Actuellement étudiante en Master of Global Affairs, avec une spécialisation en études internationales de la paix à la Keough School of Global Affairs, l’ougandaise est l’une des deux récipiendaires du prix Ginetta Sagan 2019 d’Amnesty International États-Unis. L’autre lauréate est Malika Abubakarova, avocate de Tchétchénie (Russie), qui a fondé une ONG spécialisée dans la protection juridique des femmes et des enfants.
Le prix Ginetta Sagan a été nommé en l’honneur de Ginetta Sagan, ancienne présidente honoraire du conseil d’administration d’Amnesty International USA et militante des droits humains. Ce prix reconnaît les femmes qui œuvrent pour protéger la liberté et la vie des femmes et des enfants dans les régions où les violations des droits humains sont généralisées. Les bénéficiaires reçoivent 20 000 $ pour soutenir leur travail en cours.
Victoria Nyanjura a été honorée pour son travail avec les femmes et les enfants à Gulu, en Ouganda. Elle est la fondatrice de Women in Action for Women (WAW), une organisation qui améliore la vie des femmes et des jeunes grâce à une formation professionnelle et commerciale et à des conseils pour accéder aux services communautaires et gouvernementaux.
« Votre plaidoyer courageux pour les femmes et les enfants déplacés par la guerre civile en Ouganda, et votre travail avec WAW pour aider les femmes vulnérables à acquérir des compétences professionnelles et d’apprentissage dans les zones rurales du nord de l’Ouganda illustre ce que représente le prix Ginetta Sagan. Nous espérons que recevoir ce prix vous permettra de continuer à faire ce travail inspirant», a écrit le comité du Fonds Ginetta Sagan dans son e-mail annonçant le prix à Victoria Nyanjura.
Avocate des droits des femmes
Originaire du district d’Oyam, dans le nord de l’Ouganda,Victoria Nyanjura est elle-même une survivante de violences sexuellesen Ouganda. En 1996, alors âgée de 14 ans, elle a été enlevée au St. Mary’s College à Aboke, en Ouganda, par le groupe paramilitaire de l’Armée de résistance du Seigneur. Elle est restée prisonnière pendant huit ans et a été soumise à la torture et à des traitements inhumains avant de pouvoir s’échapper.
Victoria Nyanjura a rejoint l’organisationn Generations For Peace en juillet 2019 en tant qu’associée de collecte de fonds. Elle est chargée d’identifier et de rechercher de nouveaux partenaires, donateurs et stratégies de collecte de fonds pour alimenter la croissance mondiale de l’organisation, de résumer et de mettre à jour les informations sur ces partenaires potentiels dans des briefings et de recommander de nouvelles stratégies de partenariat.
Victoria Nyanjura a également travaillé, en tant que spécialiste du suivi, à « l’International Justice Mission » à Gulu, en Ouganda, une organisation qui transforme les systèmes judiciaires et protège les veuves de l’accaparement de propriété dans le nord de l’Ouganda. Elle est aussi une ancienne assistante de projet au Département de la justice pour les femmes du projet Justice et réconciliation, une organisation ougandaise qui travaille avec les communautés touchées par la guerre. Elle est membre du Women’s Advocacy Network, un forum où les femmes touchées par la guerre se réunissent pour défendre la justice. Elle a également joué un rôle important dans l’organisation d’une pétition en réparation qui a conduit le Parlement ougandais à adopter à l’unanimité une résolution pour remédier au sort des victimes des conflits dans le nord de l’Ouganda. Elle est également récipiendaire d’une bourse Thomas D. McCloskey pour la paix et du prix Navarre International Peace Prize 2018 pour la solidarité.
Elle détient un baccalauréat en études du développement de l’Université de Kyambogo et un diplôme de troisième cycle en suivi et évaluation de l’Ouganda Management Institute.
Conférencière internationale
Au cours de l’automne 2019, Victoria Nyanjura a passé six mois en stage avec l’organisation à but non lucratif Generations for Peace à Washington, D.C., où elle a pu interagir avec des ONG et des responsables du gouvernement des États-Unis et au-delà. Pendant son stage, elle a partagé son histoire aux Amman Peace Talks en Jordanie et à divers événements à Washington, D.C., y compris un panel sur les traumatismes et la consolidation de la paix co-organisé par Generations for Peace et Alliance for Peacebuilding. Générations for Peace et Victoria Nyanjura sont en train d’élaborer et de mobiliser un soutien en faveur d’un programme d’échange de femmes de 18 mois pour les survivantes de la guerre de cinq pays.
Bien plus, grâce à des relations nouées au cours de son stage, Victoria Nyanjura devrait assister à la 64e session de la Commission de la condition de la femme le 9 mars au siège des Nations Unies à New York. Elle a également été invitée à devenir membre fondateur d’un nouveau réseau mondial de survivants organisé par International Justice Mission. Le réseau est destiné à rassembler les survivantes pour partager leurs histoires et pour aider à développer et à diriger des initiatives institutionnelles pour soutenir les victimes de violence sexiste dans les communautés locales du monde entier. La première réunion du Réseau aura lieu en juillet en Jordanie, dans l’espoir d’une deuxième réunion annuelle en Ouganda en 2021.
Après avoir l’obtention de son diplôme qui interviendra en mai prochain, Victoria Nyanjura prévoit de retourner en Ouganda pour continuer son travail avec WAW.