Elle figure parmi les trois lauréats de ce prix, avec le chanteur John Legend et la promotrice des droits des femmes Gloria Steinem, sélectionnés pour la 28ème édition du Freedom Award du National Civil Rights Museum qui va se dérouler le 30 octobre à Memphis aux USA.
Les lauréats, explique-t-on, sont sélectionnés pour leurs nombreuses réalisations et contributions aux niveaux national et mondial en faveur de l’égalité, de la justice et de la liberté pour tous. «Ces trois lauréates se sont consacrées à soulever des communautés de femmes, à protéger les plus jeunes et les plus vulnérables, et ont efficacement utilisé le pouvoir d’organisation locale pour promouvoir le changement. Ils ont fait appel au concept de manifestation pacifique, reconnaissant les combattants de la liberté et les guerriers qui les ont précédés. Nous sommes ravis de partager leurs histoires et de reconnaître leurs réalisations », a déclaré Terri Lee Freeman, présidente du National Civil Rights Museum.
Par ailleurs, le prix Freedom Award rendra hommage au « Green Book », également appelé «Negro Travelers’ Green Book». Ce livre identifiait des hébergements et des services sûrs pour les Afro-Américains voyageant pendant la période des lois ségrégationnistes Jim Crow. Parmi ces hébergements sûrs figurait le Lorraine Motel, l’actuel site du National Civil Rights Museum. En effet, le musée national des droits civiques est situé dans le motel historique Lorraine où le Dr. Martin Luther King Jr a été assassiné. Ce musée donne un aperçu complet du mouvement américain des droits civiques, de l’esclavage à nos jours. Depuis son ouverture en 1991, le Musée a accueilli des millions de visiteurs du monde entier, dont plus de 90 000 étudiants chaque année. En tant que nouvelle place publique, le musée s’efforce sans relâche d’honorer et de préserver le site de l’assassinat de Martin Luther King, Jr.
Au cours des 27 dernières années, le Musée national des droits civiques a décerné le Prix de la liberté à certains des plus célèbres leaders du monde en matière de droits civils et de droits de l’homme, dont Nelson Mandela; le dalaï-lama et Bill Clinton; l’ancien président américain Jimmy Carter,;l’archevêque Desmond Tutu; Rosa Parks; Bon; l’ancien secrétaire d’État américain Colin Powell; l’ancien président du Costa Rica et Prix Nobel de la Paix,Oscar Arias; l’ancienne présidente et première femme présidente de l’Irlande Mary Robinson; l’ancienne présidente et première femme présidente en Afrique, Ellen Johnson-Sirleaf; l’ancien premier ministre israélien Yitzhak Rabin;Dre Wangari Maathai; l’ancien Vice-président américain Al Gore; le révérend Jesse Jackson, etc.
Activiste des droits des femmes
Née le 21 août 1974 à Ikeja au Nigeria, Hafsat Abiola est une activiste nigériane des droits de l’homme et les droits civiques et la démocratie. Depuis l’âge de 19 ans, fait-on savoir, elle œuvre pour la démocratie et l’équité économique au Nigeria au nom de son père et de sa mère, tous deux décédés. Elle est la fondatrice de Kudirat Initiative for Democracy (KIND) une organisation à but non lucratif basée à Lagos, au Nigeria. Et qui travaille dans les domaines du développement du leadership chez les jeunes femmes et de projets collaboratifs visant à éliminer les obstacles à la participation publique des femmes et à mettre fin à la violence à l’égard des femmes. KIND a pour mission de renforcer la démocratie et le développement en Afrique en renforçant les organisations et en créant des initiatives dédiées à la promotion de la femme.
Diplômée de la Phillips Academy et du Harvard College aux USA, Hafsat Abiola est née dans une famille politique de premier plan au Nigeria. Elle s’est activement engagée dans la société civile après le drame survenue dans sa famille. En effet, après près de 30 ans de régime militaire au Nigeria, des élections démocratiques ont eu lieu en 1993, alors que Hafsat Abiola était étudiante de premier cycle aux États-Unis. Son père Moshood Abiola a remporté une victoire écrasante, déclenchant un mouvement en faveur de la démocratie que l’armée n’avait jamais prévu. L’élection fut rapidement annulée et Moshood Abiola fut emprisonné. La mère de Hafsat, Kudirat, a lancé une campagne audacieuse pour la libération de son mari, et Hafsat Abiola a soutenu ce mouvement à partir des USA.
Trois ans plus tard, en 1996, Kudirat Abiola a été assassinée lors d’une manifestation pour la libération de son mari. C’est pour rendre hommage à sa mère qu’ Hafsat Abiola a lancé KIND. Deux ans à peine après le décès de sa mère, la tragédie a encore frappé. Le 7 juillet 1998, Moshood Abiola a été retrouvé mort la nuit précédant sa libération. Près de 20 ans après la perte de ses parents, l’engagement de Hafsat Abiola envers leur héritage reste inébranlable. Elle s’est établie en tant que leader des droits civils au Nigeria, en Afrique et dans le monde.
Toujours en première ligne du changement dans son pays, Hafsat Abiola s’est rendue dans des zones dangereuses du Nigeria, rencontrant des survivantes d’attaques terroristes, spécialement de Boko Haram, et organisant des coalitions de femmes pour exiger des actions contre le groupe extrémiste.
Elle a été membre du cabinet et conseillère spéciale du gouvernement de l’État d’Ogun, où elle a travaillé à la sécurité des communautés et à la promotion de l’égalité des droits des femmes. Hafsat Abiola a indiqué une fois, qu’« au milieu de problèmes, les femmes voient des solutions ».
Women in Africa
Depuis juin 2018, Hafsat Abiola est la présidente du réseau « Women in Africa », fondée par la française Aude de Thui, et qui se présente comme une plate-forme internationale de développement économique et d’accompagnement des femmes africaines leaders et à haut potentiel. L’objectif de l’organisation, explique-t-on, est de révéler le potentiel de la nouvelle génération de femmes leaders africaines à tous les niveaux de responsabilités de la société civile et des États ainsi que de mettre en réseau des femmes leaders africaines et internationales au service d’une Afrique innovante et inclusive.
«J’accepte avec honneur cette fonction, car je crois en la vision de Women in Africa (WIA) Initiative. Les femmes sont la plus grande ressource inexploitée du continent. Je veux donc aider à diriger l’organisation qui œuvre à mettre en valeur leur potentiel. Il pourrait très bien être le facteur déclencheur de la montée en puissance tant attendue du continent», avait fait savoir Hafsat Abiola lors de sa nomination.
La nigériane est également membre du conseil consultatif de la fondation Nuclear Age Peace qui milite pour un monde juste et pacifique, exempt d’armes nucléaires.
Elle récipiendaire de plusieurs prix :doctorat honoris causa du Haveford College ; prix de la jeunesse pour la paix et la justice de la Commission pour la paix de Cambridge (1997) ; leader mondial de l’avenir au forum économique mondial à Davos, en Suisse (2000). En 2003, elle est membre de « l’Ashoka : innovateurs pour le public », une association internationale, apolitique, non confessionnelle et sans but lucratif fondée en 1980 en Inde, en reconnaissance de son statut international en tant qu’entrepreneur social et en 2006, elle est désignée pour être conseillère fondatrice du Conseil pour l’avenir du monde.