Doyenne et directrice de l’école de médecine clinique de l’Université du KwaZulu-Natal (UKZN),à Durban, en Afrique du Sud et dermatologue de renommée internationale, le Dr Ncoza Dlova,en collaboration mondiale avec un certain nombre de scientifiques, a joué un rôle déterminant dans la découverte,en 2019, d’un nouveau gène qui est une cause majeure de perte de cheveux permanente chez les femmes africaines ou d’ascendance. Cette étude révolutionnaire, intitulée: «Variant PAD13 in Central Centrifugal Cicatricial Alopecia» (CCCA) a été publiée dans le New England Journal of Medicine,l’une des revues les plus prestigieuses en science médicale.
Selon UKZN, les patients atteints de CCCA ont été recrutés à Durban, en Afrique du Sud, de 2013 à 2016 et à Winston-Salem, en Caroline du Nord, de 2014 à 2017.
L’étude a révélé que le gène, la peptidylarginine désiminase 3, (PAD13), qui intervient dans la modification post-traductionnelle des protéines essentielles à la formation de la tige pilaire, a été mutée chez la majorité des patients atteints, ce qui suggère que la maladie est génétiquement hétérogène,c’est-à-dire héréditaire.
Selon le Dr Ncoza Dlova, l’alopécie cicatricielle centrifuge centrale (CCCA) est une cause fréquente d’alopécie (perte de cheveux) chez les femmes africaines. « La perte de cheveux due au CCCA se produit principalement dans la partie centrale (couronne) du cuir chevelu. La perte de cheveux s’étend vers l’extérieur selon un modèle centrifuge ou circulaire et est généralement progressive, bien que certaines personnes connaissent une progression rapide de la perte de cheveux. Le CCCA provoque la destruction des follicules pileux et des cicatrices entraînant une perte de cheveux permanente. Les personnes qui tirent leurs cheveux ou utilisent du tissage ou des tresses serrées pour se coiffer ont tendance à avoir des formes sévères de CCCA ».
La cause exacte du CCCA est inconnue,a fait savoir le Dr Dlova. « Bien que l’on pensait auparavant qu’elle n’était liée qu’à l’utilisation de peignes chauds, d’une chaleur excessive et d’huiles chaudes sur le cuir chevelu, de relaxants chimiques et d’une tension excessive des tresses, des rouleaux de cheveux serrés, des tissages ou des extensions, la pensée actuelle souligne également le rôle de l’hérédité (antécédents familiaux). Lorsque des échantillons de cuir chevelu (biopsies) de personnes atteintes de CCCA sont examinés au microscope, une inflammation et des cicatrices sont généralement présentes autour des follicules pileux »,a-t-elle fait savoir, le Dr Ncoza Dlova.
En 2013, cette dernière avait signalé pour la première fois la cause héréditaire dans un groupe de familles noires sud-africaines dont les membres étaient atteints de CCCA. Elle suivait les 15 familles depuis 5 ans et, 7 ans plus tard, un gène a été identifié. « Cela a d’énormes implications sur le diagnostic précoce, la prévention et la future thérapie ciblée possible du CCCA », avait-t-elle déclaré.
« Les symptômes du CCCA peuvent varier et peuvent inclure des démangeaisons, des brûlures, des picotements, des boutons douloureux sur le cuir chevelu, de la douleur ou aucun symptôme. Les dermatologues découvrent généralement cette pathologie en examinant le cuir chevelu des patients, mais beaucoup prélèveront un petit échantillon du cuir chevelu (une biopsie) et l’enverront au laboratoire pour évaluation et confirmation du diagnostic. Pour vérifier si vous avez le CCCA, séparez vos cheveux au milieu de votre ligne de cheveux et vérifiez si la ligne au milieu est plus large que la largeur d’un cure-dent. Vous pouvez également demander à votre coiffeur de vérifier et vous pouvez également vérifier auprès des membres de votre famille. Si vous n’êtes pas certain et que vous pensez que vos cheveux deviennent clairsemés au centre, consultez un dermatologue dès que possible »,a expliqué le médecin.
En outre,avait fait savoir le Dr Dlova, parler d’un traitement à ce stade est encore prématuré.Néanmoins, elle a recommandé à toutes les personnes qui ont cette mutation génétique d’éviter tous les traitements brutaux sur leurs cheveux :défrisages, utilisation de tissages et de perruques lourdes qui exercent une traction sur les cheveux. Il faudrait selon,elle, garder les cheveux naturels car, une fois que les pertes de cheveux se produisent, il n’y a plus grand chose à faire,en dehors de l’utilisation d’implants capillaires pour certaines.
