Nommée, en janvier dernier, co-directrice (avec Charlotte Lidon) du département « Afrique + Art moderne et contemporain » de la maison PIASA, à Paris, en France, elle organise le 19 mai, avec Charlotte Lidon, sa première vente pour PIASA avec 101 œuvres d’artistes du continent africain.
Parmi les œuvres d’artistes africains qui seront proposées à la vente lors de cet évènement figurent notamment celles du photographe Seydou Keïta (Mali), du peintre Iba Ndiaye (Sénégal), du photographe Paul Kodjo (Côte d’Ivoire), du peintre Chéri Samba (République démocratique du Congo), des artistes multidisciplinaires Barthélemy Toguo (Cameroun) et Hussein Shariffe (Soudan), du peintre Fathi Hassan (Egypte), du dessinateur Tsham (République démocratique du Congo), de Myriam El Haïk (Maroc), du peintre Thameur Mejri (Tunisie), de l’artiste visuelle Tiffanie Delune (RDC/Belgique) ; de l’artiste plasticien Kirubel Melke Alemu (Ethiopie) ou encore de Kehinde Wiley (Nigeria/USA).
Depuis 2016, explique-t-on, la maison de vente PIASA s’est spécialisée avec succès dans la création contemporaine africaine, mettant en lumière le large panorama de la scène artistique du continent. Dirigé par Olivia Anani et Charlotte Lidon, le département « Afrique + Art moderne et contemporain » accompagne les acheteurs et les vendeurs en leur fournissant des conseils personnalisés ainsi que des estimations gracieuses et confidentielles.
La vacation du 7 novembre 2019, rappelle PIASA, avait doublé son estimation et avait totalisé plus de 1,43 million d’euros permettant ainsi au département Art Contemporain Africain de consolider son positionnement sur un marché en plein essor. C’est dans le cadre de cette vente que « Wild cat’s dinner n°7 », l’œuvre de l’artiste Barthélémy Toguo, icône de l’art contemporain camerounais, avait trouvé acquéreur pour la somme de 62 400 euros.
Pour sa part, la vacation d’art contemporain africain du 14 février 2020, organisée dans le cadre d’un partenariat inédit avec la maison de vente sud-africaine ASPIRE, a également totalisé plus de 1,5 million d’euros. Elle avait ainsi permis d’illustrer une fois de plus, la solidité de ses réseaux internationaux. Record de la vente, l’œuvre de l’artiste sud-africaine Marlene Dumas, intitulée « Oktober 1974 » a été adjugée pour 435 000 euros. « Vacation après vacation, la qualité et la diversité des sélections d’œuvres confère à PIASA un rôle prescripteur unique en Europe », explique la maison de vente d’arts.
Une passionnée d’art des pays africains
Critique d’art et commissaire d’exposition, Olivia Anani a grandi entre la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Burkina Faso. Par la suite, elle a étudié à Pékin, où elle obtenu une Licence en langues et littérature chinoise, avec une mineure en économie, à l’université des langues et des cultures de Pékin, puis un Master en histoire et marché de l’art moderne et contemporain à I’Institut des études supérieures des arts (IESA), à Paris. Polyglotte, Olivia Anani parle le français, l’anglais, le mandarin, le japonais, le coréen et un peu de portugais.
Elle a acquis 6 ans d’expérience du marché de l’art couvrant trois continents et dans les 3 plus prestigieuses maisons de vente aux enchères: Christie’s, Sotheby’s et Phillips. Chez Christie’s, Olivia Anani a travaillé au bureau du vice-président – XXe siècle, art d’après-guerre et contemporain pendant 5 ans, de décembre 2015 à décembre 2020.
En tant que critique d’art et commissaire d’exposition, Olivia Anani s’intéresse aux scènes artistiques non occidentales, et s’implique dans des projets liés au continent africain pour les biennales de Taipei, Dakar, et Kampala, le centre d’art Zajia Lab à Beijing, l’INHA (Institut national d’histoire de l’art), le Centre Pompidou, la Fondation Gulbenkian et le Columbia University Center – Reid Hall à Paris.
