Dans le cadre de « The African Film Heritage Project » (AFHP), un partenariat entre la fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI); « The Film Foundation », créée par le célèbre réalisateur américain en 1990; Cineteca di Bologna et l’Unesco, quatre films africains restaurés par The Film Foundation seront diffusés dans le cadre du 50e anniversaire du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougo (Fespaco) qui se tient depuis le 23 février jusqu’au 2 mars.
Il s’agit des films «Soleil Ô» de Med Hondo (Mauritanie), sorti en 1970 ; «Chronique des années de braise» de Mohammed Lakhdar-Hamima (Algérie), sorti en 1975 et palme d’or au festival de Cannes la même année ; «La Femme au couteau» de Timité Bassori (Côte d’ivoire), sorti en 1969 et Muna Moto de Jean-Pierre Dikongue-Pipa (Cameroun), sorti en 1975.
L’AFHP présentera également sept films africains précédemment restaurés par le World Cinema Project, un programme de The Film Foundation, organisation qui a pour mission de récupérer, restaurer, conserver, préserver et traiter les œuvres cinématographiques américaines et d’ailleurs.
Il s’agit notamment des œuvres des réalisateurs tels que Ousmane Sembene (Sénégal), Djibril Diop Mambety (Tchad), Shadi Abdel Salam (Égypte) et Ahmed El Maanouni (Maroc). «Je ne peux pas vous dire à quel point je suis vraiment inspiré et impressionné par les films africains : « Yeelen », « Touki Bouki », « Trances », « La Noire De … », « Al Momia », « Bamako ». Je reviens sans cesse sur ces images et l’expérience est chaque fois plus riche. Mon appréciation ne cesse de grandir pour le talent, le pouvoir et la sagesse du cinéma africain. Un grand merci au FESPACO pour son travail vraiment incroyable », a déclaré Martin Scorsese dans un communiqué.
Restaurer 50 films africains
The African Film Heritage Project a été lancé le 7 juin 2017, après la signature entre The Film Foudation de Martin Scorsese, la fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) et l’UNESCO.Dans le cadre de ce projet de restauration, 50 films ont été initialement identifiés par un comité consultatif mis sur pied par la FEPACI.
Le réalisateur américain, Icône d’Hollywood, a déclaré dans une interview que sa relation avec le cinéma africain a commencé avec le film « Mandabi » (Le Mandat) d’Ousmane Sembene, considéré comme l’un des pionniers du cinéma africain. Peu de temps après, il a suivi « Black Girl » (La Noire de…), également de Sembene Ousmane, diffusé pour la première fois à New York à la fin des années 1960, trois ans après sa sortie au Sénégal.
« Cela a eu un impact incroyable sur moi et sur tous les autres qui l’ont vu. C’était tellement obsédant et très silencieusement féroce, et cela m’a ouvert les yeux sur une réalité que je ne lisais que dans le journal ou que je voyais dépeinte en termes bénins dans des images hollywoodiennes: ce que c’est que de vivre dans une société coloniale quand vous êtes celui dont le pays a été colonisé. C’était une expérience puissante. Depuis lors, mon amour et mon admiration pour le cinéma africain n’ont cessé de grandir. Les films de Youssef Chahine, Shadi Abdel-Salam, Djbril Diop Mambety, Ababakar Samb Makhamram, Med Hondo, Souleymane Cissé et Idrissa Ouédraogo sont une source d’inspiration pour moi, en particulier Yeelen et Al Momia, que j’ai regardé à plusieurs reprises au fil des ans », a déclaré Martin Scorsese.
Urgence de la situation
Ce dernier a fait savoir que The African Film Heritage Project est une initiative qui a débuté avec The World Cinema Project (un programme de la Film Foundation), dont l’’un des principaux objectifs est de donner au public la possibilité de découvrir une grande variété de cinémas et de langues du monde entier. « Les meilleures archives des films africains ne se trouvent presque jamais en Afrique car dispersés dans toute l’Europe et souvent difficiles à localiser. En 1995, lors d’une conférence à l’UNESCO à Paris, Sembene déclara qu’il ne savait absolument pas où se trouvaient certains de ses films: il n’avait accès ni aux éléments positifs ni à la projection de copies, et il ne savait absolument pas où étaient les négatifs originaux. ou même s’ils existaient toujours. Malheureusement, cela est vrai pour des centaines de films à travers l’histoire du cinéma africain et pour des milliers de films dans le monde entier.Nous avons donc créé l’AFHP lorsque FEPACI a attiré notre attention sur l’urgence de la situation et l’UNESCO a offert son soutien »,a déclaré Matin Scorsese.
Ce dernier s’était rendu au Mali en 2007, sur invitation notamment de du réalisateur Souleymane Cissé, président de l’Union des Créateurs et Entrepreneurs du Cinéma et de l’Audiovisuel de l’Afrique de l’Ouest (l’UCECAO) . Cette organisation avait souhaité travailler avec Martin Scorsese à travers « The Film Foundation » dans le cadre de la restauration et la conservation des films africains.