devex.com, le Dr. Jean Kaseya évoque ce qu’il appelle « le nouveau pacte », qui vise à instaurer une « nouvelle culture de gestion » au sein de l’organisation, tout en poursuivant la mise en œuvre du nouvel ordre de santé publique du CDC pour l’Afrique, lancé par son premier dirigeant, le Dr John Nkengasong. Le nouvel ordre de santé publique est ancré dans les principes de l’appropriation continentale de la sécurité sanitaire. « Un Africa CDC techniquement fort, qui compte des experts de premier plan parmi son personnel, qui est adéquatement financé et efficace en matière de budgétisation, qui dispose d’équipes d’intervention rapide fiables sur le terrain en temps de crise, et qui contribue à la construction d’une Afrique résiliente capable de détecter, de prévenir et de contrôler efficacement les maladies pour la réalisation de la [couverture sanitaire universelle], des ODD et de l’agenda 2063 de l’UA » sera au cœur de son mandat, écrit le médecin congolais. Ce dernier, poursuit devex.com, a noté que l’Africa CDC a un grand nombre de postes vacants, des processus administratifs « lourds » et une gestion financière et logistique faible qui comprend « un manque de contrôles internes, des règles financières et des mécanismes de responsabilité inadéquats, et un processus d’approvisionnement sous-optimal ».

Une taxe pour financer la santé

En outre, indique-on, le Dr. Jean Kaseya a noté qu’en 2020, l’Africa CDC n’a utilisé que 39 % de son budget opérationnel provenant des donateurs, malgré la pandémie de COVID-19 en cours et d’autres urgences sanitaires. Il a également écrit que l’Africa CDC souffre d’un manque de responsabilité – il fonctionne actuellement sans plan stratégique ni rapports annuels accessibles au public pour 2021 ou 2022, qui sont nécessaires pour que l’agence tire les leçons de ses erreurs et corrige sa trajectoire. Cette situation, selon le nouveau directeur général, entraîne une perte de confiance dans l’Africa CDC. En outre, fait-on savoir, pour permettre notamment aux CDC d’accéder à une autonomie financière,  le Dr. Jean Kaseya aimerait que le continent mette en place une « taxe aérienne africaine » – une taxe sur les passagers des compagnies aériennes pour financer le soutien sanitaire de l’Africa CDC aux pays. Cette taxe, selon lui, pourrait, selon lui, générer chaque année jusqu’à 300 millions de dollars.

Au cours des 100 premiers jours de son mandat, fait-on savoir, il prévoit de s’entretenir avec les partenaires et le personnel afin de comprendre les besoins, de publier un plan stratégique et d’anciens rapports annuels, dans le but de prendre des décisions pour corriger rapidement les lacunes et restaurer la crédibilité de l’organisation. Il prévoit également d’organiser une réunion de reconstitution des ressources afin de collecter des fonds dans l’espoir de « développer une nouvelle voie de mobilisation des ressources.

 

 

Patrick Ndungidi
Journaliste et Storyteller
https://africanshapers.com

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