Mariam Kamara, 39 ans, l’ingénieure en informatique devenue architecte à succès

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L’architecte nigérienne figure parmi les 4 finalistes du Dorfman Award de la Royal Academy à Londres dont les noms ont été annoncés le 9 février dernier. Ce prix annuel, qui récompense les jeunes talents en architecture, est décerné à ceux qui « réinventent l’avenir de l’architecture et dont le travail témoigne d’une grande sensibilité au contexte local et mondial ».

Les autres finalistes de l’édition 2019 du prix sont Fernanda Canales (Mexique), Alice Casey et Cian Duggan ou TAKA Architects (Irlande) et Boonserm Premthada ou Bangkok Project Studio (Thaïlande). Le gagnant sera annoncé au courant de cette année. Mariam Kamara sera également l’un des speakers lors de la prochaine édition de Design Indaba 2019 qui se tiendra du 27 février au 1er mars à Cape Town.

Mariam Kamara vit et travaille entre Niamey au Niger, sa ville natale, et Providence, près de Boston, aux États-Unis. Dans son pays d’origine, elle a fondé, depuis 2014, l’atelier « Masomi » qui se propose de développer des solutions innovantes en architecture et en design, tout en explorant de nouvelles adaptations aux techniques locales.

Masomi, qui signifie « Le début » ou « la création » en langue Haoussa, développe une grande variété de projets de design publics, culturels, résidentiels, commerciaux et urbains.

Depuis l’âge de 12 ans, Mariam Kamara a toujours sur qu’elle voulait être architecte. Quand elle était enfant, la créatrice aimait dessiner ses amis et s’intéressait également à l’histoire, à l’archéologie et au patrimoine. Elle a grandi dans une famille d’ingénieurs et c’est tout naturellement qu’elle a effectué des études d’informatique au moment du boom d’Internet au début des années 90.

Elle est ainsi détentrice d’un diplôme en système d’informations de l’université de Purdue (USA) et d’un Master en sciences informatique de l’université de New-York. Mais, à l’âge de 30 ans, après avoir travaillé pendant 6 ans comme ingénieur dans le secteur des startups à New York ainsi qu’à Seattle et à Baltimore, elle a décidé d’intégrer une école d’architecture.

A presque 34 ans, elle a décroché un Master en architecture de l’université de Washington. En 2013, elle est devenue membre fondateur de united4design, un collectif mondial d’architectes travaillant sur des projets aux États-Unis, en Afghanistan et au Niger. Cela a conduit à la création de Masōmī en 2014. Mariam Kamara enseigne l’urbanisme à l’université Brown, dans l’État de Rhode Island aux USA.

Des projets innovants

A travers « Masomi », l’architecte nigérienne, développe plusieurs projets au Niger notamment le projet « Régional market », achevé en 2018 et qui a consisté à créer un cadre agréable au marché de Dandaji au Niger.

DANDAJI. Région de Tahoua.

Pour sa part, le projet « Niamey 2000 », qui se veut une réponse directe aux conditions de logement et aux conditions socio-économiques actuelles dans la capitale du Niger, propose un nouveau modèle qui augmente la densité afin de contrer la croissance agressive de la ville.

Bien plus, Mariam Kamara est en train de créer le design du futur quartier général de CIPMEN, le premier incubateur des entreprises technologiques à Niamey, avec plus de 30 entreprises en incubation.

Ce sera le premier bâtiment à plusieurs étages construit à partir de blocs en terre comprimée à Niamey.

L’architecte rénove également et réalise des travaux d’extension de l’école américaine de Niamey.

Elle propose également le projet « Mobile Loitering » qui profitera aux jeunes filles de la capitale nigérienne, leur permettant notamment de socialiser, explique-t-elle, tout en échappant au contrôle d’une société musulmane de plus en plus conservatrice.

Pour ce faire, le projet propose un espace public adapté aux normes culturelles sous la forme d’un itinéraire urbain reliant les lieux publics.

Protégée du célèbre David Adjaye

Dans le cadre du « Rolex Mentor and Protégé Arts Initiative » 2018-2019, Mariam Kamara a été choisie par l’architecte britannique d’origine ghanéenne Sir David Adjaye, qui est son mentor pour ce programme et avec qui elle va réaliser, pendant deux ans, un projet commun : la construction d’un centre culturel à Niamey.

Le travail de Mariam Kamara est guidé par la conviction que les architectes ont un rôle important à jouer en pensant qu’ils ont le pouvoir d’élever, de rendre digne et de fournir une meilleure qualité de vie.

À travers sa pratique, elle cherche à découvrir des façons novatrices de faire les choses tout en maintenant un dialogue intime entre l’architecture, les gens et le contexte.

Architecte primée

Mariam Kamara a déjà remporté plusieurs prix. En 2018, elle a remporté la médaille d’argent du « Global LafargeHolcim Awards 2018 », le plus grand concours d’architecture durable au monde, pour le projet « Hikma, Complexe religieux et séculaire » ,réalisé en partenariat avec Yasaman Esmaili, du studio Chahar en Iran.

En 2017, elle a remporté la médaille d’or du même concours, avec le même projet pour la région Afrique et Moyen-Orient.

 Le projet Hikma consiste en un complexe religieux et laïc au Niger qui réinvente la construction locale traditionnelle d’une nouvelle mosquée et d’un centre communautaire.

Le projet crée un espace civique dans le village de Dandaji, en soutenant l’éducation des femmes et en renforçant leur présence dans la communauté.

La stratégie de conception met l’accent sur l’artisanat local, les techniques de construction traditionnelles et les matériaux durables produits sur site.

En 2017, Mariam Kamara a également remporté la médaille d’or décernée aux anciens de l’université de Washington.

Elle est également lauréate d’autres prix en Afrique et dans le monde.

Patrick Ndungidi
Journaliste et Storyteller
https://africanshapers.com

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