Né en Côte d’Ivoire, de parents originaires du Burkina Faso, Yao Ydo a été nommé directeur du bureau international d’éducation de l’UNESCO (BIE-Unesco) en avril 2021, par la directrice générale de l’Unesco, la française Audrey Azoulay. Yao Ydo est la deuxième personnalité africaine à diriger le BIE-Unesco, et succède à la botswanaise Mmantsetsa Marope qui a dirigé l’organisation de 2014 à 2020. Yao Ydo a été nommé directeur par intérim du BIE-UNESCO en Août 2020.
Basé à Genève, le Bureau international de l’éducation (BIE), indique-t-on, est le Centre mondial d’excellence en matière de curriculum. En tant qu’institut spécialisé de l’UNESCO, le BIE met à la disposition des Etats membres les connaissances et les compétences techniques afin de promouvoir à l’échelle mondiale une nouvelle vision commune des enjeux relatifs au curriculum. Pour ce faire, le BIE propose un soutien technique et pratique dans les principaux domaines qui influencent l’offre d’une éducation équitable et de qualité pour tous dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Créé en 1925 par un groupe de pédagogues de renom, le BIE est devenu, en 1929 la première organisation intergouvernementale dans le domaine de l’éducation, établie afin de promouvoir la paix par le biais de l’éducation. C’est en 1969, que le BIE est devenue partie intégrante de l’UNESCO, en qualité de centre international en matière d’éducation comparée.
Yao Ydo justifie de plus de 24 ans d’expérience à l’UNESCO. Avant de rejoindre le BIE, il a travaillé avec le bureau régional multisectoriel de l’Unesco à Abuja, où il occupait le poste de directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et représentait l’Unesco au sein de la CEDEAO.
Yao Ydo est titulaire d’un doctorat en linguistique et didactique des langues de l’université de Grenoble (France) et d’un diplôme de troisième cycle en diplomatie et études stratégiques, obtenu au Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris. Il est aussi titulaire d’une Maîtrise en anglais de l’université de Ouagadougou (Burkina Faso). »
Yao Ydo a débuté sa carrière à l’Unesco en 1997 au siège de l’organisation à Paris, dans le secteur de l’éducation de base et de l’alphabétisation, comme expert associé. Son expérience professionnelle a été acquise sur le terrain dans différents bureaux de l’UNESCO au Mali, au Cameroun, en République Démocratique du Congo, et au Sénégal. « À un moment, j’ai été engagé pour un travail temporaire pour distribuer les documents pendant la Conférence générale de l’UNESCO. J’ai aussi travaillé comme déménageur à l’UNESCO, c’est ainsi que j’ai rencontré le chef de la section d’alphabétisation qui m’a aidé à obtenir un stage dans l’Organisation quand je lui ai dit que je terminais mon doctorat en alphabétisation des adultes dans le monde en développement. Après ce stage, j’ai eu la chance d’obtenir un poste de deux ans en tant qu’expert associé. J’ai ensuite travaillé dans plusieurs bureaux de l’UNESCO en Afrique, comme spécialiste de l’éducation et aujourd’hui, je suis Directeur régional à Abuja, au Nigeria », a expliqué Yao Ydo dans une interview publiée sur le site de l’Unesco.
Au cours de ses diverses fonctions, explique-t-on, Yao Ydo a acquis de l’expérience dans le développent de partenariats et la mobilisation de ressources auprès des banques de développement, du secteur privé, et d’autres agences des Nations Unies. Son efficacité et son dynamisme, fait-on savoir, lui ont permis de passer de la fonction de spécialiste des programmes, à des fonctions managériales, comme celle de représentant de l’UNESCO en Côte-d’Ivoire et de directeur régional du bureau de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest à Abuja, Nigeria.
Une éducation assurée par sa mère
Yao Ydo a fait savoir que son droit à l’éducation a été assuré par sa mère » C’est grâce à elle que je suis allé à l’école et je lui dois tout ce que j’ai accompli. Au début, mon père ne voulait pas m’envoyer à l’école : il préférait que j’aille à l’école coranique. Il était animiste et un oracle lui avait prédit qu’un jour il aurait un fils qui accomplirait de grandes choses. Quand je suis né, mon père venait de se convertir à l’Islam et il a décidé que je serais marabout, un enseignant religieux. Mais ma mère était déterminée à m’inscrire dans l’éducation formelle, dans une école catholique. Mon père était opposé à cette idée et il a refusé de payer mes frais de scolarité. Ma mère a donc économisé l’argent des légumes qu’elle vendait au marché pour payer mes frais d’inscription, mon uniforme et les autres frais. Je me souviens encore que je l’aidais à vendre ses produits chaque vendredi matin. Pour elle, cela représentait un sacrifice important et un investissement. Ce n’est que lorsque je suis arrivé dans le secondaire que mon père a commencé à contribuer. À ce stade, il s’était rendu compte que cela en valait le coup et j’ai pu achever l’enseignement secondaire », a déclaré Yao Ydo lors de l’interview publiée sur le site de l’Unesco.
Yao Ydo est lauréat de l’Ordre National du Mérite, remis par le ministre ivoirien de la Culture et de la Francophonie. Il est aussi Chevalier de l’Ordre national du mérite en éducation, titre décerné par la ministre de l’éducation nationale de Côte-d’Ivoire, pour le travail accompli par l’UNESCO.
Redonner à la communauté
Chaque année pendant les vacances, Yao Ydo a déclaré qu’il retourne au village où il est né pour fournir des supports d’apprentissage aux élèves et aux familles. « Je motive et je guide aussi les parents pour qu’ils continuent à soutenir l’éducation de leurs enfants. De nombreux enfants de Côte d’Ivoire n’ont toujours pas d’acte de naissance, élément pourtant essentiel pour aller à l’école. C’est parce que leurs parents ne peuvent pas payer la somme d’argent nécessaire pour l’obtenir. Je contribue activement aux efforts de collecte de fonds pour assurer que les enfants ont tout le nécessaire pour être pleinement inscrits à l’école », a-t-il expliqué.