Première dermatologue noire de l’UKZN
Née à Mtyolo, un petit village du Cap oriental, en Afrique du Sud,Ncoza Dlova est diplômée en médecine de l’Université du KwaZulu-Natal après 10 ans d’études,dont 4 ans de spécialisation en dermatologie,devenant la première dermatologue noire diplômée de cette l’université. Le sujet de son doctorat était intitulé «Maladies ethniques de la peau et des cheveux».
Le Dr Ncoza Dlova est l’une des premières dermatologues noires en Afrique du Sud. Elle supervise actuellement cinq cliniques de soins ambulatoires et tertiaires en dermatologie en Afrique du Sud. Elle collabore avec des chimistes pour rechercher et procéder à l’analyse des produits éclaircissant de la peau. L’éclaircissement de la peau est un problème majeur parmi les communautés noires et asiatiques; jusqu’à 67% de la population est touchée en Afrique. Au quotidien, Les cliniques du Dr Dlova sont confrontées à des complications liés à l’éclaircissement de la peau, mais des problèmes qui peuvent être facilement évitables. Ses recherches visent à déterminer pourquoi les femmes utilisent des produits éclaircissant pour la peau, ainsi qu’à enquêter sur les composés actifs de ces produits afin de s’assurer qu’ils sont conformes à la législation sud-africaine.
Dermatologue de profession,inscrite au Health Professions Council of South Africa, Ncoza Dlova est membre du comité de rédaction de Global Images, membre du comité consultatif international de «Journal of Cosmetic Dermatology» et membre du comité de rédaction de «Pigment International Journal». Elle est membre d’honneur représentant l’Afrique dans l’Association américaine de dermatologie. Elle est aussi membre fondatrice de la Société africaine de dermatologie et de vénéréologie (ASDV) et présidente inaugurale de l’African Women’s Dermatology Society (AWDS) et la seule femme doyenne médicale des neuf membres de la Société sud-africaine des doyens médicaux (SACOMD).
Le professeur Ncoza Dlova est également connue pour avoir organisé des ateliers en partenariat avec la KZN Albinism Society d’Afrique du Sud pour accroître la sensibilisation et la compréhension de la maladie génétique de la peau et des yeux et pour lutter contre la discrimination et la stigmatisation des personnes atteintes d’albinisme.
Ses recherches lui ont valu une reconnaissance internationale comme en témoignent le nombre de comités, de comités de rédaction et d’invitations qu’elle reçoit chaque année aux réunions nationales et internationales de dermatologie. Sa contribution dans le domaine de la dermatologie lui a valu d’intégrer la prestigieuse Association américaine de dermatologie (ADA) en tant que première honorée africaine. Elle a excellé dans tous les aspects de sa carrière; la recherche, les programmes de sensibilisation, l’enseignement et l’administration.
Auteure prolifique
Le professeur Ncoza Dlova a à son actif plus de 75 publications évaluées par des pairs,y compris des articles dans des revues internationales de premier plan telles que le New England Journal of Medicine, Nature, Journal of Investigative Dermatology, Journal of the American Academy of Dermatology and British Journal of Dermatology.. Elle a écrit 3 livres et 15 chapitres de livres, et a reçu plusieurs bourses de recherche,notamment le Discovery Foundation Academic Fellowship Award for PhD Studies, Dermatological Society of South Africa Research Grant, University of KwaZulu-Natal (UKZN) College of Health Sciences Strategic Research Fund, UKZN Competitive Research Fund and the Medical Education Partnership Initiative (MEPI) grant.
Ncoza Dlova a reçu plusieurs prix scientifiques notamment le MEC Leadership, Excellence and Innovation Priz, pour avoir levé un demi-million afin de rénover la clinique de la peau de l’hôpital King Edward VIII ainsi que le prix de l’American Dermatology Association,en reconnaissance de sa contribution à la sensibilisation et à la recherche en Afrique et le prix de la African Women’s Dermatology Society pour le meilleur leader et innovateur. En Avril 2019, elle a reçu le MEC Leadership, Excellence and Innovation Award, un prix de reconnaissance spécial pour ses travaux de recherche révolutionnaires réalisés dans le domaine de la dermatologie et qui ont permis d’ identifier un nouveau gène (PADI3) qui est une cause majeure de perte de cheveux permanente chez les femmes africaines.
Ncoza Dlova a encadré avec succès 17 étudiants de maîtrise et supervise actuellement des doctorants.