Le président du Fonds international de développement agricole (FIDA), l’économiste espagnol Alvaro Lario, a annoncé, le lundi 31 juillet, la nomination de la rwandaise Gerardine Mukeshimana au poste de vice-présidente du FIDA. Elle entrera en fonction le 28 août prochain.
Le Fonds international de développement agricole (FIDA) est une institution financière internationale et un organisme spécialisé des Nations Unies dont la mission est de soutenir le développement agricole et rural dans les pays en développement. Le siège du FIDA est à Rome, le centre névralgique des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Depuis 1978, le FIDA octroyé 23,2 milliards d’USD sous la forme de prêts à faible taux d’intérêt et de dons.
Avant sa nomination, Gerardine Mukeshimana était, depuis juillet 2014, ministre de l’agriculture et des ressources animales du Rwanda, responsable de la supervision de toutes les activités liées à l’agriculture et à l’élevage dans le pays. Elle était également en charge de la formulation des nouvelles politiques, de la supervision de la mise en œuvre des politiques existantes, de la collaboration avec les autres ministères et partenaires du développement sur les questions transversales relatives au secteur agricole, en particulier l’utilisation et la gestion des terres, les échanges, le commerce, l’infrastructure, l’égalité des sexes et l’emploi des jeunes.
Chercheuse en phytologie
Titulaire d’un doctorat et d’un Master en sélection végétale, génétique et biotechnologie de l’université d’Etat du Michigan ainsi que d’un diplôme d’ingénieur agricole, obtenu à l’université nationale du Rwanda, Gerardine Mukeshimana a occupé différents postes dans les secteurs de l’éducation, de l’agriculture et du développement rural au Rwanda et a mené des recherches en Afrique, en Amérique du Sud et aux États-Unis.
Avant d’être nommée ministre, Gerardine Mukeshimana était chercheuse en phytologie travaillant au centre Biosciences Afrique orientale et centrale/Institut international de recherche sur l’élevage (BecA-ILRI) à Nairobi, au Kenya. Elle était spécialisée dans l’utilisation de la virologie moléculaire, de la transformation des plantes, de la génomique et des outils bio-informatiques pour développer des stratégies de contrôle de la propagation des maladies virales transmises par les pucerons dans le haricot commun. A ce sujet, elle a reçu une bourse du Norman Borlaug Leadership Enhancement in Agriculture Program (Borlaug LEAP) pour ses contributions essentielles à la sélection du haricot commun. En effet, grâce à son travail acharné d’identification des éléments clés du patrimoine génétique du haricot et de développement d’une méthode rentable de criblage de ces éléments, le haricot est devenu plus résistant aux maladies et à la sécheresse.
Ce travail sur le haricot commun a été réalisé dans le cadre de son doctorat à l’université d’Etat du Michigan, où ses recherches se sont concentrées sur la génétique du haricot commun, Phaseolus vulgaris, afin d’identifier les gènes et les caractéristiques de tolérance à la sécheresse. Le haricot commun est une culture importante pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Rwanda, où la consommation de haricots par habitant est la plus élevée au monde. La bourse Norman E. Borlaug Leadership Enhancement in Agriculture Program (LEAP) de l’USAID lui a permis de passer trois mois au Centre international d’agriculture tropicale (CIAT-Colombie), un centre du CGIAR, où elle a bénéficié d’une formation et d’un encadrement dans le domaine de la recherche. En plus de s’attaquer à d’importants obstacles à la productivité des haricots au Rwanda, Gerardine Mukeshimana a acquis des connaissances et des compétences en génétique moléculaire.
En 2012, le Conseil pour le développement international de l’alimentation et de l’agriculture (BIFAD) a reconnu les réalisations de Gerardine Mukeshimana en lui décernant le prestigieux prix BIFAD 2012 pour l’excellence scientifique dans le cadre d’un CRSP de l’USAID. Cette reconnaissance est basée sur ses contributions au programme de sélection des haricots du Rwanda, notamment l’identification des gènes de tolérance à la sécheresse et le développement d’une méthode rapide et rentable de dépistage des mécanismes de tolérance à la sécheresse.
Gerardine Mukeshimana a rédigé deux articles scientifiques sur la tolérance à la sécheresse chez le haricot commun, notamment « Quantitative Trait Loci Associated with Drought Tolerance in Common Bean » dans Crop Science et « Identification of Shoot Traits Related to Drought Tolerance in Common Bean Seedlings » dans le Journal of the American Society of Horticulture Science.
Gerardine Mukeshimana a également contribué, de manière significative, au renforcement des capacités et à la mobilisation des ressources afin de mieux soutenir les systèmes nationaux de recherche agricole en Afrique. Bien avant, Gerardine Mukeshimana a travaillé au ministère de l’agriculture et des ressources animales du Rwanda, et a été chargée de cours à la faculté d’agriculture de l’université nationale du Rwanda.