La productrice de films kényane est la désormais ex CEO de Spielworks Media, une société de production de télévision et de médias numériques qu’elle a créée en 2009 et basée au Kenya. Elle est également cofondatrice de Keja TV, une chaîne de télévision sociale sur Facebook et YouTube.
Spielworks Media explique créer, distribuer et vendre du contenu avec une esthétique africaine distincte, via un catalogue de production axé sur le lifestyle, la culture et la réalité. Spielworks Media produit des séries dramatiques , des telenovelas, des talk shows, des séries Web, des Mobisodes (Programmes courts audiovisuels dont le format est adapté à la diffusion sur mobile) et des documentaires qui ont été primés.
L’entreprise fournit du contenu payant, gratuit et à la demande sur une multi-plateforme incluant la télévision, le mobile, le numérique et l’audio. Dorothy Ghettuba a produit des programmes célèbres au Kenya tels que « Sumu La Penzi », « Lies That Bind » ainsi que « Saints et Higher Learning ».
Avec plus 18 émissions de télévision, plus de 40 films et de nombreuses émissions Web, Dorothy Ghettuba possède une connaissance et une expertise considérables dans la création et la production de contenu pour les médias traditionnels et numériques.
Pourquoi j’ai choisi de travailler pour Netflix
Dans un message publié sur son compte Facebook, ce jeudi 28 mars, la productrice explique pourquoi elle a choisi de travailler pour Netflix.
« En assumant ce nouveau rôle de Manager, International Originals, je me rappelle de quelques paroles prononcées jadis par Sheryl Sandberg (Directrice des opérations de Facebook et ancienne vice-présidente de Google. NDLR) : «Si un siège vous est offert à bord d’une fusée, ne demandez pas de quelle place il s’agit! Prenez le. »Netflix est une fusée et avec des gens bien, je monte à bord. En plus de raconter des histoires africaines, je veux rendre la créativité financièrement viable. J’ai déclaré un jour lors d’une conférence TEDx. « Je veux créer un million d’emplois dans le secteur de la création en Afrique d’ici 2030 ». C’était un défi de taille et je le savais dès que je l’ai dit.
Vous voyez, cela a pris dix ans à mon équipe pour créer des opportunités d’emplois créatifs (comme la restauration, le nettoyage et autres travaux auxiliaires) pour au moins 2 000 personnes. Cela signifierait essentiellement que je devrais faire 500 productions en dix ans. Comptez et vous vous rendrez vite compte que je devrais enregistrer 50 productions par an. Je ne compteria même pas dles centaines de millions de shillings nécessaires pour que cela se produise. C’était un défi de taille et je me suis demandée un instant si rendre la créativité financièrement viable et créer un million d’emplois était un problème de gravité qu’il était 1) impossible de résoudre et 2) pas à moi de résoudre.
Il y a quelques semaines, Ted Sarandos, responsable du contenu chez Netflix, a ouvert le dernier bureau de Netflix au Mexique. Actuellement, 50 productions Netflix Original sont en production dans ce seul pays. Et juste comme ça, la notion de 50 productions par an n’était pas si répandue après tout et ce n’était certainement pas un problème de gravité. Netflix va consacrer 15 milliards de dollars pour du contenu à travers le monde en 2019 seulement. Il est clair qu’ils sont véritablement sérieux. Mon grand rêve est que le Kenya, le Nigeria, le Ghana, la Tanzanie, l’Ouganda, la Côte d’Ivoire, le Rwanda, l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et d’autres pays africains aient des productions locales en cours. Je fais maintenant partie d’une équipe de personnes remarquables qui travailleront ensemble pour que cela se produise. J’ai le bon sens de reconnaître que ce ne sera pas u facile, mais que ce n’est pas impossible non plus.
Quelqu’un m’a demandé ce matin: «Dorothy, que penses-tu de cette nomination? Cela m’a fait fait faire une pause alors que j’essayais d’articuler ce qui est plutôt difficile à articuler. En un mot – je me sens remarquablement bénie mais en même temps bouleversée par le sentiment que cette opportunité n’est pas seulement la mienne mais la nôtre. C’est pour notre industrie créative, pour notre pays et certainement pour notre continent. Nos histoires doivent être racontées et nos voix entendues. J’assume donc ce nouveau poste avec un esprit sobre, un cœur humble et débordant d’enthousiasme face aux possibilités. C’est notre temps maintenant »
Passionnée d’audiovisuel
Née et élevée au Kenya, Dorothy Ghettuba a étudié la communication et les sciences politiques à la Andrews University, dans le Michigan, aux États-Unis. Ancienne étudiante de la Bucerius School of Global Governance à Hambourg, en Allemagne, elle a également été bénéficiaire de la bourse de l’archevêque Desmond Tutu en 2016. Elle est aussi diplômée du programme SEED de l’Institut Stanford pour l’innovation dans les économies en développement.
Après avoir obtenu son diplôme aux USA, elle a passé plusieurs années au Canada, où elle a travaillé pendant un certain temps dans un fonds de capital-risque. Lorsqu’elle s’est rendue au Kenya pour assister au mariage d’un ami, elle a été émerveillée par la façon dont une chaîne de télévision locale est devenue la chaîne la plus populaire parce qu’elle diffusait du contenu local.
Bien qu’elle soit rentrée au Canada après le mariage, Dorothy Ghettuba était désormais tiraillée en la volonté de rentrer au Kenya et celle de rester dans un environnement canadien ou tout semblait déjà être fait.
Retour en Afrique et apprentissage sur le tas
Finalement, elle a décidé que son avenir était en Afrique et elle a créé Spielworks Media alors qu’elle était encore au Canada. Par la suite, quelques mois seulement après ses 30 ans, Dorothy Ghettuba a fait ses valises et s’est installée au Kenya, un pays qu’elle avait quitté à l’âge de 18 ans.
Elle a d’abord rejoint l’équipe d’une une émission de télévision locale en tant que responsable de production et a appris sur le tas, notamment auprès des producteurs. Après six mois, elle a décidé de commencer à travailler sur ses propres productions. Elle a eu une idée de production d’une série dramatique intitulée « « Block D » et l’a présentée à un responsable de télévision. Ce dernier a apprécié l’idée, mais a demandé à voir un pilote. Cependant, Dorothy Ghettuba n’avait pas d’argent pour financer le projet de production du pilote et le responsable de la chaîne de TV n’était pas disposé à financer le projet.
S’appuyant sur ses connaissances et son expérience en matière de financement de capital-risque, Dorothy Ghettuba a approché sa famille et ses amis et a réussi à obtenir un financement. «Je me suis souvenue que les gens n’adhèrent pas à une idée, mais à des gens. L’argent provenait de personnes qui pensaient que j’étais folle, mais qui voulaient néanmoins m’aider à réaliser mes rêves. Quand vous voulez démarrer une entreprise et que vous y croyez vraiment, pensez avant tout à votre cercle rapproché pour le financement », a-t-elle déclaré au cours d’une interview.
Dorothy Ghettuba a confié le projet pilote au responsable TV qui l’avait commandé, mais ce dernier voulait payer la moitié du prix qu’elle avait demandé. Elle a refusé et a frappé à d’autres portes et finalement une station locale a repris la série dramatique « Block D ». Cela a ouvert la voie à plus de productions et au succès de Spielworks Media.
Dorothy Ghettuba siège au conseil d’administration d’ONWARD, un mouvement d’autonomisation des jeunes et aussi au conseil consultatif national du Kenya de la Fondation de la faune africaine.