Mercy Asiedu,conceptrice du Callascope,dispositif de détection du cancer du col de l’utérus

Actualités Technologies

Originaire du Ghana,où elle a grandi et effectué ses études secondaires, Mercy Nyamewaa Asiedu utilise la technologie pour combler les disparités dans les soins de santé dans le monde, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Elle a inventé le Callascope, un appareil de diagnostic du cancer du col de l’utérus et elle a aussi conçu un algorithme pour smartphone afin de classer les images du col de l’utérus prises par le Callascope.

Mercy Asiedu a obtenu son doctorat en ingénierie biomédicale, santé mondiale, à l’université Duke (USA), en septembre 2019. Elle est actuellement boursière postdoctoral Schmidt Science au Massachusetts Institute of Technology (MIT) au laboratoire d’informatique et d’intelligence artificielle (CSAIL), du Dr Regina Barzilay, Mercy Asiedu travaille à l’utilisation de réseaux de neurones convolutifs profonds pour améliorer l’évaluation des risques médicaux pour le cancer du sein à l’aide de mammographies.

Avant Duke, Mercy Asiedu a obtenu un Bachelor en génie biomédical avec une mineure en affaires de l’université de Rochester à New-York. Elle a effectué ces études grâce à Zawadi Africa Education Fund, une bourse d’études en faveur des femmes africaines. Elle a effectué ses études secondaires au Holy Child Senior High School au Ghana.

Elle espérait devenir médecin gynécologue-obstétrique pour aider à réduire les disparités de santé des femmes. Mais, pendant ses études, elle s’est passionnée pour le génie biomédical, ce qui l’a finalement amenée à effectuer un doctorat dans ce domaine, parallèlement à un certificat en santé mondiale à l’Université Duke.

Détection précoce du cancer du col de l’utérus

À Duke, elle a mené des recherches au Center for Global Women Health Health Technologies, sous la supervision du Dr Nimmi Ramanujam. En menant des recherches pour son doctorat, Mercy Asiedu a constaté le manque d’outils pour détecter le cancer du col de l’utérus, en particulier dans les zones à faibles ressources à la fois dans le monde et aux États-Unis. Le cancer du col utérin est hautement évitable si la maladie pré-invasive est détectée à ses débuts. Mais, Mercy Asiedu a constaté que de nombreuses femmes dans les régions médicalement mal desservies meurent de la maladie en raison du manque de techniques de dépistage efficaces. Afin de résoudre ce problème, elle a reconnu le besoin d’un dépistage abordable et accessible pour les femmes à travers le monde.

Ainsi, dans le cadre de sa thèse, Mercy Asiedu a aidé à concevoir et à prototyper le Pocket Colposcope, un outil compact en forme de tampon et offrant les performances d’un colposcope haut de gamme. Il peut permettre aux travailleurs de la santé dans les régions à ressources limitées de dépister et de diagnostiquer le cancer du col de l’utérus sans équipement d’imagerie coûteux. Mercy Asiedu a également développé le Callascope, une version plus petite du Pocket Colposcope, qui supprime le besoin d’un spéculum et permet l’auto-dépistage, éliminant une partie inconfortable et parfois douloureuse de l’examen cervical. Le Callascope, nouveau dispositif d’imagerie, permet d’améliorer le dépistage du cancer du col de l’utérus, d’accroître l’accessibilité au dépistage et à la détection précoces pour le traitement des pré-cancers du col de l’utérus. Elle a également développé des algorithmes de traitement d’images et d’apprentissage automatique pour l’évaluation automatisée des images obtenues par le Callascope.

La majorité des décès liés au cancer du col utérin surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire en raison du manque de technologie de dépistage abordable. C’est ainsi que Mercy Asiedu a inventé le Callascope, un appareil de haute qualité, bon marché et sans spéculum pour le dépistage et la prévention du cancer du col utérin. Le dispositif peut être facilement inséré dans le vagin, comme un tampon, par un médecin ou pour l’auto-imagerie / dépistage. Il est équipé d’une source lumineuse et d’une caméra de qualité grand public pour prendre des images du col de l’intérieur du corps. Le Callascope offre une option rentable pour le dépistage du cancer du col de l’utérus dans des environnements à faibles ressources avec des technologies disponibles limitées. Il peut être connecté à un téléphone mobile, une tablette ou un ordinateur et est couplé à un algorithme qui utilise l’apprentissage automatique pour classer les images du col de l’utérus comme normales ou précancéreuses. Cette technologie,explique-t-on, rend ainsi accessible le dépistage des examens cliniques à forte intensité.

