Originaire de la RDC,Andjou Kinja Muongo est la fondatrice de la marque « Andjou Cosmetics ». Elle a remporté, en juillet dernier, le concours « The Boss », organisé par Women Entrepreneurs Excellence (WEE) Consulting, d’Emilie Lubukayi, et dont l’objectif final est de valoriser l’excellence des jeunes entrepreneurs belges, issus de la diversité et plus particulièrement d’encourager les femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat.
Andjou Cosmetics a lancé, pour l’instant, un seul produit : le fonds de teint liquide matifiant, qui est une réponse aux préoccupations que les femmes partageaient avec la marque via sa page Facebook de départ, où elle a enregistré plus de 2.000 conversations. « Les peaux noires sont très minoritaires en Europe et notre objectif est d’atteindre la consommatrice africaine en Afrique. Mais c’est un pari difficile car elle n’a pas les mêmes moyens de payement que nous, le même accès à Internet et les mêmes habitudes de consommation que nous. Et il se pose un grand problème au niveau de la livraison. Nous avons travaillé plusieurs mois pour trouver une solution logistique qui a du sens financièrement, afin de pouvoir amener nos produits à une consommatrice africaine lambda dans différents pays, dans les mêmes conditions et dans le même laps de temps », explique Andjou Kinja Muongo, née en Belgique et diplômée en Marketing management de l’Oxford Brookes University (complété par un programme Erasmus à l’université d’État de Sacramento en Californie), après avoir terminé son secondaire en RDC, où elle est retournée à l’âge de 15 ans.
Engagée chez l’Oréal à Bruxelles, à la fin de ses études, elle a travaillé pour le marketing de la marque Yves Saint-Laurent pour Make-up, fragrance et soins. Une expérience professionnelle qu’elle a écourtée pour aller effectuer un Master en commerce international à la Hult International Business School, d’abord au campus de Dubaï, puis à ceux de Shangaï et de Boston, où lui a été décerné son Master. Avant l’obtention de ce dernier, elle a brièvement travaillé pour la marque Henkel pour le compte des marques de cosmétiques Diadermine, FA, Theramed, etc. Mais, après 6 mois, elle a décidé de lancer sa propre entreprise, au même moment où le réseau social professionnel « Linkedin » lui proposait un emploi,à son siège à Dublin. « Je n’avais pas envie de déménager à nouveau. J’ai eu l’idée de créer mon entreprise lorsque ma sœur aînée s’est mariée et que la coiffeuse ne s’est pas présentée. Je disposais d’une base de données d’environ 300 maquilleurs et de coiffeurs et les clientes pouvaient prendre rendez-vous en ligne et payer également en ligne. J’ai ensuite intégré Nest’Up, qui était un accélérateur de start-up à l’époque. J’ai levé des fonds avec des investisseurs wallons et engagé une équipe. Mais, après deux ans, la startup a fermé pour des raisons internes. J’ai donc décidé de lancer une autre entreprise à partir de l’idée de départ que j’ai toujours eu et ce que j’ai toujours voulu faire : la vente de cosmétique en ligne », fait savoir la jeune entrepreneure.
Livraison à domicile dans 4 pays
Le fonds de teint liquide matifiant d’Andjou Cosmetics, fabriqué actuellement aux USA, coûte 17 dollars soit 10.000 Francs CFA. Il est livré à domicile, dans le 5 à 7 jours suivant la commande, dans quatre pays en Afrique : RDC, Cameroun, Côte d’Ivoire et Sénégal. « Nous avons débuté avec 25 produits, comme des prototypes qu’on voulait essayer nous-mêmes, mais on a fini par tous les vendre en moins d’une semaine. Maintenant qu’on a reçu un peu plus de financement, on a augmenté le nombre de produits, mais toutes proportions gardées, en commandant 200 produits. Mais nous avons 6.000 clientes potentielles sur liste d’attente », explique Andjou Kinja Muongo, dont l’objectif est de produire entre 5000 et 10.000 unités par an, grâce notamment à la levée de fonds de 100.000 euros que vient d’opérer sa marque de cosmétiques.
Un appui financier censé permettre à la jeune marque de rivaliser avec les grands noms du secteur et de mieux se déployer en Afrique, où le marché des cosmétiques est celui qui grandit le plus vite de tous les marchés, avec 10% de croissance en moyenne par an, tandis que cette croissance est de seulement 5% en moyenne par an au niveau mondial. « C’est aussi le plus petit marché avec 10 milliards de dollars par an. Mais c’est un marché avec un gros potentiel, beaucoup d’opportunités, des personnes de plus en plus connectées et au courant de particularités des produits », se réjouit Andjou Kinja, tout en précisant néanmoins que sur le continent, 30% de produits cosmétiques sont de la contrefaçon. « Il faudrait les remplacer par des produits sains. C’est pourquoi nous proposons un produit matifiant et qui respecte la peau ».
Pour l’instant, Andjou Cosmetics vend ses produits exclusivement en ligne, afin de bien cerner les besoins des clientes et de construire une véritable relation avec elles ainsi que d’étoffer sa banque de données, d’autant plus que les clientes de la marque sont géographiquement localisées dans un continent où les données ne sont pas toujours faciles d’accès.
En attendant, et afin de développer l’ancrage et l’identité de la marque sur le continent, la jeune entrepreneure compte augmenter le nombre de personnes dans son équipe, lancer un nouveau produit comme un fond de teint poudre matifiant et aussi renforcer la logistique de l’entreprise, afin que les produits d’Andjou Cosmetics soient livrés même dans les coins les plus reculés des pays de livraison en Afrique.