Elle est la fondatrice et CEO du groupe pétrolier et gazier UBI group , créée en 2006 et qui est la première société pétrolière autochtone au Ghana et dans la sous-région ouest-africaine, opérant sur toute la chaîne de valeur des opérations pétrolières en aval, chaque secteur d’activité ayant un cycle de croissance différent : commerce, stockage en vrac, parcs de stockage, navires de transport et stations-service de carburants disséminés à travers le pays.
A la tête d’un groupe de plusieurs millions de dollars qu’elle a patiemment bâti depuis 12 ans, elle est l’une des rares femmes en Afrique à avoir créé et à diriger une entreprise énergétique.
La ferme solaire, dénommée « Blue Power Energy » et située dans la partie nord du Ghana,devrait entrer en activité en mars 2019, avec une capacité de production de 100 mégawatts .«La plupart des multinationales qui viennent au Ghana n’investissent pas dans des infrastructures. Ils exploitent un système dans lequel ils investissent très peu et le suppriment. Ils vendent leurs produits et partent. J’espère créer des emplois et renforcer l’économie du Ghana », a-t-elle déclaré à Forbes.
L’expérience américaine
Née à Accra, où elle a également grandi et effectué ses études secondaires, Salma Okonkwo est allée étudier à Los Angeles (USA), après avoir obtenu son diplôme dans un internat réservé aux filles. A Los Angeles, elle a intégré l’université Loyola Marymount, où elle a obtenu son diplôme en 1994 et a brièvement travaillé en Californie pour une société de courtage en produits alimentaires. Ensuite, elle est rentrée à Accra en 2003, quand la société pétrolière et gazière Sahara Energy Group l’a recrutée. En évoluant au sein de Sahara Group, Salma Okonkwo a compris que l’entreprise pourrait se développer en ouvrant des stations-service. Elle a présenté l’idée plusieurs fois à ses supérieurs, mais, à chaque fois, ses propositions n’ont pas été acceptées.
Naissance d’une entrepreneure
En 2006 et à l’âge de 36 ans, elle a décidé de mettre elle-même cette idée en pratique, en quittant Sahara Energy Group et en créant sa propre société UBI. Elle a d’abord commencé par fournir du gaz de pétrole liquéfié dans les régions isolées du nord du Ghana, région d’origine de son père et où de nombreuses familles dépendent encore du bois de chauffage pour produire de l’énergie. Cependant, elle a rencontré un obstacle qu’elle n’avait pas initialement pris en compte: la quasi absence d’installations de stockage de gaz liquéfié dans le Nord du Ghana. Cela signifiait qu’elle devait construire elle-même les infrastructures de stockage, alors qu’elle rencontrait des difficultés financières. Salma Okonkwo a ainsi changé son fusil d’épaule, en commençant à vendre du diesel et du pétrole en gros. En 2007, elle a obtenu un contrat de fourniture de carburant à Kosmos Energy, une entreprise basée à Dallas, et un contrat ultérieur avec Hess en 2008. Au tout début, elle a financé l’opération en hypothéquant certaines propriétés dont sa famille et son mari avaient hérité.
Ouverture de la première station-service
En 2008, sa société, UBI, a ouvert sa première station-service. Elle en possède actuellement huit et en gère 20 autres par le biais de partenariats. Le développement de UBI a attiré l’attention de la multinationale Puma Energy, basée à Singapour et qui a réalisé en 2017 un chiffre d’affaires de 15 milliards de dollars US dans 49 pays. En 2013, Puma Energy a ainsi acquis une participation de 49% dans deux filiales du groupe UBI (stations-service et distribution de carburant en gros) pour un montant d’environ 150 millions de dollars, UBI distribution devenant, Puma Energy distribution Ghana.
C’est à la suite de cette acquisition partielle que Salma Okonkwo a commencé à développer « Blue Power Energy », une société de services énergétiques spécialisée dans les énergies renouvelables et axée sur la croissance économique du Ghana et de l’Afrique subsaharienne en fournissant de l’électricité et en développant une ferme solaire photovoltaïque à grande échelle pour alimenter plus de 60% de la superficie du Ghana. Le projet est doté d’un financement de 100 millions de dollars ( avec des prêts d’environ 30 millions de dollars) pour une production de 100 mégawatts d’énergie solaire. La centrale, dont la construction déjà débuté, devrait être opérationnelle en mars 2019, avec comme autre objectif de produire 100 mégawatts supplémentaires d’ici la fin de 2020.
Un projet personnel
« Blue power energy » est également un projet personnel pour Salma Okonkwo, car la moitié de la ferme solaire sera située dans le village de son père dans le nord du Ghana. Le reste sera réparti dans le nord, qui est la région la plus pauvre du Ghana, selon l’Unicef et où il existe peu de possibilités d’emploi en dehors de l’agriculture, poussant la plupart des femmes à émigrer à Accra à la recherche d’un emploi.
Mais beaucoup ne trouvent que des emplois précaires aubmarché et sont surnommées «Kayaye». Leur travail consiste à transporter des marchandises pour les clients. Certaines de ces femmes vivent dans des bidonvilles et subissent régulièrement des actes de harcèlement, de vol et même de viol.
Salma Okonkwo souhaite ainsi créer une meilleure alternative pour certaines de ces femmes, via Blue Power Energy, dont le lancement des travaux a déjà créé des centaines d’emplois dans le nord du Ghana et 650 emplois supplémentaires seront créés au final.
L’objectif ultime de Salma Okonkwo est d’apporter de l’énergie bon marché dans le nord du Ghana par l’intermédiaire de la ferme solaire et inciter ainsi les entreprises à créer des emplois durables dans cette partie du pays. Entre-temps, elle a créé une école à Accra pour les enfants nés de femmes Kayaye, où ils peuvent s’instruire et effecteur un autre travail.