Elle a testé cet appareil au Duke Medical Center et dans les hôpitaux du Ghana, obtenant des résultats très positifs de la majorité des femmes qui l’ont utilisé.

Mercy Asiedu a reçu le prix Lemelson-MIT Graduate Student Prize 2019, un prix prestigieux, doté de 15 000 Usd qui reconnaît les jeunes inventeurs qui se sont consacrés à la résolution de problèmes mondiaux. Elle avait été sélectionnée parmi près de 120 candidats. Elle a ainsi reçu le «Cure it!» prix, qui récompense les étudiants travaillant sur des inventions de soins de santé technologiques. Elle a aussi reçu plusieurs autres prix.

Par ailleurs, en plus d’avoir inventé ce dispositif, elle a travaillé avec des cliniciens aux États-Unis, au Pérou et au Ghana pour concevoir et mettre en œuvre des études de faisabilité clinique.

Permettre un dépistage à grande échelle

Mercy Asiedu a également développé des algorithmes d’apprentissage automatique pour l’évaluation automatisée des images de dépistage des risques du col utérin, qui offrent une précision diagnostique améliorée par rapport à l’interprétation d’un médecin expert. À long terme, explique-t-on, cette technologie a le potentiel de permettre un dépistage à grande échelle du cancer du col de l’utérus au niveau des soins primaires, en particulier dans les milieux à ressources limitées où la mortalité par cancer du col de l’utérus est la plus élevée.

Recherches postdoctorales

En 2019, Mercy Asiedu a été sélectionnée pour rejoindre la promotion 2019 des Schmidt Science Fellows, une initiative en partenariat avec le Rhodes Trust qui se concentre sur le leadership scientifique et la recherche interdisciplinaire pour fournir à la prochaine génération de leaders et d’innovateurs les outils et les opportunités pour s’attaquer aux plus grands problèmes du monde et maximiser les opportunités scientifiques pour la société. Le programme, auquel Mercy Asiedu participe actuellement au MIT, soutient les boursiers avec une allocation personnelle de 100 000 $, du mentorat et des événements communautaires au cours de leur recherche postdoctorale d’un an.

Pour son travail de recherche postdoctorale, Mercy Asiedu, mène ses recherches postdoctorales sur le développement d’algorithmes d’apprentissage automatique pour de meilleurs diagnostics médicaux. Elle travaille avec le Dr Regina Barzilay au MIT pour mieux comprendre les nouvelles techniques d’apprentissage automatique, en particulier celles du traitement du langage naturel et de la vision par ordinateur. Elle apprend aussi comment les appliquer au diagnostic précoce et aux prévisions de résultats des cancers féminins.

«L’application de méthodes d’apprentissage automatique à l’échographie a le potentiel d’améliorer la qualité de l’imagerie par ultrasons pour une meilleure détection des lésions et une précision accrue dans l’interprétation des images, prédisant la régression ou la récidive du cancer, ce qui peut conduire à de meilleurs résultats et à une survie accrue. Les applications à des échographes portables à faible coût rendraient le dépistage et le diagnostic du cancer accessibles à l’échelle mondiale», a expliqué Mercy Asiedu,cité par l’université Duke.

Au cours de ses études à l’unversité Duke, Mercy Asiedu a siégé au conseil d’administration de la National Society of Black Engineers, où elle a particier à organiser des réunions et des conférences. Elle a également fondé Ma’Frisah, un groupe sur le campus qui met en valeur les cultures africaines à travers la danse. En tant qu’étudiante diplômée à Duke, Mercy Asiedu a fondé et est devenue présidente de la Duke African Graduate and Professional Students Association, où elle a contribué à favoriser la sensibilisation culturelle et sociale, planifié des événements de mentorat pour les étudiants de premier cycle et piloté une conférence pour mettre en évidence les projets des étudiants en Afrique.

Mercy Asiedu a également été mentor pour d’autres étudiants africains. Elle a aussi enseigné les STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) à des filles des écoles élémentaires de Caroline du Nord et a encadré des étudiants de premier cycle dans le laboratoire du Center for Global Women’s Health Technologies à Duke University.

Patrick Ndungidi
Journaliste et Storyteller
https://africanshapers.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *