Le « Leonardo », un immeuble situé à Sandton, le centre financier de Johannesburg, deviendra le plus grand d’Afrique lorsqu’il sera officiellement inauguré avant la fin de cette année.
L’immeuble compte 55 étages et mesure 227 mètres de hauteur. Il dépasse ainsi le Carlton Centre, construit en 1973 à Johannesburg et qui est actuellement la plus haute tour d’Afrique avec 222,5 m.
Conçu par la firme sud-africaine Co-Arc International Architects, le Leonardo comprend un mélange de bureaux, de boutiques, d’appartements et de chambres d’hôtel. Les architectes ont choisi d’utiliser des feuilles minces de Dekton, un matériau super résistant, pour son revêtement extérieur.
Le Leonardo, d’une valeur de 203 millions de dollars, est un immeuble commandé par Legacy Group et Nedbank. Legacy exploite actuellement 23 hôtels et complexes résidentiels de luxe en Afrique.
L’équipe d’architectes qui a géré la construction était en majorité composée de femmes, soit neuf femmes sur 11 membres de l’équipe. Le design du bâtiment a été réalisé par François Pienaar, partenaire émérite de du cabinet Co-Arc.
Une équipe de 11 architectes, majoritairement féminine
Catharine Atkins, directrice de Co-Arc International Architects, a dirigé l’équipe de 11 architectes composée aussi de Salome Daley, Janel Venter, Megan Holman, Angela Barnard, Keitsitse Losaba, Antonella Giuricich, Rachel Zwane et Mitchell Gibbon. « En tant que femme, jeune et couleur, vous êtes confrontée à de nombreux défis dans cet environnement de construction. Je pense qu’il y a cette idée préconçue selon laquelle les femmes ne peuvent pas être dans ce genre d’environnement », a fait savoir Malika Walele à CNN.
Pendant les travaux de construction du bâtiment, la jeune architecte ainsi que les autres membres de l’équipe d’architectes sont entrées en contact avec environ 2 000 travailleurs, dont la grande majorité étaient des hommes. Malika Walele a travaillé sur le site pendant plus deux ans et demi soit depuis novembre 2017. Malgré sa position dans l’équipe, elle a déclaré avoir dû faire face à des commentaires inappropriés, refuser des avances non désirées et affronter le sexisme. Néanmoins, elle a estimé avoir aidé à vaincre les préjugés.
« Je devais vraiment travailler dur pour me prouver à moi-même. Cela donne une certaine personnalité. Je devais vraiment prendre la parole et m’assurer d’être entendu par les hommes .Cela peut vous toucher et affecter votre travail parfois si vous gérez pas bien. Être assertive et gérer ce type d’ incidents est cruciale pour les femmes, car ce comportement est typique de tous les chantiers de construction du monde entier », a déclaré Malika Walele, au site sud-africain timeslive.co.za.
Malgré cela, la jeune architecte a déclaré qu’elle encouragerait les femmes à travailler dans l’industrie de la construction. Car, au fur et à mesure de l’avancement des travaux, elle a remarqué un changement d’attitude de la part des contremaîtres et des gestionnaires sur place qui ont été témoins de son professionnalisme.« Cela leur a ouvert les yeux et les a rendus plus sensibles aux défis auxquels les femmes sont confrontées, et cela pourrait avoir un impact positif à l’avenir sur le traitement réservé aux femmes sur les sites de construction », a-t-elle fait savoir.
Également photographe professionnelle
Malika Walele est détentrice d’un Master en architecture, obtenu en 2015 à l’université du Witwatersrand. Architecte à plein temps à Johannesburg, elle a également suivi des cours de photographie avancés à temps partiel en 2011 et réalise depuis des photos professionnelles. Elle photographie particulièrement les paysages et les paysages urbains. Elle estime que l’architecture et la photographie vont de pair car, explique-t-elle, souvent l’un inspire l’autre et cela lui permet de repousser ses limites créatives.
Actuellement, Malika Walele fournit également des services de photographe pour tous les types de tournages, enseigne des cours de photographie et dispose d’un magasin en ligne où on peut acheter des photos originales. « Mon parcours dans le monde de la création a été bouleversant et pleinement satisfaisant. Voir le monde dans les yeux d’un architecte et d’un photographe est la plus grande bénédiction et aventure du monde », explique-t-elle sur son site web.
Selon l’Institut des architectes sud-africains du Cap-Oriental estime, seulement 21% des architectes enregistrés du pays sont des femmes. «Cependant, les femmes architectes doivent non seulement lutter contre le problème du nombre mais aussi contre le harcèlement des équipes de construction à prédominance masculine avec lesquelles elles travaillent quotidiennement »,explique-t-on.