AChes Christie’s, indique la maison PIASA, Olivia Anani a travaillé pendant cinq ans aux côtés de trois directeurs internationaux à la vente d’œuvres et collections exceptionnelles, dont: Francis Bacon (Three Studies for a Portrait of George Dyer, 1963), Alberto Giacometti (Grande Femme II, œuvre d’art la plus importante adjugée en France en 2017), la collection Beyond Boundaries, avec des œuvres de Wassily Kandinsky, Marcel Duchamp, Dan Flavin, Yves Klein et Man Ray; le Parc des Princes, 1952, de Nicolas de Staël, ainsi que des œuvres de Cy Twombly, Mark Rothko, Jean-Michel Basquiat, Bodys Isek Kingelez, Barthélémy Toguo, Seydou Keita. Pendant cette période, elle participe également à la coordination de prêts et d’acquisitions pour des institutions telles que le Musée du Louvre et le Louvre Abu Dhabi et s’implique dans l’organisation d’une collaboration entre Christie’s et la foire 1-54.
Apporter une perspective africaine
Pour Olivia Anani, la vision qu’elle et Charlotte Lidon partagent pour le département « Afrique + Art moderne et contemporain » va au-delà d’une consolidation du second marché pour les artistes du continent et de ses diasporas, mais prend en compte la pleine mesure de l’impact du marché sur l’histoire de l’art, passée, présente et à venir. « En tant que personne née et élevée sur le continent, j’espère compléter ce regard par une perspective africaine mais ouverte sur le reste du monde, respectueuse mais résolument optimiste quant au potentiel du continent comme écosystème culturel à part entière », avait déclaré Olivia Anani lors de sa nomination.
En outre, au cours d’une interview avec numero.com, Olivia Anani, réagissant à sa nomination à Piassa, a déclaré : « Tout au long de mon parcours dans l’art, j’ai toujours été la seule personne noire dans la salle. Et aujourd’hui, c’est la première fois qu’une femme noire dirige un département dans une maison de vente internationale de ce calibre. Les débats actuels poussent certes à une plus grande inclusion, mais j’ai aussi six ans d’expérience dans les trois plus grandes maisons de vente. Piasa savait que je venais avec une perspective africaine et également mes compétences. La question revient en permanence : vaut-il mieux créer un département dédié à l’Afrique, ou bien faut-il intégrer tous les artistes au sein du département art contemporain ? Au bout du compte, ce que veulent les artistes africains, c’est être considérés comme des artistes contemporains tout court. Mais un département dédié présente certains avantages. Il permet d‘avoir des personnes qui travaillent en profondeur le sujet et ont le temps de se spécialiser… La difficulté que j’ai identifiée dans les maisons de vente où j’ai travaillé précédemment est que les spécialistes contemporains ont toute la journée sous la main des Soulages et des Dubuffet. Ils savent donc les vendre à la perfection. Mais bien vendre un Barthélémy Toguo leur demandera beaucoup plus de recherches, et leur posera donc plus de difficultés… Lorsque vous appartenez à un département spécialisé, vous passez votre temps dans les expositions, les biennales… mais il faut faire des choix. Lorsque j’étais à Venise, je passais parfois une semaine sans voir mes collègues. Au moment où ils participaient au cocktail du musée Peggy Guggenheim, je me rendais pour ma part au vernissage du tout premier pavillon nigérian… »
Membre du conseil d’administration des Amis du Palais de Tokyo, association qu’elle soutient depuis 2013, et membre du jury pour le Prix des Amis du Palais de Tokyo en 2018, Olivia Anani continue de soutenir les scènes africaines en France et à l’étranger et des publications engagées telles que Afrikadaa et Something we Africans got.