Le Chef,originaire du Congo Brazzaville, fait partie des 4 personnalités qui ont reçu ce prix qui « reconnaît et célèbre les héros méconnus du secteur de l’hôtellerie et de la restauration qui mènent des actions significatives et créent des plans pour un monde meilleur ».
L’organisation internationale « 50 Best » a annoncé, ce 25 avril, ses trois Champions du changement 2022, des héros de l’hôtellerie qui créent un changement positif pour leurs communautés par leur travail. Ce prix, lancé en 202 pour célébrer les héros méconnus du secteur, est décerné cette année à deux personnes et à une paire qui mènent des actions significatives et créent des plans pour un meilleur secteur de l’hospitalité.
Les trois lauréats, indique-t-on, vont bénéficier d’un don substantiel en faveur de leurs causes, permettant à ces derniers de continuer à développer leurs initiatives et à soutenir les progrès à long terme dans la sphère de la restauration et de l’alimentation.
Ecrire une nouvelle histoire de la gastronomie
L’un des lauréats de 2022 est le Chef Dieuveil Malonga,30 ans, fondateur du restaurant Meza Malonga(« La table de Malonga » en kiswahili) à Kigali, au Rwanda, qu’il a ouvert en 2020. Il s’est donné pour mission d’ « écrire une nouvelle histoire de la gastronomie qui a ses racines en Afrique et de contribuer à établir davantage la cuisine africaine en tant que gastronomie ».
En outre, le chef Malonga a développé et enseigné le premier programme MBA de gastronomie africaine au monde. Ce programme, lancé pour faire connaître la richesse culturelle et la puissante identité gastronomique de l’Afrique, a été enseigné et est enseigné à Paris, Kigali et New York à des étudiants originaires d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique du Sud, du Mexique, du Honduras, de la République dominicaine, de Porto Rico, de Trinité-et-Tobago, de la Jamaïque, des États-Unis, de la France, de l’Inde, etc.
Né à Linzolo, au Congo (Brazzaville), Dieuveil Malonga a déménagé en Allemagne à l’âge de 13 ans, où il a suivi une formation de chef dans les meilleurs restaurants du pays, avant de s’installer à Marseille. Les multiples options du système éducatif allemand lui ont permis d’effectuer des cours de musique et de cuisine. Passionné et assidu, il n’a pas tardé pas à se faire remarquer et a remporté 9 concours culinaires sur les 16 auxquels il a participé pendant ses études. Ces victoires ont construit sa réputation de jeune chef prometteur. C’est ainsi qu’après l’obtention de son diplôme, a il intégré les équipes de prestigieux restaurants étoilés en Allemagne notamment Schote, la Vie et l’Aqua.
Après l’expérience allemande, la carrière de Dieuveil Malonga s’est poursuivi en France, principalement à Marseille, où il a contribué, en tant que Demi-chef de partie, au lancement du restaurant gastronomique de l’hôtel Intercontinental de cette ville. Recruté lors d’un casting par M6, il participe à l’édition 2014 de l’émission « Top Chef « , diffusée sur la chaîne française. Mais cet habitué des concours ne dépasse pas l’étape des premières épreuves et des défis imposés par le jury de l’émission. Son élimination précoce est loin d’avoir entamé le moral et l’ambition de « Chef Malonga ».
Cuisine Afro-fusion
La cuisine de Dieuveil Malonga intègre les traditions culinaires africaines, allemandes et françaises pour créer ce qu’il décrit comme une cuisine « afro-fusion ». En retournant dans son Congo natal à l’âge de 20 ans, il a immédiatement été inspiré par les jeunes qu’il a rencontrés. Le Chef en herbe voyageait à travers le continent pour rechercher et affiner son concept de cuisine afro-fusion. Sa quête pour créer un pont culinaire entre les saveurs africaines et la cuisine occidentale l’a amené à visiter 38 des 54 États africains. Mais, ce dont il a été témoin au cours de son voyage a changé le cours de sa vie.
« En parcourant l’Afrique d’est en ouest pour promouvoir l’Afro-fusion et partager ma passion pour l’Afrique et sa riche cuisine, j’ai été fasciné par l’immense désir de centaines de jeunes chefs de réinventer la cuisine africaine. Enthousiastes, créatifs, déterminés, ces talents des métiers de la table n’aspirent qu’à une chose : universaliser la gastronomie africaine. Mais leur parcours est jonché d’embûches. Entre manque d’outils performants, difficultés d’accès aux produits, recherche de compétences nouvelles, préjugés sociaux, les chefs en Afrique peinent à s’illustrer », explique Dieuveil Malonga.
« Chefs in Africa »
Ainsi, en vue de donner de la visibilité aux jeunes chefs en Afrique, Dieuveil Malonga a lancé la plateforme « Chefs in Africa » qui compte déjà plus de 4 000 membres. Objectif : mettre en lumière les faiseurs de la gastronomie africaine. « Grâce à cet espace de partage, les nouveaux acteurs des métiers de la table viennent raconter leurs parcours, exprimer leurs philosophies culinaires et saisir des opportunités pour dynamiser leurs carrières », explique le Chef Malonga. En outre, la plateforme en ligne aide les Chefs à surmonter des obstacles tels que la discrimination et le manque de formation, d’emploi et d’équipement.
Chefs in Africa met en relation des institutions gouvernementales, des centres de formation et des entreprises avec des chefs professionnels et de jeunes étudiants ou apprentis culinaires de tout le continent à la recherche d’une expérience professionnelle.
Meza Malonga
Passionné par la promotion de son interprétation personnelle de la diversité des cuisines africaines, Dieuveil Malonga s’est installé à Kigali, au Rwanda, en 2020, pour ouvrir son premier restaurant, Meza Malonga. Au cœur de ce restaurant se trouve un programme de formation culinaire qui, chaque année, permet à 10 chefs en herbe de recevoir des bourses, d’acquérir des compétences culinaires essentielles et de suivre des cours d’anglais, pour les aider à diffuser leur message dans le monde. Dieuveil Malonga prévoit de déménager son restaurant dans un site plus grand à Musanze, également au Rwanda, en 2023, où il travaille avec des agriculteurs locaux pour cultiver déjà des ingrédients durables et où il prévoit d’étendre le programme de formation à 15 jeunes cuisiniers par an.
Le don qu’il va recevoir grâce au Prix « Champions du changement » va permettre de financer ce projet. Le nouveau restaurant vise également à promouvoir le développement du tourisme culinaire dans les zones rurales par le biais de cours de cuisine et d’événements gastronomiques.
Pour Dieuveil Malonga, la transmission est la clé d’un avenir meilleur. « Je suis honoré d’être nommé Champion du changement et je continuerai à nourrir la passion et le talent des chefs africains », a-t-il indiqué.