Prix Sakharov 2019 : «The Restorers», 5 adolescentes kényanes,parmi les finalistes

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Doté d’un montant de 50.000 euros, le prix sera décerné en décembre 2019 par le Parlement européen.

Créé en 1988, le « prix Sakharov pour la liberté de l’esprit » est décerné chaque année par le parlement européen à des personnes qui ont apporté une contribution exceptionnelle à la lutte pour les droits de l’homme dans le monde, et attire l’attention sur les violations des droits de l’homme tout en apportant un soutien aux lauréats ainsi qu’aux causes pour lesquelles ils se battent.

Les finalistes de cette année sont Marielle Franco, qui était une responsable politique féministe et défenseure des droits de l’homme brésilienne ; le chef Raoni et Claudelice Silva dos Santos, respectivement, dirigeant autochtone brésilien et défenseur de l’environnement et défenseure de l’environnement et des droits de l’homme originaire de l’État de Pará (Brésil) ; Ilham Tohti ; professeur d’économie ainsi que défenseur réputé des droits de l’homme et des droits de la minorité ouïghoure de Chine ; et «The Restorers», un groupe d’adolescentes kényanes qui lutte contre les mutilations sexuelles féminines au moyen d’une application dénommée «i-Cut».

Âgées de 15 à 17 ans, les lycéennes Stacy Owino, Cynthia Otieno, Purity Achieng, Mascrine Atieno et Ivy Akinyi se font appeler «The Restorers» (les restauratrices), car elles entendent redonner de l’espoir aux filles qui n’en ont plus.

Avec le président kényan Uhuru Kenyatta

L’application i-Cut permet aux jeunes femmes de chercher une assistance médicale et juridique, avant ou après avoir subi de force des mutilations. Son interface comporte cinq boutons proposant les options suivantes: «assistance», «secours», «signalement», «informations sur les MSF» et «donations et retours d’information». Les trois premières options permettent aux jeunes filles de chercher une assistance immédiate, de trouver un centre de secours ou de signaler les faits aux autorités dans les pays où une telle pratique est illégale. En 2017, i-Cut a figuré parmi les finalistes du concours Technovation Challenge, qui vise à renforcer le rôle des femmes dans le secteur des technologies.

Élèves à l’école supérieure de Kisumu (troisième ville du pays, au bord du lac Victoria), les 5 lycéennes ont été nominées pour le prix Sakharov à l’initiative de la députée européenne Assita Kanko, originaire du Burkina Faso et membre de groupe des Conservateurs et réformistes européens, un groupe politique au sein du parlement européen.

Victime d’excision elle-même dans sa jeunesse au Burkina Faso, Assita Kanko a déclaré: «ces filles ont fait preuve de beaucoup de courage pour développer cette application. Outre l’aide qu’elle peut apporter, elle attire encore plus l’attention sur la pratique macabre des mutilations génitales féminines. C’est un grand honneur pour elles et j’espère que l’application sera utilisée par les filles et les femmes menacées dans le monde entier. Cette application est un très bon exemple de la manière dont les initiatives locales peuvent aider les filles à prendre leur destin en main, aussi et surtout dans les communautés où cela reste loin d’être évident aujourd’hui».

Bien qu’il s’agisse d’une pratique reconnue comme une violation des droits de l’homme au niveau international, une femme et une fille kényanes sur quatre ont subi ou subiront une mutilation génitale, ce qui implique l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes, même si une telle coutume est illégale dans le pays d’Afrique orientale.

Pour sa part, le parlement européen indique que plus de 200 millions de filles et de femmes actuellement en vie (dont 500 000 en Europe) ont subi des mutilations sexuelles féminines, un terme qui englobe toutes les procédures ayant trait à l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes féminins ou toute autre lésion causée à ces organes pour des raisons non médicales au sens de la définition de l’Organisation mondiale de la santé. Chaque année, plus de 3 millions de filles dans le monde risquent de subir des mutilations sexuelles, soit sept filles par minute, et ce, souvent avant l’âge de 15 ans.

Patrick Ndungidi
Journaliste et Storyteller
https://africanshapers.com

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