Originaire de l’Ouganda, et travaillant actuellement au Kenya, elle a reçu le Prix Harambee, le 5 mars dernier à Madrid. Harambee , qui signifie « tous ensemble » en swahili, distingue chaque année une personne qui a contribué à la promotion et à l’égalité des femmes africaines. Le Prix est parrainé par les laboratoires René Furterer, de Pierre Fabre. Elle a reçu le prix des mains de Son Altesse Royale Teresa de Borbón dos Sicilias, présidente d’honneur de Harambee Espagne et Laurent Coupé, directeur général de Pierre Fabre en Espagne.
Irène Kyamummi est,depuis deux ans, la créatrice du Children Health Project (CHEP) au Kenya, dont le but est d’assurer des soins médicaux aux enfants. En outre, l’un des objectifs du projet CHEP est la prévention des maladies infantiles. Elle est convaincue qu’il « est important d’assurer la santé dans ce cadre et ce, à partir de l’enfance. L’hygiène étant un facteur clé pour éviter des maladies ».
Ainsi, grâce au CHEP, les enfants reçoivent deux à trois bilans de santé par an. Jusqu’ici, plus de 5000 enfants ont bénéficié de ce projet. Irène Kyammumi effectue les bilans de sansté en s’appuyant sur les écoles rurales, qui l’aident à examiner l’ensemble des enfants de la localité. Lors de ces visites, elle élimine les parasites dans l’organisme des enfants, applique un traitement si nécessaire et freine la malnutrition qui affecte les enfants.
En outre, elle forme les mères pour qu’elles sachent comment prendre soin d’un bébé, en leur expliquant notamment les habitudes d’hygiène et de nutrition saine à suivre. Elle en profite également pour lever les doutes et briser les superstitions.
Née à Kampala,capitale de l’Ouganda, Irene Kyamummi a étudié la médecine à l’université Makerere, la plus grande université du pays. Une fois diplômée, elle a travaillé à l’hôpital de Mulago, le plus grand hôpital public du pays, qui compte 1500 lits.
Elle s’est ensuite spécialisée en anesthésie et en soins intensifs à Londres. Le Dr Kyamummi a indiqué qu’elle ne court pas derrière le prix Nobel, mais est uniquement motivée à soigner des enfants qui ont besoin d’un médecin. Ainsi, Grâce à un projet appelé « TB-Child Project », elle a réussi à faire augmenter le taux de guérison des enfants atteints de tuberculose en Ouganda. En 2010, à l’âge de 26 ans, elle s’est ensuite installée au Kenya pour gérer la clinique Kimlea, un dispensaire rural, où médecins et infirmières collaborent solidairement pour soigner les enfants les plus vulnérables de la région. C’est là qu’elle a lancé CHEP pour sauver des vies.
Lancer le projet en Ouganda
Irene Kyamummi compte désormais lancer CHEP en Ouganda, son pays d’origine,où «plus de la moitié de la population est composée d’enfants, soit un total de 23 millions. En milieu rural: 3 enfants de moins de 5 ans sur 10 souffrent de malnutrition. Et deux millions d’enfants ont un retard de croissance, beaucoup d’autres meurent par manque de soins de santé. En outre, selon les données du CIA World Factbook, le taux de mortalité infantile enregistré en 2019 est de 55 bébés de moins d’un an décédés pour mille naissances.
« À Kampala, nous n’avons pas encore de clinique, nous avons commencé dans les espaces fournis par les écoles, mais avec l’aide de Harambee, nous espérons bientôt avoir une clinique qui nous permettra de centraliser le travail et de faciliter les soins. Les premiers calculs estiment le budget à 25 000 euros pour la construction de ce dispensaire, la réalisation de ce rêve, la mise en place de cette première pierre pour sauver des vies. D’après mon expérience, de nombreux enfants sont amenés chez le médecin quand il est trop tard, alors qu’ un traitement sérieux,peut éviter le pire », a déclaré le Dr Kyamummi lors de la remise du prix.
50 euros pour sauver des vies
Selon Irene Kyamummi,avec environ 50 euros, le CHEP peut assurer la prise en charge médicale d’un enfant, pendant 10 ans. Les enfants soignés sont âgés, de 4 à 14 ans. « Au Kenya, plus de 5 000 enfants ont bénéficié de ce programme. C’est ce que nous voulons faire en Ouganda ».
Toute personne de bonne volonté peut contribuer à ce projet par le biais des « bourses de santé » soutenues par l’ONG Harambee. «J’ai soigné des enfants qui tombent malades et ne savent même pas qu’ils sont malades. Les enfants qui appartiennent à des familles qui ne savent pas quand aller chez le médecin. Certains souffrent de malnutrition ou de maladies qui peuvent être facilement guéries mais qui, par manque de soins, ont entraîné la mort. En très peu de temps, je me suis lancée dans le projet et je voulais soigner de plus en plus d’enfants», a déclaré le Dr Kyamummi lors de la remise du prix.
Le Dr Kyamummi a aussi expliqué que le projet CHEP a contribué à réduire l’absentéisme scolaire et à améliorer le niveau de l’école, tout comme la confiance des enseignants. « Le programme a également un effet multiplicateur, car en formant les mères, les mesures d’hygiène de la famille s’améliorent, l’absentéisme scolaire diminue et les performances en classe s’améliorent. Les enseignants sont également formés aux premiers secours pour pouvoir s’occuper des enfants en cas d’urgence », a fait savoir le médecin.