Cinéma : Mati Diop chez Netflix, Ladj Ly avec Amazon

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Dans un communiqué publié le 25 mai, Netflix a annoncé avoir racheté les droits du film «Atlantique» de la franco-sénégalaise Mati Diop. Le film a remporté le grand prix du jury lors du dernier festival de Cannes. Pour sa part, Amazon a acquis les droits américains du film « Les Misérables » du réalisateur franco-malien Ladj ly, qui a remporté le prix du jury au festival de Cannes le 25 mai.

Les droits de distribution du film « Atlantique » rachetés par Netflix ne couvrent pas la Chine, le Benelux, la Suisse, la Russie et la France. « Atlantique », une production sénégalo-franco-belge, relate l’histoire de jeunes ouvriers du chantier d’une tour futuriste dans une banlieue de Dakar. Sans salaire depuis des mois, ils décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur. Parmi eux se trouve Souleiman, l’amant d’Ada, promise à un autre. Quelques jours après le départ de ces jeunes , un incendie dévaste la fête de mariage d’Ada et de mystérieuses fièvres s’emparent des filles du quartier. Entre-temps, Ada ne se doute pas que Souleiman est revenu.

Pour sa part « Les misérables » de Ladj Ly est destiné à être mis en ligne sur la plate-forme Amazon Prime Video. Le film s’inspire des émeutes françaises de 2005 qui avaient duré trois semaines et analyse les tensions entre les habitants du quartier et la police qui ont contribué à enflammer les émeutes. « Les misérables » raconte ainsi l’histoire de Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, et qui intègre la brigade anti-criminalité de Montfermeil, dans le 93, en banlieue parisienne . Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada et découvre l’atmosphère tendue entre les différents groupes du quartier. Un jour, un drone le filme avec ses collègues lors d’une interpellation mouvementée.

© Valery HACHE

Première femme noire primée à Cannes

Née à Paris le 22 juin 1982, l’actrice et réalisatrice Mati Diop est la toute première cinéaste originaire d’Afrique subsaharienne à avoir remporté un prix au festival de Cannes.

Elle évolue dans le monde de l’art depuis son enfance grâce à son père musicien, Wasis Diop et à son oncle, le célèbre acteur, scénariste et réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambéty, qui lui a transmis sa passion pour le cinéma.

Formée au Studio national des arts contemporains, une institution artistique française de premier plan très sélective, elle y était chargée de différentes tâches dans les conceptions de vidéo et de bandes sonores pour le théâtre. En parallèle, Mati Diop a réalisé des courts métrages en s’inspirant de ses cinéastes préférés comme John Cassavetes et Apichatpong Weerasethakul. Elle obtient son premier rôle principal en 2008 dans le film « 35 rhums » de Claire Denis.

© CHRISTOPHE SIMON / AFP)

Mati Diop a réalisé quatre courts métrages et un moyen métrage récompensé par le «Prix Martin E. Segal – Artiste émergent» du Lincoln Center ( États-Unis) en 2016. Ses oeuvres « Mille soleils » (2013), qui parle du film Touki Bouki réalisé en 1973 par son oncle ; « Big In Vietnam » (2011) ; « Snow Canon » (2010) et le court métrage « Atlantiques » (2009) ont été sélectionnés et primés dans un grand nombre de festivals internationaux tels que le festival international du film de Venise, le festival international du film de Toronto, le festival international du film de Rotterdam, la Viennale, le festival international du film Indie Lisboa et le FID Marseille.

Une scène du film Atlantique

Ils ont également été programmés au MoMA et au Moving Image Museum (USA). En tant qu’actrice, Mati Diop a joué dans « Hermia Y Helena » du réalisateur Matias Piñeiro (2015), « Fort Buchanan » de Benjamin Crotty (2014), « Simon Killer » de Antonio Campos (2012) et « 35 Shots Of Rhum » de Claire Denis (2008).

Ladj Ly, cinéaste engagé

Né au Mali en 1980, Ladj Ly a grandi dans la cité des Bosquets à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, où il est arrivé à l’âge de 3 ans. Après le collège, il effectue un BEP électrotechnique et enchaîne les petits boulots.

En 1996, fasciné par le film « La Haine » (1995) de Mathieu Kassovitz, il lance le collectif « Kourtrajmé» avec ses amis et réalise des courts-métrages et clips de rap. Ladj Ly réalise aussi rapidement des making-of et filme les violences policières à l’aide de sa caméra.

En 2005, Ladj Ly réalise le documentaire 365 jours à Clichy-Montfermeil, qui aborde le sujet des révoltes urbaines dans les banlieues. En 2007, il réalise le court-métrage « Les Misérables » et obtient une nomination pour le César du meilleur court-métrage. L’année suivante, il réalise « Go Fast Connexion » pour dénoncer le traitement médiatique défavorable des banlieues.

En 2014, Ladj Ly co-réalise, avec Said Belktibiaun, le documentaire« 365 jours au Mali », abordant le conflit au nord du Mali. En 2017, il collabore avec Stéphane de Freitas sur « A voix haute », documentaire autour du concours Eloquentia visant à élire le meilleur orateur du 93. Ce film reçoit deux nominations et le Prix des étudiants au festival de Valenciennes.

En novembre 2018, avec Kourtrajmé, Ladj Ly ouvre une école proposant un accès gratuit aux métiers du cinéma. En 2019, « Les Misérables » est réalisé comme long-métrage et est sélectionné en compétition officielle pour le festival de Cannes, où il a remporté le Prix du jury.

Patrick Ndungidi
Journaliste et Storyteller
https://africanshapers.com

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