Interview. Adamadia Diallo : « mon objectif est de conduire des trains internationaux »

Actualités Entretien

Originaire de la Guinée, Adamadia Diallo est conductrice de train à la société nationale des chemins de fer belges (SNCB), depuis 2017. Elle partage sa passion pour son métier sur ses différents réseaux sociaux sous le compte « @mama.is_a.traindriver ». Habitant en Belgique depuis une vingtaine d’années, et maman de 2 enfants (un garçon de 7 ans et demi, et une petite fille d’un an), Adamadia Diallo, qui travaille à la SNCB depuis 2015, a comme objectif de conduire des trains internationaux.

Qu’est-ce qui vous a motivée à devenir conductrice de train et quelles sont les étapes que vous avez suivies ? Est-ce une procédure difficile ?

J’ai découvert le métier de conductrice de train, lors de mon emploi précédent comme accompagnatrice de trains. J’ai toujours pensé que c’était un métier réservé à la gente masculine. Cependant,  à force d’échanger avec les conducteurs et de poser des questions sur les avantages et les inconvénients du métier, je me suis dit que cette fonction était faite pour moi. Vu que je n’avais pas l’ancienneté nécessaire pour changer de fonction en « interne » et que je ne voulais pas attendre, j’ai décidé de postuler en externe.  J’ai donc dû repasser tous les tests psychotechniques ainsi que les tests médicaux.  Est venue ensuite la formation d’un an, dispensée par l’entreprise pour laquelle je travaille. La formation peut être comparée à un marathon, car il faut fournir un effort constant sur une année entière, passer différents tests et simulateurs.

Quelles sont les qualités et les compétences requises pour être conductrice de train ?

Avoir le sens des responsabilités, être réactif, calme, rigoureux. Savoir également gérer son stress et toujours privilégier la sécurité.

Pourriez-vous nous décrire votre travail au quotidien ? vos missions et votre environnement de travail ?

Une journée type commence et se termine toujours au dépôt. Une fois la prise de service effectuée, je peux être amenée à me diriger en gare où un relais m’attend et effectuer un parcours vers une destination x.  Je peux également être amenée à aller directement aux faisceaux pour y préparer des trains. Cela consiste, en quelque sorte, à tester les freins, les dispositifs de sécurité, voir l’état général du convoi, etc… La prestation se trouve sur une tablette et les changements se font en temps réel. A la fin du service, je remonte au dépôt terminer ma prestation.

Quelles sont vos habitudes de travail ?

Je suis une personne calme et posée. j’essaie de toujours appréhender mes services de cette manière : arriver à l’avance, avoir mon instant café en gare, visualiser mon service entier et rejoindre tranquillement mon train.

En tant que conductrice de train, avez-vous également des notions en mécanique ? Vous vous en servez de temps en temps ?

Cela fait partie des formations « matériel » qui permettent de nous dépanner en cas de problème technique. On y est régulièrement confrontés.

Etes-vous habilitée à conduire un type de train ou vous pouvez conduire n’importe quel train ?

Je ne peux conduire que des trains pour lesquels j’ai reçu une formation « matérielle », ainsi que les trains dont j’ai la connaissance de ligne. Personnellement, j’ai été formée sur la plupart des engins et je roule sur une grande partie des lignes belges ainsi que sur la ligne à grande vitesse 2.

Quelles sont vos motivations quotidiennes dans votre travail?

Transporter les gens en toute sécurité et faire rêver les plus petits ainsi que les plus grands.

Quels sont les challenges auxquels vous faites face ?

Les imprévus, c’est-à-dire des situations où il faut agir vite mais de manière pertinente et professionnelle. Se dépanner toute seule au milieu de nulle part avec 500 voyageurs à bord.  Chaque jour est finalement un challenge avec son lot de surprises.

Comment arrivez-vous à gérer votre stress ?

En restant calme et posée. J’ai la chance de l’être de base, et d’avoir un bon self-control, ce qui m’aide au quotidien.

Quels sont les côtés positifs du travail d’une conductrice de train? Et la partie difficile de votre travail ?

C’est un métier qui permet de s’évader, d’assister à de magnifiques levers et couchers de soleil. De manière totalement personnelle, je dirais que c’est un métier unique. On se sent un peu dans une petite bulle quand on conduit son train.

La partie difficile se trouve dans les horaires décalés et non réguliers, ainsi que de travailler les weekends. Néanmoins, je me suis tellement habituée que j’aurais du mal à m’imaginer en 8-16. Mais, c’est une adaptation à laquelle il faut se préparer pour la vie privée.

Quel est votre trajet préféré et pourquoi ?

Bruxelles-Midi – Welkenraedt, car il y a une partie sur la ligne à grande vitesse. Mon rêve a toujours été  de conduire des trains internationaux et rouler sur la ligne à grande vitesse est déjà une petite étape pour y accéder.

Vous êtes également une grande voyageuse et vous avez voyagé avec le train « Connecting Europe » qui relie 26 pays européens. Pourriez-vous nous parler de cette expérience ?

J’ai eu l’opportunité de faire une partie du trajet, en tant que voyageuse. J’ai pu assister à la préparation du train à Schaerbeek (Commune de Bruxelles. NDLR) J’ai été impressionnée par la mixité des personnes présente dans le train : des parlementaires, des ministres, des passionnés, des artistes et des collègues… Un très beau parcours dans la voiture panoramique. Ce projet accompagne aussi le retour du train de nuit, qui est une très bonne chose. Quoi de mieux que de s’endormir à Bruxelles et se réveiller à Vienne par exemple ?

Comment pouvez-vous évoluer dans votre travail sur le plan hiérarchique ?

Il y a plusieurs opportunités en interne, dans différents domaines. Mais, mon objectif est  la conduite de trains internationaux. J’espère pouvoir le réaliser bientôt.

Y-a-t-il d’autres femmes d’origine africaine ?

A ma connaissance, il y en a quelques-unes.

Quelles sont vos prochaines destinations en tant que voyageuse ?

Retourner au Cap-Vert.  C’est un pays qui m’a énormément marquée par l’hospitalité de sa population. Je conseille à tout le monde de s’y rendre, au moins une fois.  Ensuite le Canada, mon rêve d’enfance et la Corée pour découvrir le pays qui fait rêver ma petite sœur.

 

 

 

Patrick Ndungidi
Journaliste et Storyteller
https://africanshapers.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *