Née aux USA, d’une mère ivoirienne, professeure à l’université Cornell, et d’un père congolais (RDC), professeur au Wells College, Enongo Lumumba-Kasongo, connue sous son nom de scène « SAMMUS » est une artiste, productrice de hip hop, enseignante en sciences et mathématiques ainsi qu’en musique.
Enongo Lumumba-Kasongo est titulaire d’un doctorat en sciences et technologies de l’université Cornell, obtenu en 2019. Sa thèse examine la politique des studios d’enregistrement qui travaillent avec les communautés mal desservies.
Enongo Lumumba-Kasongo est actuellement, et pour deux ans, chercheuse postdoctorale à l’université Brown dans le département de musique, avec une spécialisation dans l’esthétique et les techniques de la musique de la diaspora africaine. Elle va débuter comme professeure assistante en 2022, pour dispenser des cours notamment sur l’écriture de chansons hip hop, les pratiques d’enregistrement ainsi que les musiques féministes. Elle est également chercheuse post-doctorale au Cogut Institute for the Humanities. Depuis 2019, elle enseigne à l’université Brown sur les sujets suivants « Feminist Sonic Futures », « Poetry in/to Performance » et « Rap as Storytelling », qui examine les éléments de la narration dans un large éventail de formes de hip hop.
De 2017 à 2018, Enongo-Lumumba-Kasongo, a été enseignante au département de technologies, culture et société de l’université de New-York, dans le département science, technologie et société de la Tandon School of Engineering, où elle a enseigné les sujets suivants : « The Politics of Sound », « Science and Feminism » ainsi que « Science and Pseudoscience ». De 2012 à 2016, elle a enseigné au département des études scientifiques et technologiques de l’université Cornell, où elle a dispensé les cours suivants : « The Politics of Sound », « Introduction to Sound Studies », « Introduction to Science and Technology Studies » ainsi que « Ethical Issues in Health and Medicine ». En 2016, elle a également enseigné l’introduction aux études américaines au département d’études américaines de l’université Cornell, Ithaca, NY
Spécialiste du son
Enongo Lumumba-Kasongo est également directrice audio dans un studio de jeux vidéo dirigé par des femmes, appelé « Glow Up Games ». Ce studio a notamment travaillé avec la célèbre série télévisée « Insecure », diffusée par HBO. En effet, « Glow Up Games » a développé le jeu « The Come Up Game », qui permet aux joueurs de rapper, de créer leur style personnel et d’interagir avec le genre d’amis qu’aurait pu avoir Issa, personnage principal d’Insecure.
Enongo Lumumba-Kasongo est également membre du collectif hip hop The KEEPERs, un collectif international dirigé par des femmes noires, rassemblées autour d’une mission commune : mettre en avant la contribution des femmes à la culture hip-hop. En outre, Enongo Lumumba-Kasongo est également co-productrice d’un podcast mensuel sur le fait d’exister / survivre en tant que créatif. Elle est également membre du conseil consultatif du programme arts sonores et industrie de l’université Northwestern, à Chicago.
Les domaines de recherche d’Enongo Lumumba-Kasongo sont l’afrofuturisme, les études sonores, le féminisme noire, la conception et la performance sonores de jeux vidéo, ainsi que les études et performances hip hop.
Goût pour la musique et les jeux vidéos
Le père de Sammus, originaire de la République démocratique du Congo, et sa mère, originaire de Côte d’Ivoire, ont élevé leur famille à Ithaca, New York, où Sammus a non seulement développé son identité, mais son goût pour la musique de jeux vidéo. Son frère aîné jouait souvent et elle écoutait. Ainsi, Enongo Lumumba-Kasongo « Sammus » a fait ses débuts dans la musique sous l’influence de son frère aîné. « Un été, alors que j’étais au lycée, il m’a essentiellement montré comment faire des beats sur l’ordinateur », a-t-elle fait savoir au cours d’une interview, publiée par l’université Brown.
Elle a continué à produire des beats, mais n’a jamais mis de paroles sur cette musique, avant d’avoir obtenu son diplôme universitaire et de devenir professeur de mathématiques et de sciences à l’école primaire. Son objectif était d’écrire sur les matières qu’elle enseignait afin d’inspirer ses élèves. « Je voulais essentiellement faire des chansons sur la façon dont c’était cool d’être un nerd », a-t-elle expliqué (Un nerd est une personne solitaire, passionnée voire obnubilée par des sujets intellectuels , peu attractifs, inapplicables ou fantasmatiques, et liés aux sciences et aux techniques). « Mais ensuite, j’ai montré mon travail à beaucoup d’adultes autour de moi et ils se sont dit: » oh, c’est cool, j’aime votre point de vue. Donc à partir de là, j’ai continué », a rappelé Sammus.
Auteure de trois albums
En tant que musicienne en activité depuis 2010, Enongo Lumumba-Kasongo a écrit, produit et enregistré trois albums (dont un a figuré au classement Billboard). Elle a enregistré son premier album, « M’other Brain », dans son appartement en 2012, à l’aide d’un ordinateur portable et d’un microphone USB qu’elle a achetés dans sa librairie universitaire. Elle l’a ensuite publié sur Bandcamp, un site de musique pour artistes indépendants. « J’avais fait un très mauvais travail de promotion du projet . Je pense que j’ai tweeté: » Hé, achetez mon album », a-t-elle expliqué au New-York Times.
Pourtant, indique le journal américain, l’album a trouvé son chemin vers deux musiciens qui deviendraient ses mentors, le rappeur nerdcore Mega Ran, qui lui a demandé de le rejoindre en tournée, et le rappeur alternatif Open Mike Eagle, qui anime la série de comédie musicale « The New Negroes ». En 2016, Enongo Lumumba-Kasongo a sorti « Pieces in Space », un album de 12 titres qui a reçu des critiques favorables de Pitchfork, célèbre site web américain de critique de musique indépendante. Enongo Lumumba-Kasongo a également réalisé trois Extended Play (EP), un album concept collaboratif sur le thème du jeu vidéo avec le MC Mega Ran, une bande rythmique acclamée par la critique et d’innombrables collaborations ponctuelles avec des artistes de divers genres, ainsi que des développeurs de jeux vidéo, des réalisateurs de podcasts et des cinéastes. Parmi ses influences musicales : Björk, Daft Punk et Kanye West.
« Black girl nerd rap »
Enongo Lumumba-Kasongo décrit son travail comme « Black girl nerd rap » qui rassemble l’afrofuturisme, des messages antiracistes et antisexistes, et un amour pour la technologie. Ses chansons explorent le lien entre ses diverses identités en tant que femme noire et « gameuse » (dans l’industrie du jeu video). Ces chansons sont une réflexion sur les petites mais importantes expériences de sa vie quotidienne. Néanmoins, pour Sammus, sa musique ne doit pas avoir un sens ou un message spécifique et il est tout aussi valable de lutter avec des concepts et de ne pas parvenir à une conclusion définitive. « Au contraire, je veux que ma musique crée simplement plus d’espace pour d’autres artistes qui pensent comme moi », a-t-elle fait savoir.
Sammus, un nom de scène inspiré d’un jeu vidéo
Sammus est plus qu’un nom de scène. C’est un personnage inspiré de Samus Aran, le protagoniste de la franchise de jeux vidéo Nintendo Metroid des années 80 . Dans le jeu, le personnage porte une armure cybernétique géante qui ne permet pas de voir à quoi il ressemble. Mais lorsque vous terminez le jeu, l’armure se détache et vous apprenez que ce personnage est une femme. Lumumba-Kasongo, explique-t-on, a vécu des expériences similaires d’être « démasquée » en tant que femme, lorsqu’elle est entrée dans le monde de la production musicale. Beaucoup d’hommes qu’elle a rencontrés ne pensaient pas qu’elle avait produit ses propres beats.
Prendre le nom de Sammus était une déclaration importante : elle rend hommage à un personnage de jeu vidéo qui l’a influencée et inspirée, tout en occupant une position qui défie les attentes de genre et peut inspirer d’autres jeunes femmes. « Metroid a aussi une belle bande-son. Et c’est vraiment un jeu plus sombre que la plupart des autres jeux qui existaient à l’époque. C’était labyrinthique et la musique reflète ce genre de ton plus sombre et plus sauvage », a déclaré Sammus, lors d’une interview. C’est ce genre de musique qui lui a donné envie de faire de la musique quand elle était enfant. Ses compositions étaient destinées à être des chansons, mais étaient perçues comme de la musique de jeux vidéo. « J’aime l’idée de créer l’espace, puis d’y entrer, comme de ne pas avoir besoin qu’il existe avant d’y entrer », a-t-elle déclaré. « Et je pense que c’est un élément clé du futurisme. C’est l’habitation d’autres mondes, d’espaces et d’espaces différents dont on nous a dit qu’ils n’avaient jamais été conçus pour nous en tant que Noirs, et en particulier, en tant que femmes noires », a déclaré Sammus.
Conférencière, éducatrice et enseignante
Enongo Lumumba-Kasongo a également été invitée à se produire et à prendre la parole lors de diverses conférences, conventions, festivals et engagements au sujet de ses expériences en tant qu’artiste hip hop, féministe noire, penseuse afrofuturiste et artiste/universitaire. Ses spectacles en direct, explique-t-on, caractérisés par son énergie explosive et l’inclusion d’éléments de cosplay, rassemblent un large éventail d’activistes, d’artistes de hip hop, de punks, de nerds et de geeks auto-identifiés.
En plus de gérer une carrière musicale à temps plein, Enongo Lumumba-Kasongo a passé la dernière décennie en tant qu’éducatrice dans écoles et collèges publics. Ainsi, entre 2008 et 2010, elle a été membre du programme d’enseignement national « Teach for America », grâce auquel elle a enseigné les mathématiques et les sciences dans une école élémentaire mal desservie du sud-ouest de Houston, au Texas. En outre, pendant ses études supérieures à l’université Cornell, elle a enseigné et dispensé des cours sur les études sonores, la bioéthique, la science et le féminisme, les études américaines et les études d’introduction aux sciences et à la technologie. Elle a également animé des conférences au département de musique et au département d’études Africana de la même université.
Contributions créatives
Par ailleurs, Enongo Lumumba-Kasongo, indique-t-on, a également consacré une grande partie de son temps à la construction d’une communauté et à une réflexion critique sur la manière d’inviter d’autres formes d’expertise dans les espaces universitaires. Ainsi, de 2014 à 2016, elle a été directrice adjointe dans une résidence universitaire à l’université Cornell, axée sur la musique. Au cours de cette résidence, à travers des concerts, des tables rondes et des ateliers, elle a notamment souligné les contributions créatives d’artistes noirs dans une multitude de genres musicaux.
Bien plus, de 2016 à 2017, Enongo Lumumba-Kasongo a siégé au Conseil d’administration d’Ithaca Underground, une organisation artistique à but non lucratif dans la région d’Ithaca. Pendant son mandat dans ce Conseil d’administration, elle a établi des relations avec des artistes hip-hop locaux et régionaux et a mené une campagne de sensibilisation pour impliquer davantage de personnes de couleur dans la programmation et la planification d’événements. La même année, elle a également contribué à l’organisation d’un chapitre du mouvement « Black Lives Matter » à Ithaca, avec un groupe multigénérationnel d’organisateurs qui étaient (et restent) déterminés à développer des initiatives et des programmes autour des principes de l’antiracisme et de l’autodétermination.
Enfin, de 2013 à 2014, elle a été sélectionnée pour être membre de « Publicly Active Graduate Education » (PAGE) et, à partir de 2016-2017, elle a été membre du « New York Public Humanities », où elle a participé à des ateliers et à des conférences conçus pour engendrer des idées plus larges sur ce que constitue une recherche universitaire éthique et accessible.