Le prix est décerné chaque année par le Multilateral Investment Guarantee Agency (l’Agence Multilatérale de Garantie des Investissements-MIGA),membre du groupe de la Banque mondiale . Selon cette agence, le prix récompense les leaders qui ont fait leurs preuves afin de créer des opportunités pour les femmes et promouvoir leur avancement ou promouvoir l’égalité des genres, tout en contribuant au double objectif du Groupe de la Banque mondiale de réduire la pauvreté et de stimuler la prospérité partagée.
Aïssata Béavogui recevra ce prix le 5 mars prochain lors d’un événement officiel prévu au siège social de la Banque Mondiale à Washington, autour du thème «Les femmes, moteur de la croissance en Afrique» . Ce thème,explique-t-on, a été choisi en l’honneur de la lauréate de 2020, Aïssata S. Béavogui, directrice générale de Guinea Alumina Corporation (GAC). Cette dernière supervise la mise en œuvre et la stratégie de développement durable dans le plus grand investissement greenfield en Guinée, fournissant un exemple de premier plan de la façon dont l’industrie minière devrait fonctionner dans toute la région. Un investissement greenfield est une forme d’IDE qui se produit lorsqu’une société transnationale s’installe dans un pays en voie de développement pour construire de nouvelles usines et/ou magasins. Aïssata Béavogui,indique-t-on, est la première femme à occuper le poste de directrice générale dans une entreprise internationale en Guinée.
Aissata Béavogui a été choisie cette année en raison de son engagement personnel et de son leadership dans la mise en place d’actions positives en faveur des communautés riveraines à la concession minière de GAC. Le MIGA reconnaît particulièrement son engagement dans la promotion des femmes et de l’égalité des sexes, mais aussi le travail qu’elle mène pour l’autonomisation financière des femmes à travers la mise en place d’activités génératrices de revenus et l’accès aux microcrédits.
La directrice générale de GAC, Aïssata Béavogui, indique-t-on, a mené de nombreux projets visant à améliorer, de manière significative, les conditions de vie des personnes affectées par les activités minières de GAC. A cet effet, explique-t-on, elle dirige la mise en œuvre de programmes sociaux permettant d’avoir un impact positif au sein des communautés par le biais d’écoles et de centres de santé, l’amélioration de la productivité animale et de l’agriculture, la formation des jeunes et des adultes.
Aissata Béavogui a été nommé au poste de directrice générale de Guinea Alumina Corporation en 2016. Elle a été confirmée à son poste de directrice générale le jeudi 1er août, par le président du Conseil d’Administration de GAC et assume également, depuis septembre 2019, la fonction de directrice, responsabilité sociale d’entreprise et supervise à ce titre l’ensemble des politiques mises en place par GAC dans le but de respecter les principes du développement durable (social, environnemental et économique).
Guinea Alumina Corporation est une filiale en propriété exclusive de la société Emirates Global Aluminium. L’entreprise développe actuellement une mine de bauxite et ses infrastructures d’exportation, en république de Guinée. La deuxième phase du projet prévoit l’expansion de la mine et le développement d’une raffinerie d’alumine.
Née en Guinée, Aïssata Béavogui a grandi au Sénégal, où elle a effectué toutes ses études pré-universitaires. Elle est diplômée en comptabilité de l’université de Binghamton (État de New York). Elle a débuté sa carrière en octobre 1999, d’abord dans des cabinets spécialisés en audit gouvernemental du système des États-Unis : agences de l’immigration, départements de défense ou encore l’aviation.
En 2001, après l’attentat du 11 septembre, qui a causé beaucoup de changements en matière de sécurité, les personnes ne détenant pas la nationalité américaine n’accédaient plus à des données qui étaient du domaine de l’État américain. Ainsi, Aïssata Béavogui a été transférée chez Deloitte, où elle a évolué pendant six ans comme « Senior auditor », avant de rejoindre les sociétés comme Discovery Communication, Xerox Corporation, où elle a occupé de hauts postes de responsabilités.
En 2007, Aïssata Béavogui est rentrée en Guinée avec l’objectif de contribuer au développement du pays. Mais la situation politique du pays l’a poussée à repartir aux USA, où elle a notamment ouvert sa propre société de consulting, tout en continuant à séjourner entre la Guinée et les USA.
C’est en 2013, qu’elle a décidé de rentrer définitivement en Guinée, où elle travaille d’abord dans un cabinet de la place dénommé Grand Thornton Guinée. En même temps, elle était prestataire de services pour GAC au moment où l’entreprise venait d’être rachetée par Emirates Global Aluminium (« EGA »). Dans ce contexte, GAC, qui voulait effectuer un état des lieux de l’entreprise a sélectionné le cabinet Aïssata Béavogui pour exécuter le contrat.
A la suite de son expertise et au regard de la qualité du travail réalisé, EGA a recruté Aïssata Béavogui pour occuper le poste de Directrice en charge des questions de conformité et gouvernance, un département nouvellement créé au sein de GAC, suite à la signature de l’amendement à la convention de base qui devait injecter 1,3 milliard de dollars dans la première phase du projet. Pour mettre autant d’argent, l’entreprise souhaitait mettre en place des bases de bonne gouvernance et de transparence.
La première action Aïssata Béavogui a été de mettre en place un premier numéro vert connecté directement à Dubaï pour permettre à tout employé de signaler, de façon anonyme, tout cas de fraude ou un problème de conduite.
Quand Mamady Youla, directeur général de GAC a été nommé au poste de Premier ministre de la Guinée en décembre 2015, Aïssata Béavogui a assumé l’intérim de décembre jusqu’en janvier 2016. En février 2016, le conseil d’administration d’EGA l’a confirmée au poste de directrice générale de manière permanente.