Sept femmes des pays en développement ont été annoncées comme « avocates du commerce électronique au service des femmes» de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement CNUCED. La liste de ces 7 premières femmes a été dévoilée le 24 septembre, en marge de la 74e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York.
Ces 7 femmes sont Nina Angelovska, ministre des Finances de la Macédoine du Nord et cofondatrice de Grouper.mk ;Nazanin Daneshvar (Iran), fondatrice et CEO de Takhfifan ;Claudia de Heredia (Mexique), cofondatrice et COO de Kichink ;Helianti Hilman (Indonésie), fondatrice et présidente de Javara ; Clarisse Iribagiza (Rwanda), cofondatrice et CEO de DMM.HeHe ;Xiaofei Yao de Chine, fondatrice et CEO de Rogrand et Patricia Zoundi Yao de Côte d’Ivoire, fondatrice et PDG de Quickcash.
Ces femmes, expliquent le CNUCED, réduisent l’écart entre les genres en créant des entreprises numériques florissantes, de la richesse et des emplois dans leur pays grâce à la vision, à la passion et au dévouement.
«C’est un fait bien connu que les femmes dans la technologie sont sous-représentées et mal financées», a déclaré Candace Nkoth Bisseck, chargée de projet de la nouvelle initiative de la CNUCED.Elle a indiqué que de nombreuses femmes des pays en développement avaient les idées et les solutions pour non seulement résoudre les problèmes de développement, mais aussi créer des entreprises viables. « Nous devons les soutenir – mais plus que cela, nous devons nous assurer qu’elles sont entendues et influent sur les décisions politiques. Ces femmes seront à leur tour une source d’inspiration pour les autres femmes du commerce électronique », a déclaré Candace Nkoth Bisseck.
Favoriser la création de richesses
L’initiative eTrade for Women de la CNUCED, explique-t-on, repose sur la nécessité de tirer parti de l’impact positif de la technologie numérique, associé au pouvoir de transformation de entrepreneuriat féminin, afin d’accélérer la création de richesse et de réduire la pauvreté dans les pays en développement. S’appuyant sur leur travail novateur dans le commerce électronique, indique le CNUCED, ces 7 femmes sélectionnées dans le monde entier surmontent les obstacles et contribuent à créer le monde que nous souhaitons d’ici 2030 en exploitant la technologie pour créer de la richesse dans leurs communautés et atteindre les objectifs de développement durable de l’ONU. Ces sept «super» femmes, poursuit l’organe onusien, ont également été sélectionnées pour inspirer d’autres femmes entrepreneures du secteur numérique et contribuer à assurer aux femmes un siège et une voix à la table des décisions politiques en vue d’une économie numérique plus inclusive aux niveaux local, régional et mondial.
Le projet eTrade for Women de l’initiative eTrade for all Partners, dirigée par la CNUCED, est soutenu par les Pays-Bas. L’initiative complète les travaux de la CNUCED en faveur des entrepreneurs numériques, tels que l’initiative eFounders Fellowship, qui permet aux jeunes entrepreneurs de jouer un rôle décisif dans la nouvelle économie.
Clarisse Iribagiza (Rwanda), cofondatrice et directrice générale de DMM.HeHe
La société Clarisse Iribagiza, qui fournit des services à plus de deux millions d’utilisateurs à travers l’Afrique et développe des logiciels ainsi que des technologies innovantes qui permettent aux entreprises d’optimiser leurs opérations et de toucher davantage de clients. Clarisse Iribagiza a fondé son entreprise en 2010, à l’âge de 22 ans, en tant que junior au Collège des sciences de l’Université du Rwanda, où elle étudiait le génie informatique. Elle a créé son entreprise après avoir suivi un programme d’incubation du MIT (Massachusetts Institute of Technology), où elle a pu faire le lien entre ce qu’elle apprenait à l’école et la manière dont elle pourrait immédiatement l’appliquer dans le monde réel.
En 2018, elle a revendu sa jeune start-up au groupe japonais DMM.com pour un montant de 20 millions de dollars. Elle est, désormais, Directrice Générale de la société, rebaptisée DMM.HeHe Ltd. DMM est un conglomérat japonais d’internet, dont les revenus s’élèvent actuellement à près de deux milliards d’eurospar an, provenant essentiellement de son large éventail d’affaires en ligne, comprenant la plate-forme en ligne d’échange de devises, les jeux en ligne, l’apprentissage de l’anglais en ligne et beaucoup d’autres services.
La société que dirige clarisse Iribagiza au Rwanda crée une présence en ligne pour les détaillants locaux en optimisant leurs plates-formes de commerce électronique et en leur donnant un large accès aux consommateurs locaux et internationaux via un magasin en ligne, un système de gestion des stocks, des options d’expédition et de collecte et des services de paiement numérique. Ainsi, Grâce à HeHe, des centaines de PME rwandaises sont en mesure d’interagir avec leurs clients à différents endroits en même temps, facilité par les plate-formes mobiles et Web développées par Clarisse Iribagiza et son équipe.
HeHe Labs gère un programme dans lequel les élèves du secondaire sont éduqués et formés aux aspects tels que les TIC, la pensée critique et la conception technologique. L’entreprise a également collaboré avec GirlHub Rwanda sur un projet visant à motiver et à soutenir des milliers de filles rwandaises à réaliser leurs projets.
