Originaire du Cameroun, spécialiste de l’histoire coloniale et postcoloniale, première femme noire professeure d’histoire au Royaume-Uni, Olivette Otele, dont la nomination a été annoncée ce mercredi 30 octobre, est chargée d’expliquer l’implication de la ville de Bristol dans le commerce transatlantique des esclaves. Elle prendra ses nouvelles fonctions à compter du 1er janvier 2020 et sera basée au département d’histoire de l’université et au Centre for Black Humanities.
Dans ses nouvelles fonctions, indique un communiqué de l’université, la professeure Otele travaillera avec le personnel, les étudiants et les communautés de la ville de Bristol pour aider l’université à mieux comprendre son passé et à utiliser ces connaissances pour façonner son avenir.
Les recherches d’Olivette Otele portent sur les divers héritages du passé colonial, la compréhension des traumatismes, le rétablissement et la cohésion sociale, mais également sur l’amnésie et la réticence à aborder divers aspects de l’héritage colonial. Elle travaille sur ces questions complexes et sensibles depuis près de deux décennies.
L’une de ses premières tâches en tant que professeur d’histoire de l’esclavage consistera à entreprendre un projet de recherche d’une durée de deux ans sur l’implication de l’université de Bristol et de la ville dans le commerce transatlantique des esclaves.
Première femme noire professeure d’histoire au Royaume-Uni
Titulaire d’un doctorat en histoire de l’université La Sorbonne, en France, obtenu en 2005, Olivette Otele est devenue, en 2018, la première femme noire professeure d’histoire au Royaume-Uni. Elle avait été nommée, le lundi 22 octobre 2018, professeure par l’université britannique Bath Spa qui lui avait confié la présidence d’une chaire d’histoire. Ses recherches portent sur l’histoire transnationale et en particulier sur le lien entre l’histoire, la mémoire collective et la géopolitique en relation avec le passé colonial britannique et français. Elle est actuellement professeure d’histoire à l’université Bath Spa.
Son domaine de spécialisation en doctorat était l’histoire coloniale et post-coloniale européenne. Elle a notamment examiné des questions liées à la traite négrière transatlantique, aux sociétés esclavagistes, aux identités et aux sociétés postcoloniales du monde atlantique. Ses formations de BA et de MA ont été ancrées dans la littérature et l’histoire britanniques et américaines.
Elle présente et analyse la manière dont la Grande-Bretagne et la France ont abordé les questions de citoyenneté, de race et d’identité à travers la politique de la mémoire. Elle s’interroge également sur la valeur des gestes publics, la signification de l’histoire publique et l’impact de la mémoire culturelle. Plus largement, elle travaille sur l’histoire des personnes d’ascendance africaine, leur identité, leur race et la cohésion sociale en Grande-Bretagne et en France. Elle est auteure de plusieurs articles et publications. Sa plus grande influence : l’historien congolais Elikia M’Bokolo.
Olivette Otele parle le français, l’anglais, un peu d’allemand et trois langues camerounaises : Ewondo, Eton et Bulu.
Le professeur Otele a déclaré: «Je suis très impatient de commencer à travailler à l’Université de Bristol au début de l’année prochaine. J’espère rassembler des habitants de Bristol de toutes les communautés, ainsi que des universitaires, des artistes et des éducateurs prêts à contribuer à une société plus forte et plus juste. Je veux que les étudiants me voient comme un facilitateur d’un dialogue qui doit avoir lieu et qui concerne le rôle de l’université de Bristol dans la traite transatlantique des esclaves. Je souhaite produire une recherche exhaustive et rigoureuse qui sera pertinente pour l’université, pour la ville et qui marquera la manière dont la Grande-Bretagne examine, reconnaît et enseigne l’histoire de l’esclavage.»
La professeure Judith Squires, vice-chancelière de l’université de Bristol, a ajouté: «Nous sommes fiers de nommer une personne de l’expérience du professeur Otele qui se chargera de diriger cette question importante pour nous. En tant qu’institution fondée en 1909, nous ne sommes pas directement bénéficiaires de la traite négrière, mais nous reconnaissons pleinement que nous avons indirectement bénéficié d’un soutien financier grâce au soutien philanthropique de familles qui avaient gagné de l’argent auprès d’entreprises impliquées dans la traite transatlantique. Ce nouveau rôle nous offre une occasion unique et importante d’interroger notre histoire, en collaborant avec le personnel, les étudiants et les communautés locales pour explorer les liens historiques de l’université avec l’esclavage et pour débattre de la meilleure manière de réagir à notre passé pour façonner notre avenir. en tant que communauté universitaire inclusive. »
Selon le journal britannique « The Guardian », la participation officielle de la ville de Bristol à la traite transatlantique des esclaves a débuté en 1698, mais les experts affirment que les navires de Bristol ont fait l’échange illégal d’esclaves bien avant. Les marchands de Bristol ont financé plus de 2 000 voyages d’esclavage entre 1698 et 1807, avec des navires transportant plus de 500 000 personnes d’Afrique vers le travail forcé dans les Amériques.