Directrice du Rebranding Africa Forum (RAF), dont la 8ème édition se tiendra à Bruxelles du 20 au 21 octobre, la camerounaise Paule-Renée Etogo explique, dans cette interview, les grandes lignes de la prochaine édition et rappelle l’importance du RAF, un évènement qui voudrait continuer à affirmer son leadership sur les grandes problématiques qui sous-tendent le développement et l’émergence du continent africain.
La 8ème édition du RAF se concentrera sur la problématique de l’attractivité du continent. Pourquoi le choix de cette problématique ?
C’est vrai qu’au regard de l’intérêt soudain des puissances économiques vers l’Afrique, il peut paraître paradoxal de consacrer l’édition 2022 du RAF à la problématique de l’attractivité du continent. Celle-ci étant visiblement manifeste. Toutefois, il y a un hic. En effet, l’un des principaux inconvénients de cette attractivité classique de l’Afrique, pour le dire de façon lapidaire, c’est que le continent demeure comparable à celle de la vache à lait, dont l’existence n’a de sens et d’utilité pour les bénéficiaires que tant qu’elle produit du lait. La question est donc de savoir comment sortir l’Afrique de cette attractivité vachère, à géométrie variable, dépourvue de véritables perspectives pour son développement socio-économique ? Comment construire, en effet, une authentique attractivité, celle d’un acteur économique qui développe des stratégies visant à attirer des partenaires, non plus pour extraire et exporter ses ressources à l’état brut, mais pour les extraire et les transformer lui-même avant utilisation ou exportation. Seuls les pays qui vont arriver à développer des industries locales compétitives et donner ainsi de la valeur ajoutée à leurs matières premières, pourront réellement tirer profit de cette attractivité. C’est à la lumière de ces exigences que la 8ème édition du Rebranding Africa Forum se donne pour ambition d’analyser globalement les stratégies (ou l’absence de stratégies) d’attractivité des pays africains, de répertorier les bonnes pratiques éprouvées et de formuler des recommandations à l’usage des États et des acteurs non étatiques, investisseurs, banques, assureurs, entreprises, et autres experts etc., qui seront réunis à Bruxelles le 21 Octobre 2022.
Quelle sera la particularité de cette deuxième édition du RAF post-COVID?
Pour cette édition post-covid, nous avons premièrement l’ancrage institutionnel du Rebranding Africa Forum . En effet, après la mythique salle gothique de l’hôtel de ville de Bruxelles en 2019, c’est au tour de l’emblématique hémicycle du Parlement de la communauté française de Belgique d’accueillir le Rebranding Africa Forum. La 8e édition du RAF se déroulera dans l’enceinte réservée au vote des lois de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un symbole supplémentaire de l’ancrage institutionnel du Rebranding Africa Forum, considéré comme le plus grand Forum économique en Belgique consacré à l’Afrique. Mais aussi symbole du partenariat renouvelé, décomplexé entre la Belgique et l’Afrique.
Ensuite, nous aurons comme à l’accoutumée des speakers de haut vol. C’est notamment le président de la République de Sierra Leone , des ministres d’Etat belges, Julien PALUKU, ministre de l’Industrie de la RD Congo. Outre ces acteurs politiques de premier plan, le RAF aura également des technocrates hors pair comme orateurs de marque : Sidi Ould TAH, Directeur Général de la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique. Simon TIEMTORE Président de Lilium Capital & Vista Bank Group, Anthony NKINZO, Directeur de l’ANAPI ( Agence congolaise pour la promotion des investissements) ainsi que Wankele MENE, le Secrétaire Général de la Zone de libre-échange continentale Africaine (ZLECAF) pour ne citer que ceux-là.
Le RAF est centré sur l’amélioration de l’image de l’Afrique et une promotion plus effective de ses atouts. Quelles sont les améliorations que vous avez observées depuis le lancement du RAF ?
L’une de nos fiertés est d’avoir réussi à mettre en lumière, à travers les Rebranding Africa Awards, des innovateurs technologiques qui sont désormais des repères et des lanternes qui éclairent le chemin de notre développement commun. Certes, beaucoup de travail reste à réaliser, mais nous pouvons louer les pas accomplis qui, de notre point de vue, s’inscrivent comme des avancées dans cette quête vers un meilleur devenir de notre continent. Le nombre des sponsors qui ne cesse d’augmenter au fil des années en est un bel exemple. Nous sommes partis de 8 sponsors, 4 partenaires, 10 médias en 2014 pour une trentaine des sponsors, partenaires et médias en 2021. Sans oublier de mentionner qu’en 7 années, nous avons été aussi témoins de plusieurs succès qui renforcent notre optimisme. A titre de rappel, lors du RAF 2018, la Société Internationale Islamique de Financement du Commerce (ITFC) a annoncé d’importantes initiatives dont notamment la signature d’un Accord-cadre de 1,5 milliard de dollars avec le Gouvernement du Burkina Faso. Le RAF a également servi de plateforme pour le lancement du Programme d’appui aux PMEs en Afrique de l’Ouest afin d’améliorer l’accès au financement. Ces résultats encourageants entretiennent notre détermination à continuer.
En dehors de l’évènement annuel, comment se décline autrement le RAF ? Organisez-vous d’autres activités ?
Nous ne sommes pas de tout repos à la clôture d’une édition du forum. Croyez-moi, organiser un forum de cette envergure est un travail de longue durée qui se façonne à l’année. C’est ainsi que la préparation du prochain RAF commence au-lendemain de la fin d’une édition. Nous sommes fiers et chanceux d’avoir une équipe fidèle, présente depuis le début de l’aventure en 2014 et qui est maintenant aguerrie.
Après 8 ans d’existence, quelles sont les innovations à apporter au RAF et quels sont vos projets ?
Une entreprise humaine est toujours perfectible. Le RAF est un rendez-vous jeune, qui s’est institutionnalisé dans la foulée de sa création et qui suscite un certain engouement sur le continent et en Europe. Avec les 7 premières éditions et celles à venir, le RAF voudrait continuer à affirmer son leadership sur les grandes problématiques qui sous-tendent le développement et l’émergence du continent. Nous en sommes persuadés, c’est ainsi que nous arriverons à développer des partenariats Nord-Sud, Sud-Sud, gagnant-gagnant dont a besoin l’Afrique pour son épanouissement économique et social. L’enjeu pour nous reste et restera toujours la nécessité de briser les nombreux biais cognitifs qui caractérisent le regard porté sur les pays africains et de construire et/ou renforcer la confiance des partenaires, des bailleurs de fonds et des investisseurs pour un développement durable inclusif.