Par ailleurs, Clarisse Iribagiza a collaboré avec plusieurs autres entrepreneurs du secteur des TIC en 2011 pour créer iHills, une association de jeunes rwandais qui font leurs armes dans le domaine des TIC. iHills offre un mentorat aux futurs entrepreneurs en technologie et aide également à résoudre les problèmes de financement et de marché.
Pour ses réalisations, Clarrise Iribagiza a obtenu plusieurs prix nationaux et internationaux. En janvier 2014, elle a été classée parmi les 100 meilleurs penseurs mondiaux par le groupe de réflexion italien Lo Spaziodella Politica (LSDP). Elle s’est classée 32ème après le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, sur une liste qui comprenait des dirigeants mondiaux qui sont des politiciens, des hommes et femmes d’affaires, des scientifiques, des universitaires, des journalistes et des leaders intellectuels.
En outre, elle a également remporté 50 000 USD d’Inspire Africa, une émission de télé-réalité destinée aux entrepreneurs de l’Afrique de l’Est. Sa société s’est également associée au projet Ni Nyampinga de Girl Hub Rwanda et a permis à plus de 12 000 adolescentes de faire entendre leur voix grâce à une application mobile qu’elles ont développée. Elle a également été reconnue par la Fondation Imbuto, de la première dame du Rwanda, qui l’a récompensée pour ses réalisations impressionnantes.
Clarisse Iribagiza est également membre du groupe consultatif présidentiel pour les jeunes de la Banque africaine de développement. Elle est détentrice d’un Master of business administration (MBA), spécialité leadership organisationel, obtenu en 2018 à l’African Leadership University. Elle est également détentrice d’un diplôme d’ingénieur informatique, Bachelor of Science (Bsc) du collège des sciences et technologies de l’université du Rwanda.
Patricia Zoundi Yao (Côte d’Ivoire), fondatrice et CEO de Quickcash
Patricia Zoundi Yao a fondé sa société, QuickCash, en 2010 dans le but de faciliter les virements de fonds aux ruraux et aux travailleurs du secteur informel. Son premier apprentissage du monde de l’entreprise, Patricia Zoundi Yao le fait auprès de sa mère, qui travaille dans le secteur informel. Après ses études universitaires elle décide d’aider les populations rurales de Côte d’Ivoire à obtenir un meilleur accès aux services financiers. Avec deux collègues et un capital de départ limité, elle fonde Quickcash, une entreprise qui facilite les transferts d’argent pour les ruraux et les travailleurs du secteur informel. Depuis, elle a créé deux autres entités : Digital Hub, dans le secteur des technologies financières (les « fintech »), pour permettre aux petits vendeurs d’accepter des paiements mobiles, et CanaanLand, une société de services dédiée aux petits agriculteurs.
« Digital Hub» prévoit de lancer le service de paiement mobile « Kiffpay » en novembre. Pour sa part, « CanaanLand » a pour but de développer une agriculture inclusive, car elle intègre les petites agricultrices du monde rural, afin de leur verser un salaire stable et décent, ainsi que Durable car Canaan Land cherche à développer une agriculture 100% biologique, respectueuse de la terre, de ses ressources et des hommes. Ainsi, explique-t-on, aujourd’hui, ce sont plus de 50 agricultrices qui ont été accompagnées sur le site de Toumodi.
Ces agricultrices ont pu bénéficier de formations sur les techniques d’agriculture durable, et se verront bientôt confier l’exploitation d’une parcelle, de la plantation à la récolte. Canaan Land permet également une économie de 30% d’eau sur chaque parcelle cultivée, et plus de 600 arbres ont été replantés depuis 4 mois. Canaan Land a pour ambition de créer un nouveau modèle d’agriculture inclusif et durable en Côte d’Ivoire, puis d’étendre ce modèle à toute l’Afrique de l’Ouest.
Patricia Zoundi Yao est détentrice d’un Master en Droit des affaires, obtenu à la faculté de Droit et des sciences politiques de Ouagadoudou et d’un DESS en administration des entreprises, économie de l’institut conservatoire des sciences d’Abidjan. Elle a également suivi des formations à savoir « Global Women In Management ( Advancing women’s Economie Opportunities) de la WomenLead Institute’s. Plan International à Washington DC. Ce programme renforce la gestion, le leadership et les compétences techniques des femmes pour améliorer et mettre en œuvre des programmes qui améliorent les perspectives économiques des femmes et forment la prochaine génération de dirigeantes et d’entrepreneuses.
Elle a également suivi un programme en Fiance digitale au Digital Frontiers Institute, qui prépare les leaders de la fintech de demain aux défis et aux opportunités qu’ils rencontreront dans un paysage changeant et perturbateur. Patricia Zoundi Yao a également suivi une formation en Entrepreneuriat et Innovation à l’Institut Stanford pour l’innovation dans les économies en développement (Stanford Seed), une initiative de la Stanford Graduate School of Business visant à mettre fin au cycle de la pauvreté dans les économies en développement.
Elle a reçu divers prix pour ses réalisations commerciales et son impact social : Chevalière de l’Ordre national et du mérite ; Prix spécial du Premier ministre de la Côte d’Ivoire et Prix national d’excellence de la Présidence de la République.